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Alizé Le Maoult, Ce que leurs yeux ont vu…

Chaque vendredi, durant dix semaines consécutives, L’Oeil de la Photographie publie l’un des 34 portraits de photographes de guerre réalisés par Alizé Le Maoult. Cette semaine est à l’honneur la française et regrettée Catherine Leroy.

Catherine Leroy, française née en 1945 et décédée en 2006 à Los Angeles, s’est rendue en 1966 au Vietnam pour couvrir la guerre. C’est la première femme accréditée du conflit.

Elle est embarquée par la 173e Airborne pour assister à l’opération Junction City et est blessée durant le combat. Deux ans plus tard, capturée par l’armée Vietcong, elle a l’autorisation de prendre des photos pendant sa détention. Elle parviendra à s’échapper et à emporter ses images, publiées dans Life. Elle a couvert la guerre en Somalie, Afghanistan, Libye, Iran, Irak et Liban. En 1976, elle est la première femme à recevoir le prix Robert Capa Gold Medal pour ses photos des combats à Beyrouth.

Je souhaitais que cette immense photographe fasse partie de ma série de portraits. Mais comment ? Décédée le 7 juillet 2006 d’un cancer à Los Angeles, j’ai cherché des portraits d’elle que je pourrais photographier « les yeux dans les yeux ». Les absents, les disparus doivent avoir la même place que les vivants dans cette série. Ils sont tous les témoins intemporels de notre Histoire. Prendre une image d’archive et la rendre actuelle, voilà ce que je voulais.

Ce portrait de Catherine Leroy très emblématique, prête à sauter d’un hélicoptère pendant la guerre du Vietnam, m’a semblé être une évidence. Je la trouvais belle dans sa combinaison de parachutiste avec ses appareils photo et surtout, j’aimais ce que cette image représentait. Mais qui est l’auteur de cette photo ? On suppose qu’elle a été prise par un G.I. Ou bien peut-être par un ami photographe anonyme. Elle regardait l’objectif, condition sine qua non pour que son portrait trouve sa place dans cette série. La dotation Catherine Leroy, qui gère ses archives, a pu me fournir une copie numérique en haute définition, pour en faire un grand tirage. Et je l’ai emmenée avec moi en Bourgogne, au château de Sauvage. Sauvage… Je trouvais que cela sonnait bien pour Catherine Leroy. Avec ses teintes fauves, j’ai cherché un mur qui rappelait ces couleurs de feu. Et au soleil couchant, je l’ai regardée dans les yeux et j’ai fait son portrait, dos au mur, comme les autres.

Catherine Leroy a écrit au sujet de cette photographie : « Non loin de moi, un Marine tombe. Des voix, qui hurlent pour couvrir le bruit infernal des armes automatiques, appellent à l’aide. Un infirmier a pu ramper jusqu’au blessé, dans le vacarme. Il retire son casque, se penche sur lui et cherche à entendre son cœur. Le cœur ne bat plus. Alors l’infirmier reste là, perdu dans un paysage de cauchemar. »

Alizé Le Maoult

Alizé Le Maoult, Ce que leurs yeux ont vu…
Du 1er octobre au 31 décembre 2016
Musée de la Grande Guerre
Rue Lazare Ponticelli
77100 Meaux
France

http://www.museedelagrandeguerre.eu/

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