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Alizé Le Maoult, Ce que leurs yeux ont vu…

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Chaque vendredi, durant dix semaines consécutives, L’Œil de la Photographie publie l’un des 34 portraits de photographes de guerre réalisés par Alizé Le Maoult. Cette semaine est à l’honneur l’américain Stanley Greene.

Stanley Greene. New York, avril 2007. Je me souviendrai toujours de notre premier rendez-vous. Je suis arrivée dans un café, proche du studio où Stanley faisait la sélection de ses photos pour le Photo Poche qui allait être édité, et son style m’a frappée. Bandana vert sur la tête, des bagues en argent à tous les doigts. Je devais interviewer Stanley au sujet de son métier pour un film que j’écrivais. J’étais intimidée de le rencontrer. Stanley m’avait dit qu’il me consacrerait une heure, nous avons passé toute la soirée ensemble. Nous avions tant à échanger. Nous avions tant en commun. Entre cinéma, guerre, humanité et New York. Premier portrait. Stanley m’a conviée dans le « kibboutz » des reporters à Brooklyn, où il vivait. Nous sommes devenus amis. J’ai eu le sentiment d’être prise sous son aile. Depuis, j’ai beaucoup photographié Stanley, dont le style racé et la photogénie légendaire m’inspirent. Entre pudeur, respect et admiration. J’ai mis longtemps à mettre Stanley, dont j’admirais tant le travail, « dos au mur ».Je voulais tant qu’il aime son portrait, que je n’osais pas franchir le pas pour « Génération Sarajevo ». Puis en octobre 2014, alors que Stanley, de passage à Paris entre deux voyages, habitait chez moi, j’ai enfin franchi le cap. Stanley s’est plié au face à face avec élégance et bienveillance. Plusieurs murs nous ont appelé, dont le mur d’enceinte de la cité de Lutèce, j’ai retenu celui de l’Institut d’Art et d’Archéologie face aux jardins de l’Observatoire. J’ai attrapé les yeux de Stanley Greene derrière ses lunettes noires.

Stanley Greene écrit au sujet de cette photographie de guerre : « Alep, c’est l’enfer sur terre. Toutes les quelques secondes, il y a une détonation au cœur de cette ville classée patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, consumée par les flammes. Les rebelles sont souvent de jeunes adolescents. Leur regard est tellement transparent, tellement vide qu’on peut les traverser du regard et ne voir que les décombres derrière eux. Ils parcourent les ruines en tee-shirt, armés de Kalachnikov, portant des chaussettes décorées de personnages des Simpson qui dépassent de leurs bottes militaires. Ce sont les nouveaux seigneurs d’Alep. Maintenant qu’ils ont goûté au pouvoir, ils ne seront plus jamais insignifiants comme ils ont pu l’être au temps de Bachar al-Assad, toujours au pouvoir. »

Alizé Le Maoult

 

Alizé Le Maoult, Ce que leurs yeux ont vu…
Du 1er octobre au 31 décembre 2016
Musée de la Grande Guerre
Rue Lazare Ponticelli
77100 Meaux, France
 
http://www.museedelagrandeguerre.eu/

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