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Paris : Iris Hutegger, windstill. grün.

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A la galerie Galerie Esther Woerdehoff, l’exposition consacrée à Chema Madoz laisse place au travail d’ Iris Hutegger, artiste autrichienne. Nous avions pu apercevoir quelques unes de ses œuvres sur le stand de la galerie en novembre dernier à Paris Photo. Ici, Esther Woerdehoff offre à Hutegger sa première exposition personnelle en France.

« Avant tout, je suis sculptrice », dit Iris Hutegger. Même si son travail commence avec un appareil photo.

Originaire d’Autriche, elle est devenue artiste à trente ans. De loin, ses œuvres paraissent des dessins colorés au crayon. Cependant, en s’approchant, on ne perçoit pas seulement le grain de la photographie en noir et blanc mais aussi les centaines de fils qui s’enchevêtrent sur l’image. On comprend alors que la couleur vient de ces fils qui brodent l’image et lui ajoutent une troisième dimension. Ces photographies brodées sont des pièces uniques en différents formats et ne portent pas d’autre titre que des numéros : l’artiste ne veut pas que les montagnes se laissent géographiquement identifier.

Les paysages deviennent une création propre à l’artiste, même si tout commence par une photographie. Iris Hutegger, randonneuse passionnée des Alpes, photographie ces éléments rocheux qu’elle connait depuis sa naissance, avec un film négatif couleur mais les tire (souvent seulement des mois plus tard pour ainsi distancier la mémoire du lieu) en noir et blanc, ce qui donne aux montagnes un grain prononcé et un aspect lunaire. On ne saura rien des lieux photographiés, sinon qu’il ne s’agit que de paysages vides de toute présence humaine ou animale et dont la végétation se confond avec la roche, hors des saisons. Ce choix technique amène la réalité d’un paysage familier vers l’abstraction pour ne garder que la trace des formes et des textures.

Plus tard, Iris Hutegger prend chaque photographie tirée sur un papier épais et la passe sous le pied de sa machine à coudre Bernina. Elle travaille d’ailleurs avec les fabricants de ce modèle suisse, car coudre le papier demande l’utilisation d’aiguilles adaptées. Le travail de Iris Hutegger est lent, minutieux et laborieux. Avec la machine à coudre, elle apporte une couleur inédite au paysage, une végétation et une dimension géologique qui n’ont jamais existé. Dans cette végétation rêvée, les fils s’entremêlent en une résille de couleurs et s’ancrent dans la matière du tirage au point où, dans les zones les plus denses de la broderie, le papier disparaît sous la piqûre de l’aiguille.

L’artiste revendique le temps nécessaire à l’achèvement de chaque pièce, dans une lenteur entrecoupée de pauses, après la marche et la prise de vue, après le tirage, lors de la broderie. Ces interruptions lui permettent une fois de plus de se détacher de la mémoire du lieu, donc de sa réalité, pour fabriquer autre chose qu’elle décrit comme une « véritable image fictive ». Marquée par la philosophie de Baudrillard, Iris Hutegger souhaite par ses photographies interroger la réalité du monde hors de notre perception et la technicité du médium.

EXPOSITION
Iris Hutegger, windstill. grün.
Du 22 mars au 30 avril 2016
Galerie Esther Woerdehoff
36 rue Falguière
75015 Paris
France
Tel : +33 09 51 51 24 50
mar. – sam. 14h – 18h
http://www.ewgalerie.com
[email protected]

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