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Alizé Le Maoult, Ce que leurs yeux ont vu…

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Chaque vendredi, durant dix semaines consécutives, L’Oeil de la Photographie publie l’un des 34 portraits de photographes de guerre réalisés par Alizé Le Maoult. Cette semaine est à l’honneur le grec Yannis Behrakis.

Yannis Behrakis est un photojournaliste grec né en 1960. Il est le chef du bureau de Reuters en Grèce. Pendant vingt-cinq ans, il a parcouru le monde, photographiant les migrants et témoignant des déplacements massifs de population en Bosnie, Kosovo, en Irak, en Sierra Leone, en Somalie et en Afghanistan. En 2016, Yannis Behrakis a reçu le prix Pulitzer pour Reuters. Il est lauréat aussi d’un World Press Photo en 2015, ainsi que de nombreux autres prix prestigieux internationaux.

J’ai rencontré Yannis Behrakis la première fois que je suis allée au prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre en octobre 2013. Je ne le connaissais pas. Patrick Chauvel me l’a présenté dans la cour de l’hôtel du Lion d’Or. Nous devions aller à un déjeuner en l’honneur de James Nachtwey, alors président du jury et dont je souhaitais faire le portrait. Yannis m’a proposé de m’emmener en voiture. Sur la route, nous avons sympathisé. Et j’ai découvert son travail qui me touche tant depuis. J’aime la précision de ses compositions, la profondeur de sa photographie, si humaine. Il avait couvert le conflit en ex-Yougoslavie, il entrait de facto dans ma série de portraits Génération Sarajevo. Il était d’accord. J’ai trouvé un mur dont la teinte des pierres réveillait le gris ambiant. Il faisait froid. Son regard bleu-vert-gris, suivant la lumière, était d’une intensité rare. Avec une pointe de tristesse au fond des yeux… Un portrait d’automne. Nous nous sommes revus à Perpignan cette année. Joie de se revoir. Puis ce mois-ci, trois ans presque jour pour jour, à nouveau à Bayeux, où j’ai eu envie de faire un nouveau portrait. Après le déjeuner, j’ai trouvé un mur avec trois fers-à-cheval… Un signe ? Yannis venait d’apprendre qu’il était le lauréat de prix. Un doublé rarissime : le prix photo et le prix du public, qui couronnent son travail sur les migrants, « les persécutés » comme ils les a appelés, qui atteignent son pays natal, la Grèce, après une odyssée de milliers de kilomètres. Quelle belle âme. Merci Yannis.

Yannis Behrakis explique ainsi le choix de cette image qui symbolise la guerre : « Cette photographie symbolise l’amour inconditionnel et universel d’un père pour sa fille et la passion pour la vie et la survie. Cette image porte un message d’espoir simple mais puissant. Couvrant les guerres depuis vingt-cinq ans, j’ai toujours essayé de trouver des messages positifs dans l’horrible et chaotique réalité de la guerre. »

Alizé Le Maoult

Alizé Le Maoult, Ce que leurs yeux ont vu…
Du 1er octobre au 31 décembre 2016
Musée de la Grande Guerre
Rue Lazare Ponticelli
77100 Meaux, France 

http://www.museedelagrandeguerre.eu/

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