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Edition spéciale Iran :

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Trente jours, trente photographies carrées, cerclées de noir, sans logique apparente : quelques vues urbaines, parfois industrielles, un champ d’éoliennes, la tombe d’un mercenaire anglais, un tracteur égaré, un tigre empaillé.

« Il m’a fallu trente jours pour capturer trente images pour décrire ma détresse. J’ai essayé de succomber à l’angoisse de mon esprit et de créer des images illogiques, contraires à ma pratique habituelle. J’ai essayé d’être “partout” et le résultat est une dispersion symbolique ou plutôt iconique », explique leur auteur, Aliyar Rasti.

Pour décrire cette angoisse du quotidien, il s’est emparé de l’appareil de l’ordinaire : son téléphone. Le choix du nombre donne à la série une temporalité ferme : préférant la précision des faits à l’approximation des expressions – cette approximation qui, à échelle quotidienne, génère incertitude et confusion –, il s’agit de trente jours et non d’un mois. Il décortique ainsi l’angoisse en l’énumérant plutôt qu’en lui préférant l’abstraction de l’émotion. L’angoisse, c’est l’urbanisation dévorante, qui ravage l’environnement quotidien avec autant d’insouciance que s’il s’agissait d’une partie de dominos. L’angoisse, c’est la société où le besoin d’énergie impose de remplacer les arbres par des géants de métal. L’angoisse, ce sont les drapeaux qui volent dans les rues pour rappeler l’omniprésence du pouvoir. Ce sont les espoirs d’un futur inconnu, dressés comme une échelle ne menant à rien d’autre qu’au ciel. C’est aussi la solitude, aussi désolante qu’un stade dont tous les sièges sont désertés.

L’angoisse, c’est l’histoire individuelle comme nationale, ce sont les guerres qui ont affligé nos ancêtres et dont les morts continuent de nous hanter. L’angoisse, c’est la route qui aligne ses rails droits et infinis devant nous sans fournir l’itinéraire. Ce sont les nuits à ne pas dormir dans un lit que l’on aurait voulu ne pas défaire plutôt que d’y tourner sans trouver le sommeil. L’angoisse, c’est d’avoir un but, comme dans les sports populaires, sans filet de protection. L’angoisse, c’est la pression du contexte international, où deux tours font irrémédiablement écho à la haine irraisonnée qui s’acharne contre une région que l’on habite. L’angoisse, c’est le rêve de fuir sur une île volante plutôt que de se confronter à l’inertie du quotidien. L’angoisse, enfin, ce sont les règles qui nous privent des anxiolytiques improvisés quand il s’agit de s’adapter à cet état de transition perpétuel qu’est la vie. Trente est aussi le numéro atomique du zinc, après tout, un métal de transition. 

http://www.aliyarrasti.com

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