Rechercher un article

Le Questionnaire : Thomas Lemut par Carole Schmitz

Preview

Thomas Lemut : Générosité, poésie & contemplation

Thomas Lemut est un artiste à part. Né dune famille de militaires et de forestiers. Cette double lignée et une immersion très jeune dans un univers artistique vont considérablement linfluencer. Selon lui le mouvement est la meilleure façon daborder les cycles de vie. S’il crée aujourdhui des meubles d’exception, sculpte et photographie, son travail, quelqu’il soit est d’une extrême pureté et d’une précision étonnante. Tout est fait pour donner un résultat d’une incroyable cohérence visuelle et d’un équilibre délicat.

Parisien passionné et volubile, personnage emprunt de mystère et de nostalgie, bon vivant. Autodidacte, il a été tour à tour sculpteur, ouvrier, créateur de mode, producteur de films ou encore directeur artistique. Et bien qu’ayant la conviction que le dessin est à la base de tout, il délaissera ses crayons durant un temps laissant l’idée faire son chemin.

Curieux, inventif, quelques fois torturé et surtout perfectionniste, il se nourrit beaucoup de ses profondes inquiétudes, ce qui révèle dans ses oeuvres une sensualité sous-jacente. Dans ses créations, il utilise son cerveau et son cœur mais ne mélange pas les deux, tendant vers un idéal d’épure. L’homme et l’artiste sont animés par un oeil où la poésie rime avec une certaine mélancolie.

Travaillant actuellement sur une exposition qui se tiendra en septembre à la Galerie Mouvements Modernes à Paris, Thomas y laissera entrevoir au fil de son histoire personnelle lidée quil se fait dune modernité, celle des années 1920 aux années 1960 à laquelle il aimerait revenir tout en lappliquant à notre époque contemporaine, nous offrant par la même occasion une plongée dans son monde sensible.

 

Website : thomaslemut.com

Actualité : Exposition « Je me souviens de l’avenir. » du 15 au 24 sept 2022. Galerie Mouvements Modernes (mouvementsmodernes.com)

  

Votre premier déclic photographique ?
Thomas Lemut : De vieux albums de famille… souvenirs, noir et blanc… un autre monde.

Lhomme dimages qui vous inspire ?
Thomas Lemut : Andreï Tarkovski.

Limage que vous auriez aimé faire ?
Thomas Lemut :« L’exécution de Fortino Samano » photographie d’Augustin Casasola 1916.

Celle qui vous a le plus ému ?
Thomas Lemut : Le vieux tirage photo d’un portrait de ma mère jeune… image froissée par mes poches et déchirée… maintenant encadrée à la droite de mon bureau…

Et celle qui vous a mis en colère ?
Thomas Lemut : Celles qui me mettent en colère ?… N’importe quelle image de réseaux sociaux, « repas dans une assiette », « bikini à la plage », « selfie devant un monument », etc…car elle reflète le vide à travers cette fausse quête d’une existence.

Une image clé de votre panthéon personnel ?
Thomas Lemut : La main de mon père et la mienne. Une image de très mauvaise qualité prise sur son lit de mort… juste avant… J’ai fait un tirage sur Canson en jet d’encre et ne fixe pas la photo, je dessine à la main quelques contours sur le tirage jet d’encre… l’idée étant qu’avec le temps et le soleil, la partie photo disparaisse et que seul restera le crayon.

Selon vous quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Thomas Lemut : Les mêmes qualités que pour n’importe quel artiste… seul « l’outil » diffère… La différence ne se fait que très rarement sur la virtuosité d’exécution, la qualité viendrait plutôt d’une certaine révolte intérieure… on est « bon » lorsqu’on laisse celle-ci s’exprimer…

Le secret de limage parfaite, si elle existe ?
Thomas Lemut : Elle n’existe pas… le secret consiste donc à la chercher…

La personne que vous rêveriez de photographier ?
Thomas Lemut : Mon grand-père… qui n’est plus de ce monde depuis 1940 et que je n’ai donc jamais connu…

Un livre photo indispensable ?
Thomas Lemut : Plus qu’un livre, ce serait un DVD « Les Grands Courants de la Photographie » de Stan Neumann (ARTE éditions). Mais aussi, « The Photobook – volume I II et II » de Martin Parr…

Lappareil photo de votre enfance ?
Thomas Lemut : Un vieux Rolleix 35… d’une esthétique magnifique.

Celui que vous utilisez aujourdhui ?
Thomas Lemut : Mon Iphone, un Lumix numérique et un Nikon D7200…
mais aussi « pas d’appareil du tout»… en travaillant sur des archives ou des vieilles images…

Votre drogue favorite ?
Thomas Lemut : L’alcool a été remplacé par le dessin… et puis j’ai toujours eu l’art et la nostalgie…

La meilleure façon de déconnecter pour vous ?
Thomas Lemut : Dessiner…

Votre plus grande qualité ?
Thomas Lemut : Sincèrement, je n’en ai aucune idée car je ne m’évalue pas… jamais…

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Thomas Lemut : Il n’y a malheureusement plus de billets de banque… mais peut être le signe peace&love des hippies…

Le métier que vous nauriez pas aimé faire ?
Thomas Lemut : Je suis artiste (créateur de meubles, photographe, sculpteur…) et je suis serein car je me sens enfin et finalement depuis toutes ces années « à ma place »… mais ça ne fait en aucun cas de moi quelqu’un de « spécial »… pas plus spécial que mon boulanger en tout cas… donc les métiers que je n’aurais pas aimés faire sont ceux où je ne serais pas à ma place… mais on peut être « à sa place » de mille manières différentes… la plus commune étant de fonder une famille…

Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Thomas Lemut : Les quelques mini-affaires que j’ai faites avec les dangereux « gangsters » que j’ai fréquentés…

Quels sont selon vous les ponts entre photographie et design ?
Thomas Lemut : Le lien pourrait être l’art plastique tout simplement… donc le dessin certainement… j’ai toujours pensé et même constaté qu’un photographe qui dessinait avait un certaine vision supplémentaire…

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Thomas Lemut : Les grandes plaines des indiens d’Amérique avant que « l’homme blanc » ne détruise tout… et le Japon, pour sa relation à l’artisanat et à la main…

Lendroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Thomas Lemut : Mon lit…

Votre plus grand regret ?
Thomas Lemut : Les regrets sont stériles à moins qu’ils ne servent à ne pas répéter les mêmes erreurs… alors c’est ce que je tente de faire…

Coté réseaux sociaux, êtes vous plutot Instagram, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Thomas Lemut : Je fais une utilisation minimum des « réseaux sociaux », je ne suis pas « anti », mais je pense que ceux ci devraient être domestiqués car il me semble qu’ils détruisent plus qu’ils ne le devraient.

Couleur ou N&B ?
Thomas Lemut : En tant que daltonien le N&B bien sûr…

Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Thomas Lemut : Lumière authentique…

La ville la plus photogénique selon vous ?
Thomas Lemut : Paris… pas pour des raisons universelles ou simplement esthétiques… mais pour des raisons intimes car c’est ma maison…

Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Thomas Lemut : Pour moi Dieu existe et il est partout, en chaque être, chaque objet, chaque montagne, grain de sable… et donc en moi…

Limage qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Thomas Lemut : Il y a trop de mondes pour accepter qu’une image soit représentative… elle serait forcément une réduction émotionnelle ou intellectuelle…

Quest ce qui manque au monde daujourdhui ?
Thomas Lemut : De l’amour… comme toujours… et depuis le début de l’humanité…

Si vous deviez tout recommencer ?
Thomas Lemut : Je me dirais « vivement que ça se termine »… que je puisse passer dans une autre dimension, de l’autre coté… enfin…

 

A propos de mes images par Thomas Lut :

Cet ensemble de 8 images reflète bien mon travail de « photographe »…

Un photographe sans caméra et qui travaille uniquement sur des archives. Des archives intimes puisqu’il s’agit de « photos de grenier », du grenier de la maison de famille. La plupart de ces images ont été faites par mon arrière Grand-Père.

J’aime la poésie qui s’en dégage, les imperfections, la douceur.

Andreï Tarkovski définissait la nostalgie… comme une idée de ce qu’était le monde lorsque les êtres y étaient rares et toute rencontre une aventure… Une définition qui, si on la lit attentivement, pourrait aussi bien s’appliquer au passé mais tout autant représente une quête d’avenir…Une définition qui qualifie également et idéalement ce que je tente de montrer à travers mon travail photographique.

Certaines de ces images, et d’autres, seront montrées du 16 au 24 septembre avec la galerie Mouvements Modernes à Paris au 28 rue Saint Gilles 75014 lors de l’exposition « Je ne me souviens que de l’avenir »

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android