Le Centre Culturel de la Recoleta, à quelques enjambées de la place France et de la tombe d’Evita Perón, a accueilli la onzième édition du Buenos Aires Photo (BA PHOTO 2015), du 16 au 19 octobre dernier.
L’organisation de l’événement et l’enthousiasme des professionnels de la photo et du public ont eu raison des black-out énergétiques qui sont venus perturber ce rendez-vous.
Depuis 2005, cette foire de la photographie, est l’une des vitrines les plus importantes en Amérique latine aussi bien pour les photographes consacrés que pour les jeunes artistes argentins et de la région.
BA PHOTO est un lieu de rencontre exceptionnel pour les artistes, leurs galeries, les collectionneurs, les curateurs, les critiques d’art et le grand public.
Cette année, l’accent a été mis sur la cohabitation entre la photographie plus conceptuelle et contemporaine et une photographie plus classique puisant son inspiration dans l’histoire.
Francisco Medail, le directeur artistique de cette édition, d’à peine 24 ans, a eu « l’idée de réunir des générations distinctes avec un point de vue intégral qui comprenne à la fois des impressions en gélatine argentique et des supports plus contemporains ».
BA PHOTO a donc valorisé le passé en présentant une série de photographes – Annemarie Heinrich, George Friedman, Anatole Saderman – qui ont « écrit » l’histoire de la photographie en Argentine. Parallèlement, le flambant neuf secteur « wunderkammer » (la chambre des merveilles) a fait découvrir l’importance de la récupération et de la mise en valeur du matériel photographique historique. Le public a pu ainsi découvrir des daguerréotypes argentins de la moitié du 19ème siècle.
BA Photo a rendu hommage au photographe d’origine hongroise George Friedman – représenté par la galerie « portègne » Vasari – qui, après avoir travaillé en France et aux Etats-Unis, s’est établi de 1939 et jusqu’à sa mort en 2002 à Buenos Aires, où il a fortement contribué à stimuler la photographie instantanée.
Le noyau dur de la foire, toutefois, est la photographie contemporaine. Plus de 20 stands de galeries d’art ont représenté des artistes photographes aux regards pluriels. On a pu apprécier le travail documentaire de Jasmine Bakarz sur les concours de beauté de jeunes enfants aussi bien que l’appropriation de la photographie publicitaire de la part de l’artiste Marcelo Grosman, en passant par des travaux imprégnés de surréalisme (Gaby Herbstein) et des images plus introspectives (Lihuel Gonzalez). Dans le secteur galeries, on a retrouvé des artistes confirmés comme Mario Lopez et Humberto Rivas.
Cette année, BA PHOTO a mis à l’honneur l’artiste péruvienne Luz Maria Bedoya, qui avait déjà exposé à la biennale de Venise (2005) et au Paris Photo Los Angeles (2014). Bedoya, née en 1969, est une artiste conceptuelle travaillant avec la photographie, la vidéo, le texte, le dessin et le son. Son œuvre exprime notamment sa préoccupation pour la perte de significations.
À noter que, pour quelques semaines, Buenos Aires, est devenue la capitale de la photo en Amérique Latine. En effet, Buenos Aires a inauguré la FOLA, la Photothèque Latino Américaine, qui compte, notamment, des œuvres de Marcos Lopez et du brésilien Vik Muniz. Dans la même période, le pharaonique Centre Culturel Kirchner expose une collective « aqui nos vemos » qui, jusqu’au 15 décembre, propose un panorama de la photographie latino-américaine. La mexicaine Graciela Iturbide et le brésilien Miguel Rio Branco font partie du lot des 68 photographes de la région.
BA PHOTO a décerné aussi un prix (60.000 pesos, 6.000 dollars) à la photographe argentine née aux Etats-Unis, Alessandra Sanguinetti de l’agence Magnum. La photo récompensée est un portrait d’Alora.
Tout au long des ces quatre journées, BA PHOTO a vraiment réussi à susciter un énorme enthousiasme et intérêt pour la photographie, aussi bien entre les professionnels de l’image qu’entre tous les amateurs de photos de qualité.
INFORMATIONS
BA PHOTO 2015
Date : 16 au 19 octobre 2015
Directeur artistique : Francisco Medail
Site web : http://www.buenosairesphoto.com
