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Stan Douglas et l’univers du « fauxtojournaliste »

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La nouvelle série de cet artiste canadien, exposée à la galerie David Zwirner, joue à nouveau avec la juxtaposition. Ici, dans des photographies fictionnelles, il confronte deux périodes passées: celle de la guerre civile en Angola et de l’émergence de la musique Disco à New York.

Les photographies de Disco Angola peuvent ou ne peuvent pas avoir existé. Qu’importe, Stan Douglas ne cherche pas à refaire l’histoire mais se base sur deux faits précis des années 70 pour élaborer son projet quelque peu intrigant. A l’époque, l’Angola est un pays en crise où la guerre civile fait des ravages entre la population locale et les colons portugais qui fuient le pays. A New York, rien de tel, les occidentaux dansent sur une nouvelle musique que l’on baptisera disco. Quelle relation y a t-il alors à entrevoir entre ces deux révolutions sociales ? Objectivement, aucune. Sauf que Stan Douglas en a décidé autrement et qu’il a décidé de juxtaposer des images fictionnelles qui racontent à sa manière l’histoire des ces populations séparées par l’Atlantique. La meurtrière guerre d’Angola se traduit, pour l’artiste, par des images de civils en bonne santé, dansant avec joie, ou d’immeubles et de routes elles aussi bien portantes. Certes, les jeans à pattes d’éléphant et les vêtements bariolés sont de la partie, mais on est invité à s’interroger sur cette influence occidentale que Douglas veut bien nous faire découvrir.

Peut-être souhaite-t-il nous faire comprendre que la guerre d’Angola ne se jouait pas seulement dans ses rues mais aussi dans les bars dansants du monde entier. « Les photographies de Stan Douglas révèlent les subtils parallèles entre le bourgeonnement de la culture disco et la lutte pour la libération d’Angola », informe le communique de presse. S’il en est ainsi, nous verrons donc les personnages de Stan Douglas comme des acteurs de l’influence occidentale sur l’avenir du pays. A travers la mise en image des réunions de danse des rebelles, à travers celle de l’exode des colons, gentiment assis sur leurs bagages à même la rue sablée, à travers celle des lieux en effervescence ou au contraire orphelins de leurs âmes. Sans bien sûr oublier que quatre des huit scènes présentées se tiennent à New York. Car c’est bien là la réflexion à entrevoir : à cette époque, selon l’artiste, l’introduction d’éléments étrangers a complètement changé la donne. L’intérêt commercial aurait rapidement transformé la musique disco en généraliste et populaire, tandis que les intérêts conflictuels des plus grandes puissances mondiales auraient annihilé toute issue pacifique à la guerre civile angolaise. Une sorte de questionnement à la Cindy Sherman ou Jeff Wall. Un point de vue pas si évident mais qu’il faudra envisager pour ne pas se perdre dans la photographie à l’esthétique parfaitement maitrisée de Stan Douglas. Il faut pour autant être inventif et amplement aimer la création conceptuelle.

Jonas Cuénin

Disco Angola de Stan Douglas
Jusqu’au 28 avril 2012

Galerie David Zwirner
525 West 19th Street
New York, NY 10011
(212) 727-2070

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