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Le Questionnaire : Sacha Walckhoff par Carole Schmitz

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Riche de ses origines diverses (slave, française, suisse et africaine), le spectre créatif de Sacha Walckhoff n’en est que plus vaste.

S’il débute son aventure aux côtés de Christian Lacroix en 1992, le designer n’en sacrifie pas pour autant de dessiner à loisir des collections de prêt-à-porter et d’accessoires pour, entre autre, Michel Klein ou Kenzo. En 2010, c’est tout naturellement qu’il est amené à reprendre la Direction Artistique de la maison de couture la faisant évoluer en toute fidélité vers l’univers de la décoration et du lifestyle. Mais en véritable workaholic Sacha Walckhoff continue également à développer son propre vocabulaire en signant des projets souvent artistiques aussi audacieux qu’éclectiques.

Son jusqu’au-boutisme fait parfois peur, comme il nous l’a confié, mais lorsque les gens lui accordent leur confiance, il ne les déçoit pas.

Curieux et génial touche-à-tout, le créateur s’inspire de tout ce que croise son regard, aime la couleur, la flamboyance, la joie de vivre, la singularité, l’éclectisme, le luxe et l’historicisme. Et la photographie dans tout cela, me direz vous… Une découverte qui s’est transformée en passion, car du plus loin qu’il s’en souvienne, les images l’ont toujours attiré. Enfant, il collectionnait les portraits photographiques de la fin du 19eme siècle qu’il dénichait aux puces de Lausanne. Adolescent, c’est dans le studio du photographe Christian Coigny, un ami de sa maman, qu’il a vraiment été initié à l’art photographique tout en découvrant, à la même époque, les magazines Zoom, PHOTO ou encore l’Oeil qui étaient, en ces temps pré-internet, les seules sources d’informations et de découvertes pour le néophyte qu’il était alors. Petit peu par petit peu, son goût et son éveil à la sensualité l’ont emmené vers les photographes des corps et de la chair. Herb Ritts, Mapplethorpe, Cheyco Leidmann, Jean Paul Goude ou encore Bruce Weber comptent parmi ses premiers coup de coeur. Plus tard, il a évolué vers des faiseurs d’images plus complexes, moins commerciaux même si il pense profondément que c’est une frontière qui n’existe pas vraiment. Si une image est belle et vous « commotionne » c’est ce qui importe, qu’elle soit commerciale ou pas. Aujourd’hui, ses goûts sont assez éclectiques même si le corps et sa représentation continue à occuper une place très importante dans sa collection d’images.

Rencontre avec un passionné.

 

Votre premier déclic photographique ?

Sacha Walckhoff : Une photo féministe de Delphine Kreuter découverte à la galerie Alain Gutharc au tout début des années 2000 … Mon premier achat de photo d’artiste et l’origine de ma « collection » de photographies.

 

L’homme d’images qui vous inspire ?

Sacha Walckhoff : Richard Avedon , l’immense photographe que j’ai découvert à 7 ans en voyant pour la première fois le Film ‘Funny Face’, avec Audrey Hepburn, sur lequel il était directeur artistique. Diana Vreeland, rédactrice en chef et Alexey Brodovitch, directeur artistique, étaient aussi de l’équipe du film avec Avedon. Par ailleurs, à eux trois, ils composaient la dream team qui fit la légende du Harper’s Bazaar et du Vogue Américain dans les années 50 et 60. J’ai su ce jour là que ma vie devrait ressembler à ça !

 

L’image que vous auriez aimé faire ?

Sacha Walckhoff : J’aime trop les images et les artistes pour envier qui que cela soit.

 

Celle qui vous a le plus ému ?

Sacha Walckhoff : Une photo de Nan Goldin, en fait sa retrospective au Witney Museum il y a bien longtemps, j’ai pleuré longtemps sur un banc, dans Central park, au sortir de l’exposition… et puis aussi le très beau tirage original de sa série » les saltimbanques » que Lucien Clergue me fit porter pour me remercier de m’être occupé de la réalisation et des essayages de son habit d’académicien dessiné par Christian Lacroix.

 

Et celle qui vous a mis en colère ?

Sacha Walckhoff : Je ne crois pas qu’une photo puisse me mettre en colère, me dégouter par contre oui, cela serait possible.

 

La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?

Sacha Walckhoff : Être voyeur.

 

Le secret de l’image parfaite, si elle existe ?

Sacha Walckhoff : L’instinct.

 

L’appareil photo de vos début ?

Sacha Walckhoff : Un Kodak, celui de ma maman, avec sa housse de cuir marron préformée, son métal brillant et ce revêtement granuleux anthracite, comme un linoléum très épais. Je me souviens du plaisir de sortir une pellicule vierge de sa boîte de métal jaune pour l’installer dans l’appareil, tout était beau, comme dans un rituel païen.

 

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?

Sacha Walckhoff : Mon téléphone… avec lequel je ne fais que de la photo aide-mémoire !

 

Votre drogue favorite ?

Sacha Walckhoff : Le chocolat.

 

Votre plus grande qualité ?

Sacha Walckhoff : Vivre le beau.

 

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?

Sacha Walckhoff : Un billet « écran souple » où l’on pourrait éditer l’image de son choix.

 

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?

Sacha Walckhoff : Boucher.

 

Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?

Sacha Walckhoff : Je ne suis pas photographe mais suis un passionné d’images que je compile dans des carnets depuis plus de 20 ans… Cela représente des milliers et des milliers d’images collées sur des pages blanches… c’est un peu extravagant de nos jours de passer des heures à découper et coller des images, mais c’est ma façon de les regarder encore mieux, de les confronter et de les faire dialoguer.

 

Votre plus grand regret ?

Sacha Walckhoff : Ne pas avoir laissé Keith Haring dessiner sur mon ciré jaune lorsque j’étais adolescent… mais je suis très heureux de l’avoir croisé, c’était une belle âme.

 

Instagram, Tik Tok ou Snapchat ?

Sacha Walckhoff : Instagram, mais certaines vidéos sur Tik Tok ou Vimeo m’amusent.

 

Couleur ou N&B ?

Sacha Walckhoff : Les deux.

 

Lumière du jour ou lumière artificielle ?

Sacha Walckhoff : Les deux aussi.

 

Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?

Sacha Walckhoff : Je ne fréquente pas les salopards.

 

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?

Sacha Walckhoff : Je ne préfère pas la voir, mais votre question me fait penser au portrait de Dorian Gray… une belle image, paravent de toutes les turpitudes.

Website : www.walckhoff.com

Instagram : sacha.walckhoff

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