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Bicentennaire Flaubert : Au Fil du Nil : Juliette Agnel sur les traces de Flaubert et Du Camp

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L’abbaye de Jumièges programme, au Logis abbatial, une sélection de deux séries photographiques de Voyage dans le temps et Nocturnes – Soudan de l’artiste Juliette Agnel dont le travail a été en partie inspiré par la production photographique que Du Camp réalisa lors de son voyage en Orient avec Gustave Flaubert et publié dans Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851, accompagnés d’un texte explicatif et précédés d’une introduction par Maxime Du Camp, chargé d’une mission archéologique en Orient par le ministère de l’Instruction publique en 1852.

 

Égypte, un sujet photographique : les albums « d’amateurs »

Dans son discours du 3 juillet 1839, devant la Chambre des Députés, consacrant officiellement la naissance de la photographie en France, François Arago associe immédiatement les avantages de la technique à la connaissance de l’Égypte, de ses monuments et de ses hiéroglyphes en particulier.

« A l’inspection de plusieurs des tableaux qui ont passé sous vos yeux, chacun songera à l’immense parti qu’on aurait tiré, pendant l’Expédition d’Égypte, d’un moyen de reproduction si exact et si prompt; chacun sera frappé de cette réflexion que si la photographie avait été connue en 1798, nous aurions aujourd’hui des images fidèles d’un bon nombre de tableaux emblématiques, dont la cupidité des Arabes et le vandalisme de certains voyageurs, ont privé à jamais le monde savant. Pour copier les millions et millions d’hiéroglyphes qui couvrent, même à l’extérieur, les grands monuments de Thèbes, de Memphis, de Karnak, etc., il faudrait des vingtaines d’années et des légions de dessinateurs. Avec le Daguerréotype, un seul homme pourrait mener à bonne fin cet immense travail. Munissez l’Institut d’Égypte de deux ou trois appareils de M. Daguerre, et sur plusieurs des grandes planches de l’ouvrage célèbre, fruit de notre immortelle expédition, de vastes étendues d’hiéroglyphes réels iront remplacer des hiéroglyphes fictifs ou de pure convention et les dessins surpasseront partout en fidélité, en couleur locale, les œuvres des plus habiles peintres; et les images photographiques étant soumises dans leur formation aux règles de la géométrie, permettront, à l’aide d’un petit nombre de données, de remonter aux dimensions exactes des parties les plus élevées; les plus inaccessibles des édifices. »

 

Cf. Rapport de M. Arago sur le daguerréotype, lu à la séance de la Chambre des députés, le 3 juillet 1839, et à l’Académie des sciences, séance du 19 août.

Consulté le 4 novembre 2020. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1231630/f7.item.texteImage# (p.25-31)

 

DU CAMP Maxime (1822-1894) : La première édition photographique

Voyage en Orient – 1849-1851

Maxime Du Camp et Gustave Flaubert (1821-1880) accomplissent leur voyage en Orient entre novembre 1849 et avril 1851. À cette occasion, les deux compères sont en mission officielle.

Du Camp est le premier photographe amateur à obtenir une mission officielle afin d’« explorer les antiquités, recueillir les traditions, relever les inscriptions et les sculptures et étudier l’histoire des monuments » (Michel Dewachter et Daniel Oster, Un voyageur en Égypte vers 1850. Le Nil de Maxime Du Camp, Paris, Sand/Conti, 1987, p. 16.). Ainsi, Du Camp transmet donc pour lui-même une demande de mission le 8 octobre 1849 à l’Académie des Inscriptions et belles-lettres, transmise au ministère de l’Instruction publique qui est acceptée le 20 octobre. Le Rapport de la commission de l’Académie des Inscriptions, chargée des instructions de Maxime du Camp, montre que les objectifs photographiques du jeune homme sont peu précis :

« En demandant des instructions destinées à le guider dans le voyage qu’il va entreprendre, M. Maxime du Camp annonce à l’Académie qu’il part muni d’un appareil (de photographie) pour recueillir sur sa route, à l’aide de ce mode merveilleux de reproduction, les vues des monuments et les copies des inscriptions. (…) ».

Il obtient également à Gustave Flaubert une mission et des instructions du ministère du Commerce : l’écrivain sera chargé de collecter des informations sur les importations et exportations de marchandises en Égypte, une charge dont il ne s’acquittera que très rarement sur place.

Ainsi de son voyage en Orient, Maxime Du Camp rapport quelques 214 négatifs sur papier salé, actuellement conservés à la Bibliothèque de l’Institut de France (donation du 7/05/1883 à Paris, du 17/10/1883 à Bade confirmée par testament du 02/06/1889 et codicille du 7/12/1890, sous les cotes Mss 3720, Mss 3722).

En 1850, Gustave Flaubert écrivait à son ami Louis Bouilhet : « Le jeune Du Camp est parti faire une épreuve – il réussit assez bien – nous aurons je crois un album assez gentil » et Maxime Du Camp précise à Théophile Gautier: « Je prends des épreuves photographiques de toute ruine, de tout monument, de tout paysage que je trouve intéressants » (extrait repris dans ses Souvenirs littéraires, Paris, 1882, tome I, p. 484). Et, dès 1852, chez Gide et Baudry, impr. J. Claye et Cie selon le procédé de Blanquart-Evrard, Du Camp publie effectivement un album photographique de 125 clichés, Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851, accompagnés d’un texte explicatif et précédés d’une introduction par Maxime Du Camp, chargé d’une mission archéologique en Orient par le ministère de l’instruction publique. C’est le premier livre important illustré de photographies (tirage à 200 ex. entre 1852 et 1854)

 

  • Album exemplaire au Musée d’Orsay, PHO 1985 123 (1 à 125) – Collection R. Thérond

 

Maxime Du Camp produisit quelques portfolios supplémentaires de compositions différentes avec des clichés inédits par rapport à la publication

  • Album autographe, Bibliothèque de l’Institut de France, cote Sc 140 C3
  • 2 albums de 83 et 87 photographies de la bibliothèque Henri Duveyrier, BnF, don 1893. Cote SG WE-174 (1 RES) dont un exemplaire dédicacé « au père » [Enfantin].
  • Celui de la collection Gilman (Métropolitan Museum of Art), composé de 174 photographies alors que la publication n’en comprenait que 125. Attribué à Viollet-le-Duc. 2005.100.376.1–.175
  • Dans le cadre de leur collaboration sur l’édition de l’album photographique, Fonds Emile Prisse d’Avennes à la BnF

 

Note :

En raison de la fragilité des images du xixe siècle et pour des raisons de conservation, toutes les photographies du xixe siècle exposées sont des tirages modernes, réalisées pour l’occasion par l’imprimerie du Conseil départemental de la Seine-Maritime.

 

Au Fil du Nil : Juliette Agnel sur les traces de Flaubert et Du Camp

4 septembre – 30 novembre 2021

Abbaye de Jumièges – Logis abbatial

24 Rue Guillaume le Conquérant

76480 Jumièges,

www.abbayedejumieges.fr

 

 

 

 

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