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Charleroi : Diana Matar : My America

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À la fin de l’année 2015, la photographe Diana Matar entreprend de rechercher aux USA les endroits où la police a tué des civils. Elle réalise des cartes détaillées dans son studio et compile des informations sur chaque cas mortel de violence policière survenu les deux années précédentes. Diana Matar consacre alors deux ans à sillonner les routes et photographier la plupart des 2 200 sites où ces meurtres ont eu lieu. « Je travaille dans une certaine histoire de la photographie qui revient aux lieux où les choses sont survenues, – un genre qui se concentre généralement sur des faits de guerre ou des injustices – je l’utilise cependant pour enregistrer le phénomène constant de la violence policière qui contamine l’Amérique. »

Travaillant en ce genre du paysage et de la photographie documentaire, My America est une paisible mais glaciale critique de l’Amérique contemporaine. En photographiant plus de 300 endroits où des officiers de police ont tué des citoyens américains, Diana Matar a instauré un langage photographique opportun autant que critique sur les brutalités policières, ses photographies mettent constamment l’accent sur le déclin de la structure sociale du pays.

Bien que ses photographies soient d’un style plutôt classique, elle n’utilise pourtant qu’un iPhone. Ainsi elle l’explique : « Nous ne saurions rien des meurtres policiers sans les smartphones. Les gens ont commencé à les utiliser pour documenter les injustices et les partager sur le web. J’ai pensé qu’il était important d’user de la même technologie en réalisant ces images immobiles. »

Ce n’est pas la première fois que Matar ralise une série importante relative aux lieux de violence. En son précédent travail, Evidence 2014, qui fut présenté à la Tate Modern, au Museum of Contemporary Photography de Chicago à l’Institut du Monde Arabe, et en six autres institutions internationales, Diana Matar a consacré quelques années à se concentrer sur les paysages et les immeubles d’enfermements extra-judiciaires, kidnappings et meurtres menés par le régime de Kadhafi en Lybie. En réponse à la disparition de son beau-père dans ces circonstances, Matar a documenté les espaces où ces violations ont été perpétrées contre une nation tout entière.

Le travail de Diana Matar en Amérique est profondément imprégné de cette recherche qui met en évidence les questions structurelles influençant le nombre important de meurtres par la police. Elle met l’accent sur l’histoire des injustices raciales, l’absence d’instruction et de préparation, et l’un des plus bas niveaux de police par habitant au monde. Mais Diana Matar entend livrer bien plus que des statistiques : « Pour moi, chaque image de My America représente non seulement un acte de violence mais aussi la perte d’un individu – un individu avec famille. C’est pourquoi je n’ai pas peur d’user d’une certaine beauté en ces descriptions, un concept qui tend à la controverse dans la représentation de la violence. »

Pour le Musée de la Photographie à Charleroi, Diana Matar a opéré une sélection de 99 photographies sur un ensemble de 300 images. L’échelle du projet témoigne de celle du problème, mais nécessite que l’on se remémore chaque personne ayant été tuée. Le titre de chaque photographie reprend seulement le nom, les dates de naissance et de décès, et la ville où la personne a été tuée. Les endroits que Matar photographie correspondent aux adresses qu’elle a obtenues par les rapports de police. Elle précise toutefois que ses images ne sont pas des scènes de crime.

Le niveau de mortalité par suite de violence policière en Amérique est unique parmi les pays développés. Matar s’interroge sur les raisons qui ont mené l’Amérique à ce point, chaque photographie, représentant une mort, à un moment déterminé.

 

Diplômée du Royal College of Art, Diana Matar a reçu le prix Deutsche Bank Pyramid Award pour les Beaux-Arts, le Fonds international pour la photographie documentaire ; une bourse d’artiste individuel du Conseil des arts d’Angleterre à deux reprises ; et a été nominée pour les Prix Pictet en 2010, 2015 et 2016. Ses œuvres font partie de collections publiques et privées et ont été exposées dans de nombreuses institutions, notamment la Tate Modern de Londres ; le musée national de Singapour ; le Musée Folkswang, Essen ; et l’Institut du Monde Arabe, Paris. Sa monographie, Evidence, publiée par Schilt Publishing Amsterdam en 2014,  a été saluée par la critique et choisie par le critique du New York Times Photography, Teju Cole, comme l’un des deux meilleurs livres de photographie de l’année.

 

Musée de la Photographie de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Avenue Paul Pastur 11, 6032 Charleroi, Belgique

http://www.museephoto.be/

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