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20 ans du prix HSBC pour la photographie : Carole Fékété, lauréate 2000

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En 2000, pour le cinquième anniversaire du prix HSBC pour la photographie (à l’époque appelé le prix de la Fondation CCF pour la photographie), c’est Jacqueline d’Amecourt, conservatrice de la Collection du groupe Lhoist qui est nommée conseillère artistique. Après Catherine Gfeller et Yoshiko Murakami, ce sont encore deux lauréates qui remportent cette nouvelle édition : Valérie Belin et Carole Fékété. Aujourd’hui, pour ce nouvel épisode, c’est au tour de Carole Fékété de répondre à nos questions et de nous raconter cette pemière expérience professionnelle.

Dans le cadre de la rétrospective des 20 ans du prix HSBC pour la photographie, L’Œil de la Photographie vous présente chaque semaine 2 épisodes et vous fait ainsi découvrir ce que sont devenus les lauréats qui ont écrit l’histoire de ce prix.

L’Œil de la Photographie : Le prix HSBC pour la photographie fête ses 20 ans. Il est remis chaque année à deux artistes pour les aider à développer un projet et fait l’objet d’une exposition et d’une monographie, souvent la première. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Carole Fékété : J’avais proposé une série de miniatures qui représentaient 15 objets de la cuisine (percolateur, bol mesureur…). Des objets mineurs donc, photographiés en noir et blanc sur un fond neutre et de manière très frontale. Les images, entre 2 et 4 centimètres, étaient tirées dans un format 24 x 18 cm. Chaque image était enveloppée dans une pochette de conservation et du papier de soie, le tout présenté dans une boîte d’archivage.
Si la dimension de ce travail était liée à celle de mon labo photo, c’était aussi une réaction à la généralisation du grand format qui devenait un peu systématique à ce moment-là. L’idée était de réaliser un projet qui existerait de par la réduction de son échelle : les objets réels basculaient ainsi du côté de l’imaginaire enfantin et de la fiction, d’où le titre La dînette. Le rapprochement entre un sujet insignifiant, sa représentation anti-spectaculaire et la délicatesse de la miniature — qui elle, tendait à porter ces objets au-delà de leur usage, oscillait entre le document et la fiction, mettant en jeu la question de l’élaboration du souvenir et donc de l’image en général.

LODLP : Pouvez-vous nous parler du projet qui a été récompensé ? Le prix a-t-il eu une influence sur votre création depuis ?
C. F. : Oui, je n’avais jamais montré mon travail dans les circuits de l’art, et c’était la première fois que je présentais un concours. Ça a été l’occasion de réaliser la série des poissons et des torchons, et de finaliser un grand triptyque à partir d’un Christ de Philippe de Champaigne. Cet ensemble de projets a donné lieu à un texte de Jean-Michel Ribettes, qui a pointé des motifs importants dans mon travail, concernant notamment l’anthropologie des images, la possibilité d’en remonter l’histoire et de pouvoir aussi en faire le récit.
L’occasion de collaborer avec les meilleurs laboratoires et encadreurs permet de s’approcher au plus juste de son travail. La diffusion des lauréats offre une visibilité importante, les images circulent et permettent d’être identifié. Je me suis appuyée sur tout ça pour continuer et bien sûr ça m’a portée.

LODLP : Outre la publication d’une première monographie, quel impact le prix a-t-il eu sur votre carrière ? Aujourd’hui encore quels sont vos rapports avec HSBC ?
C. F. : Ce prix m’a permis de commencer à présenter mon travail sous différentes formes, que ce soit le livre, les expositions, la communication, j’ai rencontré des professionnels et c’est indispensable. Mon travail est entré dans les collections publiques et privées, et j’ai poursuivi mon activité artistique à laquelle je me consacre depuis essentiellement.
J’ai toujours de très bons contacts avec la fondation HSBC, on se tient informés depuis 15 ans. Et quand je peux passer à l’un de leurs événements ça me fait toujours plaisir.

« Carole Fékété ne décrit des éléments du réel que pour élever chacun des objets élus au rang de parangon de la création humaine – avec une ferveur jubilatoire semblable à celle dont les maîtres de la miniature flamande peignirent les menus objets, les textures modestes, les fleurs et les petits animaux pour affirmer, à travers une technique virtuose et subtile, leur incandescente admiration pour la Création divine.
La jeune photographe élève la dignité du torchon au rang d’un archétype pictural acheiropoiète, au rang d’un modèle d’image “non faite de main d’homme” et qui, à l’exemple de l’icône byzantine ou du tableau abstrait, n’a pas d’autre signification que celle qui l’habite au titre d’une présence réelle.
Dans l’œuvre de Carole Fékété, l’objet paraît coller à sa représentation, le référent se donne pour inséparable de l’image, le poisson semble marquer la photo par contact direct (…). “On dirait, insiste Barthes, que la Photographie emporte toujours son référent avec elle, tous deux frappés de la même immobilité amoureuse ou funèbre, au sein même du monde en mouvement (…).”. »
Jean-Michel Ribettes.

LIVRE
Monographie de Carole Fékété
Editions Actes Sud
ISBN : 2-7427-2835-X

21,34 €

www.carolefekete.com
http://prixhsbc.evenium.com

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