Rechercher un article

Boris Ignatovich, maître de l’avant-garde photographique russe

Preview

L’histoire de l’art en Russie ne peut se concevoir sans Boris Ignatovich. Cette grande figure de la photographie constructiviste russe était un novateur, dont l’empreinte indélébile a marqué l’évolution de la photographie soviétique expérimentale à ses débuts. Il a notamment révolutionné le reportage par ses points de vue saisissants et sa grande expressivité artistique.

Ignatovich avait une philosophie : son œuvre ne devait pas seulement refléter la vie et la culture de l’Union soviétique, mais les façonner activement. Ses compositions audacieuses, ses éclairages riches et contrastés et sa lucidité fascinante ont su capter les nouvelles industries, l’architecture, les travailleurs et la vie quotidienne de cette période troublée. « La révolution russe a balayé l’ordre et l’esthétique bourgeois, » écrit l’historien russe de la photographie Valery Stigneev. « Les bâtisseurs de la société nouvelle avaient besoin d’un langage et d’idoles qui leur étaient propres. C’est dans le cadre de cet élan artistique formidable et particulièrement rapide que sont nés Maïakovski, Rodchenko, Eisenstein, Dziga Vertov, Deïneka, El Lissitzky, et d’autres. Plus précisément, ce sont eux qui ont fait cet Art. Boris Ignatovich a fait la photographie. »

Boris Ignatovich, maître de l’avant-garde photographique russe est une exposition qui se tient actuellement à la galerie Nailya Alexander de New York. Elle présente des photos parmi les plus célèbres de l’artiste, datant des années 1920 et des années 1930.

Ignatovich a réalisé son premier reportage photographique en 1923, pour le magazine humoristique Smekhach, à Pétrograde. Il a utilisé un appareil Kodak de poche pour prendre des clichés de l’écrivain Mikhail Zoshchenko en train d’acheter des pommes à côté du bureau du magazine. En 1927, il est devenu responsable du service photo pour le célèbre journal Bednota, et fournissait également des photos pour cette publication consacrée aux changements en cours dans les sociétés urbaines et rurales.

Deux ans plus tard, il a rejoint le fameux groupe Octobre, collectif avant-gardiste qui regroupait des artistes, des architectes, des cinéastes et des photographes, dont de nombreux membres – parmi lesquels Alexander Rodchenko, Varvara Stepanova et El Lissitzky – utilisaient ses photos dans leurs photomontages et réalisations. Après l’exclusion de Rodchenko en 1930, Ignatovich l’a remplacé à la tête de la section photographique jusqu’à la dissolution du groupe en 1932. Il est resté fidèle à la photographie expérimentale pendant toute sa carrière. Il a défendu le collectivisme en photojournalisme à l’agence Soyuzfoto, où les photographes travaillant sous sa direction formaient ce qu’on appelait la « Brigade Ignatovich », critiquant ouvertement la main mise de l’Union soviétique sur l’expression artistique, de plus en plus serrée.

Il a contribué à des publications telles que USSR in Construction, Krasnaya Niva, Ogonyok, Soviet Photo, et Pravda, entre autres, et travaillé comme caméraman sur des films documentaires, dont l’un des premiers films sonores, Olympiada of the Arts. Pour une édition spéciale de USSR in Construction en 1931, il a réalisé certaines des premières photographies aériennes de Saint-Pétersbourg depuis un avion de reconnaissance R-5, s’approchant dangereusement des monuments de la ville. Ignatovich a également présidé l’association moscovite des photojournalistes en 1932. Il a vu son œuvre largement exposée, non seulement en Russie mais aussi à travers toute l’Europe de l’Ouest.

« Boris Ignatovich était un photographe universel », écrit Aleksandr Lavrentiev, historien d’art et directeur des archives Rodchenko-Stepanova. « Il était journaliste et reporter, photographe de guerre, portraitiste, pédagogue, et c’était un maître de la photographie appliquée. Les tirages qu’il réalisait lui-même dans sa chambre noire étaient des œuvres d’art uniques… La richesse de leurs tons rappelait celle de la peinture. Il transformait les photos en œuvres d’art, parce qu’il comprenait ce qu’était l’art. Mais il n’imitait pas la peinture. Tout naissait de sa technique, de ce qu’il voyait, et de sa maîtrise. »

 

Boris Ignatovich, maître de l’avant-garde photographique russe
Du 11 janvier au 17 mars 2018
Galerie Nailya Alexander
41 E 57th St #704
New York, NY 10022
Etats-Unis

www.nailyaalexandergallery.com

 

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android