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Le Questionnaire : Nick Brandt par Carole Schmitz

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Nick Brandt : La Capture des Sentiments

Photographe britanique, né en 1964, Nick Brandt étudie d’abord la peinture puis le cinéma à la Saint Martin School à Londres. En 1992, il déménage aux États-Unis où il réalisera de nombreux clips pour des artistes tel que Moby ou Michael Jackson.
Pour le tournage du clip de ”Earth Song”, Nick se rend en Tanzanie, et tombe amoureux tant de la terre que des animaux peuplant l’Afrique de l’Est.

Cette expérience le met face à la disparition programmée de l’habitat de la faune sauvage par les actions destructrices de l’Homme. Il est alors profondément marqué par le ravage de ces terres dont découle peu à peu l’extinction de certaines espèces.Il tente dès lors de capturer son sentiment en film, mais réalise que seule la photographie lui permettra d’exprimer ce qu’il souhaite.
C’est ainsi qu’en 2001, il entame un projet photographique ambitieux qui s’étalera sur plus de 11 ans. Il en sortira trois magnifiques livres photo.

Le travail de Nick Brandt est artistique, créatif et visuellement particulier, et de ce fait très reconnaissable, à mi-chemin entre le portrait individuel d’animaux qui l’attirent pour ce à quoi ils ressemblent, pour leur personnalité ; et leur habitat, ces grands panoramas qui disparaissent à vue d’œil. Il a au travers de ses images un message fort à faire passer qui résonne comme un documentaire sur la détérioration de l’habitat animal dans l’Est de l’Afrique. On ne peut être que subjugué par la beauté de ses clichés tant il s’en dégage un sentiment de puissance. Ses cadrages sont très étudiés, ses compositions réfléchie, il en résulte forcément un esthétisme affirmé.

Fortement engagé dans la cause animale, il crée en 2010 avec Richard Bonham, l’un des plus respectés écologistes en Afrique de l’Est, la Fondation Big Life suite à une dramatique expérience. Son rôle, protéger une zone massive de l’écosystème Amboseli / Tsavo / Kilimandjaro à cheval sur le Kenya et la Tanzanie, et ainsi lutter contre le braconnage et le trafic d’animaux sauvages, et sauver l’habitat sauvage des grands mammifères de l’Afrique de l’Est de l’urbanisation grandissante.

 

Une image clé dans votre panthéon personnel ?

Nick Brandt : « Underpass with Elephants » (Lean Back Your Life is On Track, Kenya, 2015). Il faut le voir en grand format pour voir tous les visages, mais il fait partie de la première série d’œuvres que j’ai réalisées et qui, pour moi, vues en grand format, capturent ce que j’essaie de dire sur le monde.

 

Quelle est la qualité requise pour être un bon photographe ?

Nick Brandt : Il n’y a pas de qualité unique, et puis il y a la définition de « bon » qui est très variable selon les individus. Mais je pense que cela s’applique à tout travail créatif : faire un travail uniquement pour soi. Cela ne garantit pas qu’il sera bon, mais si vous échouez, vous êtes au moins resté fidèle à votre propre vision, et non à ce que vous pensiez que les autres voudraient.

 

Le secret de l’image parfaite, s’il existe ? 

Nick Brandt : Qui décide de ce qui est parfait ?

 

La personne que vous rêveriez de photographier ?

Nick Brandt : Un homme ou une femme préhistorique.

 

Un livre de photos indispensable ?

Nick Brandt : « Immediate Family » de Sally Mann. Mon évocation préférée de l’enfance rurale, très imitée mais jamais égalée.

 

L’appareil photo de vos débuts ?

Nick Brandt : Pentax 67 II. J’adore le moyen format 6×7. Et même si on pouvait l’utiliser comme un 35mm sur-dimensionné. J’aime le Pentax pour son utilisation avec un viseur au niveau de la taille.

 

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?

Nick Brandt : Cela change avec chaque projet et ses exigences. Sur The Day May Break, mon nouveau projet, c’était le moyen format numérique Fujifilm GFX100. J’ai besoin d’être excité par mon appareil photo, de regarder à travers un viseur à hauteur de la taille. Le Fujifilm possède un excellent viseur flexible au niveau de la taille qui permet de passer au cadrage portrait en un clin d’œil. De plus, j’avais besoin de vérifier comment le brouillard dérive dans le cadre après coup, car j’étais à des milliers de kilomètres du laboratoire photo le plus proche.

 

La meilleure façon de se déconnecter pour vous ?

Nick Brandt : N’importe quel endroit dans la nature sans le bruit des autres personnes et des machines. Avoir mes chiens avec moi est un bonus essentiel.

 

Votre plus grande qualité ?

Nick Brandt : Je suis bien trop embarrassé pour tenter de la découvrir. Il est toujours plus facile de parler de ses défauts.

 

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?

Nick Brandt : Travailler dans un abattoir d’animaux. Un enfer, regarder ces beaux animaux finir leur vie dans la terreur et la misère. Une torture physique et mentale pour eux.

 

Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?

Nick Brandt : Dépenser de l’argent que je n’ai pas pour réaliser de manière obsessionnelle chaque nouveau projet.

 

Les valeurs que vous souhaitez partager à travers vos images ?

Nick Brandt : Le respect et la compassion pour le monde naturel et les animaux qui disparaissent de la surface de la planète, ainsi que pour les humains dont la vie est également détruite par la cupidité et l’ignorance des hommes.

 

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?

Nick Brandt : En fait, je préférerais passer du temps sous l’eau avec des baleines que je n’ai jamais vues en personne, plutôt qu’une ville, un pays ou une culture.

 

L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?

Nick Brandt : N’importe quel récif corallien avec des raies manta.

 

Votre plus grand regret ?

Nick Brandt : Il y en a bien sûr beaucoup, mais professionnellement parlant, avoir gaspillé beaucoup trop d’années à faire de la direction artistique avant de changer de carrière à trente ans pour la photographie.

 

Instagram, Tik Tok ou snapchat ?

Nick Brandt : Aucun d’entre eux. Instagram est pour moi la pire plateforme visuelle du monde : vue sur un téléphone, une abomination qui détruit toute image visuellement détaillée.

 

Couleur ou N&B ?

Nick Brandt : Cela dépend du projet. J’ai toujours préféré le noir et blanc jusqu’à ce que je fasse This Empty World, qui a dû être photographié en couleur. Mais la plupart de mes photographes préférés travaillent en noir et blanc.

 

Lumière du jour ou lumière artificielle ?

Nick Brandt : Encore une fois, cela dépend du projet.

 

La ville la plus photogénique selon vous ?

Nick Brandt : Pour moi, toute ville nordique enveloppée de brouillard, de pluie ou de neige.

 

Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?

Nick Brandt : Il semble qu’il soit aussi caméraphobe que moi.

 

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?

Nick Brandt : N’importe quelle image de forêt en feu.

 

Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?

Nick Brandt : L’humanité en harmonie avec le monde naturel et les créatures qu’il contient.

 

Et si tout était à refaire ?

Nick Brandt : Un monde dans lequel les humains ne mangent pas d’animaux. Et dans lequel Donald Trump et Rupert Murdoch n’auraient jamais existé (oh là là, cette liste pourrait s’allonger et se prolonger…..).

 

www.nickbrandt.com

Big Life Foundation : https://biglife.org/

 

Ses livres:

On this Earth  : http://amzn.to/2oP95y3
A Shadow Falls  : 
http://amzn.to/2FPE4lQ
Across the Ravaged Land  : 
http://amzn.to/2FNy6Sl

 

 

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