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Mauvais Genre, la collection Sébastien Lifshitz

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Mauvais Genre présente des hommes et des femmes revêtant les attributs vestimentaires du sexe opposé. Prises dans un studio photographique à la fin du XIXe siècle ou dans les coulisses des cabarets des années 1930, dans l’intimité de la chambre ou sous le flash d’un appareil Polaroid, sagement posées ou complètement délurées, ces photographies constituent un corpus aussi insolite que précieux.

Chinées aux puces et sur internet par Sébastien Lifshitz, ces images racontent des identités chahutées qui ont trouvé dans la transgression vestimentaire l’instrument de leur liberté. Elles rappellent aussi à quel point (et avec quel poids) le costume a reflété l’ordre social et normatif assignant à chacun son rôle selon son sexe. Trouble dans le genre, plaisir du travestissement, beauté saisissante et familière du snapshot… Les auteurs de ce livre nous éclairent sur ce pan méconnu, souvent tu, des représentations hommes/femmes, au carrefour de la vie privée, de l’histoire de l’homosexualité et du militantisme féministe.

« J’ai toujours été intéressé par les discours de la marge, ceux qui s’écrivent sur les bords de l’Histoire, loin de tout pouvoir moral, politique ou social, loin de toute norme du regard, explique Sébastien Lifshitz. C’est pour cette raison que je collectionne depuis de nombreuses années les photographies amateur : elles inventent une autre perspective sur la société. Le travestissement en est un merveilleux exemple. On dit souvent des travestis qu’ils relèvent de l’intimité honteuse ou du cabaret burlesque mais la chose est en réalité bien plus complexe. Quand des dizaines de femmes se prennent en photo habillées en homme, selon un rite collectif étrangement répandu à la fin du XIXe siècle, il pourrait s’agir d’un geste politique, une façon de s’approprier les vêtements des hommes pour revendiquer les mêmes droits qu’eux.

Depuis 1800 pourtant, toute femme désirant s’habiller en homme devait se présenter à la préfecture de Police pour en obtenir l’autorisation. Celles ou ceux qui bravaient l’interdit pouvaient tout perdre : leur réputation, leurs amis, leur travail. C’est pourquoi beaucoup de ces photographies sont prises dans des espaces privés – chambres, salons ou jardins – à l’abri des regards. Les gens s’y sentaient certainement plus libres, moins tenus de respecter les codes de la représentation. L’exposition Mauvais genre est pleine de femmes et d’hommes qui osent jouer avec le genre devant l’œil de la caméra, ce que, peut-être, ils n’auraient pas osé faire en public. En vase clos, ces petits groupes expérimentaient le mélange des genres avec une audace réjouissante. C’est dans ces bulles d’intimité que s’est inventé un esprit de rébellion qui, des décennies plus tard, sortira dans la rue pour enfin s’exprimer au grand jour. »

Mauvais Genre, la collection Sébastien Lifshitz
Jusqu’au 17 décembre 2016
Galerie du jour Agnès b.
44 rue quincampoix 75004 paris
France

http://www.galeriedujour.com/

Mauvais Genre
Livre publié par les éditions Textuel
45 euros

http://www.editionstextuel.com/

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