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Barcelone: Ahlam Shibli–La casa Fantasmal

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Vous connaissez le MACBA de Barcelone ? Un éclatant cumulonimbus en apesanteur sur le centre ouest de la vieille ville, saluons l’oeuvre de Richard Meier. Pour préciser l’éclat de son blanc, il est 15:00, heure de fermeture du musée, quand je sors de ma visite où je croise un ami passionné et collectionneur de photographie (l’expo est en ce moment l’incontournable de l’actualité photographique à Barcelone). Nous prenons une bière à une terrasse adjacente et après cinq minutes d’inconfort, il me demande de changer de place et de tourner le dos à l’édifice tant sa réverbération par le soleil printanier de ce dimanche l’aveugle…

Pour préciser la concurrence publique de l’exposition, je dirai aussi qu’à 14:10 quand je retire mon ticket d’entrée de 6,50€, nous sommes nombreux en retardataires qui profitent malgré tout de cette lucarne et reviendront si en effet…

Et l’effet vient… Assurément.

Je vous épargne un plagiat de l’excellente présentation de l’oeuvre et de l’artiste établie par les commissaires de l’exposition (Carles Guerra – MACBA, Barcelone; Marta Gili – Jeu de Paume, Paris; Joao Fernandes et Isabel Braga – Museu de Arte Contemporanea de Serralves, Porto) et continue donc ma visite en images écrites et impressions chorégraphiques.

A l’issue des élégants comptoirs d’admissions, vous avez le choix entre un ascenseur (probablement, je ne l’ai pas cherché), un escalier en colimaçon intérieur ou les rampes d’accès handicapés qui sillonnent toute la façade en verre de l’édifice. J’utilise toujours ces rampes d’accès comparables au voyage de l’écureuil entraîné vers l’au-delà par un choc aigu et par la fantasmagorie de son gland dans Ice Age 2 (je crois). Les rampes d’accès handicapés du MACBA proposent un véritable voyage initiatique dans l’éternité de l’art.

L’exposition se situe au deuxième étage de l’édifice, l’ascension respecte la plus grande extension verticale du cumulonimbus.

L’espace dédié au premier groupe de l’exposition (Eastern LGBT, 2004-2006 et Dom Dziecka. The house starves when you are away, 2008) est une espèce de panthéon. On y accède par une spacieuse anti-chambre carrée dans laquelle les commissaires ont disposés Eastern LGBT qui débouche sur un hémicycle renversant où les commissaires ont agencés Dom Dziecka. The house starves when you are away.

L’espace dédié au second groupe (Trackers, 2005 ; Trauma, 2008 – 09 et Death, 2011 – 12) ma fait l’effet d’un gigantesque déambulatoire que j’ai parcouru vigoureusement, revenant sur des images, repartant, regardant, une ivresse soudaine.

Les espaces dédiés au troisième et au quatrième groupe, l’effet de la justesse, en relativité avec le contenu des ces troisième et quatrième groupes, définitivement pas synonyme de justice. Et là, pardonnez-moi mais je veux souligner un terme fort des commissaires : State violence. Aucune image de violence ni de conflit armé n’est présente dans ces deux groupes. Le State violence est une réalité sans violence et prend tout son sens par le prisme de la photographe.

L’illumination est chaude et tamisée. La qualité exceptionnelle des tirages, les formats font corps avec l’œuvre. Leur disposition nous entraîne dans une gymnastique corporelle que j’appellerai la chorégraphie naturelle de l’exposition. La photographe offre des vues plongeantes qui sont disposés à un niveau inférieur, procurant une sorte de déséquilibre au visiteur et l’obligeant à se courber pour le retrouver. Il en va de même des contre-plongées et profondeurs de champs infinies qui, disposées sur un niveau supérieur, étirent le cou et l’âme du visiteur.

Pour finir ma visite, je dois confesser que l’émulsion émotionnelle, la pression d’un temps limité, me poussa à foncer droit sur l’Est en arrivant au sommet de la passerelle. J’ai donc vu l’exposition en commençant par le dernier groupe pour arriver au premier. L’effet a tout autant été exponentiel, je la verrai dans l’ordre inverse la prochaine fois, mais je dois dire que foncer dans le coeur de la photographe avec la maison fantôme palestinienne et émerger peu à peu vers son universalité restera une expérience inoubliable.

Ne ratez pas cette exposition, c’est une leçon de photographie.
Au MACBA de Barcelone jusqu’au 28/4/2013
Au Jeu de Paume à Paris, du 28/5/2013 au 01/09/2013

Lola Fabry

L’EXPOSITION
Au moyen d’une esthétique documentaire, les travaux photographiques d’Ahlam Shibli (né en Palestine en 1970) interrogent les implications contradictoires de la notion de foyer. Le travail se penche sur la perte du foyer et la lutte contre cette perte, mais aussi sur les restrictions et les limitations que cette idée de foyer imposent aux individus ou aux groupes marqués par cette identité politique réprimée. Des exemples des situations nombreuses où cette problématique se rencontre incluent les zones palestiniennes occupées ; les monuments qui commémorent la Résistance française contre les Nazis mis en regard des combattants français des guerres coloniales contre des peuples qui demandaient leur propre indépendance ; les corps des lesbiennes, des gays, des bissexuels et des transsexuels dans les sociétés orientales ; et les communautés d’enfants dans les orphelinats polonais. Death, la dernière série de Shibli, conçue expressément pour cette rétrospective, montre les efforts de la société palestinienne pour conserver présents ceux qui ont perdu leurs vies contre l’occupation. Cette série insiste sur la représentation omniprésente des absents à travers photos, posters, tombes, graffitis déployés comme une forme de résistance au régime colonial.

Ahlam Shibli: La casa Fantasmal
Du 25 janvier au 28 avril 2013.
Commissaires d’Exposition: Carles Guerra, Marta Gili et João Fernandes.
Organisée et co produit par Le Museu d’Art Contemporani de Barcelona (MACBA), le Jeu de Paume de Paris et le Museu de Arte Contemporânea de Serralves à Porto.
MACBA: Museu d’Art Contemporani de Barcelona
Plaça dels Àngels, 1
08001 Barcelone
Espagne
+34 934 12 08 10

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