C’est en 1996 que le Prix HSBC pour la photographie (à l’époque nommé le Prix de la Fondation CCF pour la photographie) récompense ses deux premiers photographes lauréats. Pour cette édition inaugurale, c’est Christian Caujolle qui est choisi pour être le conseiller artistique. Les deux premiers lauréats qui vont ouvrir le palmarès de ce Prix sont Eric Prinvault et Henry Ray. Aujourd’hui, nous revenons sur le travail primé d’Eric Prinvault sur les sans-abri, l’occasion pour nous de l’interroger sur cette expérience et sur ce qu’il est devenu depuis.
Dans le cadre de la rétrospective des 20 ans Prix HSBC pour la Photographie, L’Œil de la Photographie vous présente chaque semaine deux épisodes et vous fait ainsi découvrir ce que sont devenus les lauréats qui ont écrit l’histoire de ce Prix.
L’Œil de la Photographie : Le prix HSBC pour la photographie fête ses 20 ans. Il est remis chaque année à deux artistes pour les aider à développer un projet et fait l’objet d’une exposition et d’une monographie, souvent la première. Comment avez-vous vécu cette expérience?
Eric Prinvault : Etre lauréat de la Fondation HSBC pour la photographie a été pour moi une grande joie, bien sûr. Mais, avant tout, une reconnaissance de ma démarche photographique avec la possibilité d’exposer mon travail, de le faire connaître ainsi que de laisser une trace grâce à la publication de ma première monographie C’est où la maison?, publiée aux éditions Actes Sud.
LODLP : Le prix a-t-il eu une influence sur votre création depuis ?
EP : Ce Prix m’a permis de continuer un projet sur la situation des Roms en Europe de l’Est: La route des Roms, et ainsi de pouvoir l’exposer en France, au Japon et en Espagne. Je ne me sens pas artiste mais photographe documentaire privilégiant la réalisation de sujets sociaux et/ou ethnographiques dans la lignée de la photographie humaniste.
LODLP : Outre la publication d’une première monographie, quel impact le Prix a-t-il eu sur votre carrière ? Aujourd’hui encore, quels sont vos rapports avec HSBC ?
EP : Depuis vingt ans, comme tous mes confrères, j’ai vécu de plein fouet la crise du photojournalisme et de la photographie documentaire et la paupérisation de notre métier avec l’arrivée du numérique, l’explosion d’Internet, la chute des commandes dans la presse… Aujourd’hui, j’ai gardé des amis au sein de la Fondation HSBC pour la photographie mais mon métier de photographe est devenu un véritable combat de tous les jours pour survivre et continuer à photographier…
« Les travaux d’Eric Prinvault se penchent avec tendresse (et sans complaisance) sur ceux qui ont dû choisir la rue pour maison et ceux qui ont perdu leur toit. S’il a évité de suivre l’actualité anecdotique des luttes et des mouvements, c’est pour se plonger davantage en profondeur dans le vécu des mal-logés, des expulsés, des migrants en situation précaire. Car au centre de ses préoccupations, il place des individus – ces gens de nationalités diverses et en majorité des Africains –, qu’il photographie pour documenter une crise qui est apparue comme un des “nouveaux problèmes de société”. Il n’est pas indifférent que son approche prenne, contrairement à la majorité des pratiques du photojournalisme contemporain superficiel, le temps comme ennemi. Eric Prinvault passe du temps avec ses sujets, peut rester des semaines avec un groupe avant de réaliser une seule image et, simple courtoisie des relations de confiance et d’échange, offre des tirages-souvenirs à ceux qu’il a fixés sur sa pellicule (…).
Dans une forme non spectaculaire, toujours attaché à la proximité avec ceux qu’il photographie, Eric Prinvault choisit un engagement d’auteur sur le terrain du photojournalisme. »
Christian Caujolle – Conseiller artistique 1996
LIVRE
Monographie Eric Prinvault
C’est où la maison ?
Editions Actes Sud