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Alizé Le Maoult, Ce que leurs yeux ont vu…

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Sarajevo m’a tant donné, c’est un juste retour…

Tout a commencé en 1995, à la fin du conflit en ex-Yougoslavie, la première guerre en Europe depuis 1945, où le cinéma m’emmène à Sarajevo sur le tournage du film d’Ademir Kenovic Le Cercle parfait.

Cette expérience humaine marqua mon esprit et mes sens pour la vie. Là-bas, j’ai pris la mesure de la guerre et de ses conséquences. J’y ai croisé ceux qui témoignent des drames des habitants de cette ville multiculturelle. Ces photographes qui nous donnent à voir l’Histoire. C’est à travers leurs yeux que nous vivons les conflits contemporains.

Qui sont ces femmes et ces hommes qui témoignent sans relâche, souvent au péril de leur vie, pour nous informer, nous dire avec leurs images « On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas » ?

Leur rendre hommage est devenu une obsession. Le 6 avril 2012, je retourne à Sarajevo pour assister à un étrange anniversaire, celui du début de la guerre. Les reporters sont tous là. L’émotion est immense. Presque quatre ans de siège dans cette ville, les liens tissés sont forts…

J’ai ressenti le besoin d’aller à nouveau à leur rencontre. Mais cette fois-ci pour faire leur portrait. C’est à ce moment-là qu’est née l’idée de la série Génération Sarajevo. Au total, c’est une cinquantaine de portraits, réalisés sur neuf mois, dans 9 pays, 17 villes, de New York à Zagreb, en passant par Barcelone et Oslo, exposés à Sarajevo par la Mission Centenaire 14-18, lors des commémorations internationales de la Première Guerre mondiale.

J’ai poursuivi et étendu ce travail de mémoire, en réalisant les portraits de ceux qui nous rapportent la réalité du monde qui gronde, que ce soit en Syrie, en Tchétchénie ou encore en Centrafrique.

Pour chacun, j’ai choisi un seul dispositif, quel que soit le jour ou l’heure de la rencontre, le soleil, la pluie, le vent ou la neige : mon Leica et un mur trouvé au hasard près du lieu de rendez-vous. Avec un objectif : réaliser un portrait frontal de chacun d’eux. Sans artifice. Les yeux dans les yeux.

Le mur comme métaphore des villes, construit au fil du temps et détruit au fil des guerres. Les murs protègent. Les murs abritent aussi bien les populations que les reporters. Sur le terrain, les photographes, à la merci des affres du conflit, se retrouvent « au pied du mur », « dos au mur ». C’est ce que j’ai voulu retranscrire dans cette exposition.

Pour prolonger leur regard, nous avons demandé à chacun des photographes de choisir une photographie, tirée de leur production, qui symbolise pour eux la guerre, parmi tous les conflits qu’ils ont couverts, en expliquant la raison de leur choix.

Avec la perspective d’exposer ces regards croisés au musée de la Grande Guerre, nous avons trouvé juste de faire le lien avec les premiers photographes de guerre. Nous avons donc tracé un arc dans le temps en revenant sur les pas des premiers hommes d’images, dans les rangs de l’armée française grâce aux archives de l’ECPAD.

Quelle résonnance de présenter ces 34 diptyques dans les collections permanentes du musée de la Grande Guerre, celle que l’on croyait « la der des der » et qui a débuté à Sarajevo.

Alizé Le Maoult

Chaque vendredi, durant 10 semaines consécutives, L’Oeil de la Photographie publiera l’un des 34 portraits de photographes réalisés par Alizé Le Maoult.

Alizé Le Maoult, Ce que leurs yeux ont vu…
Du 1er octobre au 31 décembre 2016
Musée de la Grande Guerre
Rue Lazare Ponticelli, 77100 Meaux, France
 
http://www.museedelagrandeguerre.eu/

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