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Georges Dambier par Gilles Decamps

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L’exposition des photographies de mode de Georges Dambier chez Bonni Benrubi a New York nous renvoie vers un temps où le mot Style avait encore un sens.

Ecrire à propos de Georges est pour moi une expérience intime. Je devrais commencer par le fait que j’ai grandi dans son ombre, ou plutôt dans les ombres de son studio que ma mère Micheline dirigeait, telle la directrice d’un petit orchestre d’assistants, stylistes, tireurs et une affiche toujours changeante de mannequins, actrices et personnalités du “Tout Paris”.

C’est là que, marchant à peine, j’ai vu mon premier modèle, touché mon premier Hasselblad, pris ma première photo alors que son chien Woodstock était paisiblement couché dans un coin, impassible aux multiples éclairs des flashes Balcar.

Des années plus tard, je devins son assistant. C’étaient les années Soixante et les photos de cette exposition datent de l’époque de mon enfance. Cependant, l’atmosphère, la classe et l’élégance étaient les mêmes, peut-être “Allure” comme le disait Diana Vreeland est le mot qui s’applique. Georges n’aurait pas toléré une autre ambiance.

Lorsque Helene Lazareff engagea Georges à ELLE dans les années 50, il fut l’un des premiers photographes à Paris à amener la mode et ses Rolleiflex dans la rue. Que ce soit sur les Champs Elysees ou au souk de Marrakech, les modèles (on les appelait alors mannequins) donnèrent soudainement vie au travail de Givenchy, Dior ou Balenciaga.

C’était le temps ou Fred Astaire s’inspirait de Richard Avedon dans Funny Face, les photographes comme Dambier s’habillait sur mesure, chemises de Charvet et chaussures John Lobb, conduisant des voitures de sport anglaises (une MGA dans son cas). Dorian Leigh ou Suzy Parker se relaxaient sur les “shoots” avec une coupe de champagne, aux antipodes du “Grunge” et autres “Heroin Chic” des années 90. Oui. Quand on pense à Georges et à ses photographies, Allure est le mot qui s’impose.

Les “filles” faisaient elles-mêmes leur “make-up” et Alexandre leur coiffure. Les assistants léchaient la colle de centaines de bandes pour sceller le papier des films (le goût me manque aujourd’hui même si je me suis souvent plaint que la colle n’existait pas en plusieurs parfums).

Pas de retouche digitale, et je ne suis pas certain que l’on puisse trouver aujourd’hui un modèle qui, juste une fois, scintille et pétille sur l’image comme Bettina et Simone d’Aillencourt le faisaient au quotidien.
L’élégance spontanée de ses images étaient nouvelles pour l’époque, comme dans les images de Slim Aarons, elles montrent des gens qui vivent la “grande vie”, ce qui semble de nos jours un art perdu.

Comme Dambier, Horst, Meerson ou Beaton qui s’habillaient et vivaient comme des “Gentlemen”, mais étaient aussi des professionnels. Derrière des photographies libres et aisées en apparence se cache une technique sans faille.

Aujourd’hui, trop de photographes se tournent vers ces années pour y trouver “inspiration” (notez les guillemets…). Et bien, savoir une chose ou deux sur le diaphragme et l’obturateur ne peut pas faire de mal et pour créer une image avec de la classe, mieux vaut s’aider d’un Martini cocktail que d’une bière bon marche.
De bonnes manières et un soupçon de flirt aident aussi.
Il y une expression, une direction que j’ai entendu Georges donner aux modèles des centaines de fois: “Darling, you are in love with my camera!”

Je confesse avec plaisir l’avoir utilisée, sûrement pas assez. Vous penserez que je suis peut-être nostalgique, mais à regarder les femmes et la mode dans les photos de Georges Dambier, je sauterai à tout moment dans la Machine à explorer le temps de H.G Wells. Pas vous?

Gilles Decamps

Cette exposition représente une période importante dans la longue et influente carrière de Dambier, incluant des images juqu’ici jamais presentées après la restauration de négatifs couleurs des années 50.

C’est la seconde exposition de Georges Dambier chez Bonni Benrubi Gallery, représentant la première rétrospective majeure de son travail aux Etats-Unis. Dambier travailla pour les principaux magazines et clients. Durant sa carrière, incluant Vogue, ELLE, Jardin des Modes et L’Oréal. Son oeuvre fut le sujet d’un livre, Paris Fifties: Regards sur la Mode, publié en France en 2008.

Juqu’au 27 mai

Bonni Benrubi Gallery
41 East 57th Street 13th Floor,
New York, NY 10022

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