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Alizé Le Maoult, Ce que leurs yeux ont vu…

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Chaque vendredi, durant dix semaines consécutives, L’Oeil de la Photographie publie l’un des 34 portraits de photographes de guerre réalisés par Alizé Le Maoult. Cette semaine est à l’honneur le turc Bulent Kilic.

Bulent Kilic, né en Turquie en 1979, travaille pour l’Agence France Presse depuis 2005. Il a été sacré meilleur photographe de l’année en 2014 par le Time et le Guardian pour ses reportages en Ukraine, sur le groupe Etat islamique en Irak, en Syrie et en Turquie. Il est aussi le chef du service photo de l’AFP à Istanbul.

J’ai rencontré Bulent Kilic à Perpignan en septembre 2015. Je connaissais ses photos puissantes et toujours très sensibles. Il avait accepté que je fasse son portrait « dos au mur » après une journée marathon avec la presse suite à son prix Visa d’or news du festival Visa pour l’image. Il venait d’être primé pour son travail réalisé à la frontière turque sur les Syriens qui fuyaient la guerre dans leur pays. Il m’a donné cinq secondes pour faire son portrait avant de s’échapper… J’étais frustrée. Nous nous sommes revus à Amsterdam pour les World Press Photo Days en avril 2016. C’était le bon moment, Bulent allait recevoir un nouveau prix le soir-même. Il était disponible et heureux de recommencer la « séance photo » avortée. Nous avons marché entre les canaux et les ruelles avant de trouver le bon mur et la bonne lumière.

Bulent Kilic explique ainsi le choix de cette photo qui symbolise la guerre : « J’ai observé la guerre de Kobané, en Syrie, depuis la Turquie frontalière, pendant des mois. J’ai pu finalement y pénétrer par le côté Est de la ville. Alors que je marchais à l’intérieur des décombres, un type avec son fusil de précision à lunettes Dragounov a arrêté sa voiture devant moi. Il m’a demandé ce que je voulais voir d’intéressant. Mis en confiance, nous avons marché dans la ville et je l’ai retrouvé observant la ville morte. Il ne pensait qu’à ce qui s’était produit. J’ai deviné et ressenti ce qu’il éprouvait. Agé de 25 ans, Musa, le tireur d’élite, était un ancien combattant, parmi les plus reconnus de la bataille de Kobané. Il est mort deux mois après cette prise de vue. Mais je crois qu’il était heureux de cette image qui allait témoigner dans le monde de ce qu’ils avaient fait. »

Alizé Le Maoult

Alizé Le Maoult, Ce que leurs yeux ont vu…
Du 1er octobre au 31 décembre 2016
Musée de la Grande Guerre
Rue Lazare Ponticelli, 77100 Meaux, France

http://www.museedelagrandeguerre.eu/

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