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Edition spéciale Iran : Reza Aramesh à Sazmanab

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Sazmanab, de son nom complet Sazmanab Platform for Contemporary Arts, est un lieu à part à Téhéran. C’est un centre d’art non commercial à l’aura internationale qui organise, en plus d’expositions pointues, de nombreuses conversations et rencontres afin de fluidifier le dialogue autour de la pratique artistique. L’espace est établi dans l’ancien immeuble du département de l’eau de Téhéran, un étroit bâtiment sur trois niveaux qui offre un espace d’exposition malléable et une bibliothèque. Sohrab Kashani, son fondateur, n’en est pas à ses débuts. Il a notamment participé, avec Amirali Ghasemi, fondateur de l’espace indépendant Parkingallery, aux débuts de cette plateforme curatoriale exigeante et alternative. Avec Sazmanab, Kashani laisse ici l’underground pour proposer un modèle, complétant son programme artistique d’une résidence annuelle ouverte à des commissaires et artistes internationaux.

La dernière exposition en date était At 11:08 March 14th, 2006, de Reza Aramesh. Artiste pluridisciplinaire acclamé sur la scène internationale, il a notamment été remarqué à la Frieze Art Fair de Londres en 2014 et est représenté a New York par la galerie Leila Heller. Pour l’occasion, Aramesh présentait trois œuvres originales, dont une vidéo constituée d’images d’archives. Depuis ses débuts, et notamment à travers sa série de photographies et d’installations Action (chaque œuvre – chaque action – est suivie d’un nombre et fait référence à un acte de violence historique), Aramesh étudie l’impact des images de conflit et leur circulation hors du contexte immédiat de l’événement. Ses reconstitutions photographiques créent un décalage avec la réalité, allant parfois jusqu’à supprimer toute spontanéité dans les expressions des acteurs pour ne représenter qu’une scène étrangement pittoresque. Un tel acharnement à la pose, à la transgression des codes de la photographie de guerre enraye le mécanisme d’appréhension de cette iconographie que Susan Sontag décrivait comme provoquant un choc mais annihilant toute interprétation narrative susceptible de faire agir le spectateur. Sortie de son contexte, il ne reste paradoxalement de l’événement qu’une image séduisante par ses qualités plastiques.  

« La cruauté, affirme Aramesh, doit être confrontée mais il y a un impératif à la considérer d’une manière différente des modèles standards imposés par les médias du divertissement et de l’information », écrit David Thorp dans le catalogue d’exposition. Sa vidéo, intitulée Not what was meant, s’attache à déconstruire ces modèles. Constituée de 470 images de conflits de différents lieux et périodes, la vidéo est rythmée par les poses des soldats – le mouvement entêtant de leurs armes et l’expression de leurs regards fixés sur leur cible –, qui se répètent aussi inéluctablement que la violence.

http://www.rezaaramesh.com
http://www.sazmanab.org
http://www.ab-anbar.com
http://www.leilahellergallery.com
http://www.parkingallery.com

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