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Le Questionnaire : Michel Tréhet par Carole Schmitz

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Michel Tréhet : Un rapport obsessionnel à l’image

Originaire du Havre, Michel Tréhet est à la fois peintre, directeur artistique et photographe.

Après avoir été diplômé de l’école des Beaux-Arts (mention Arts graphiques et Publicité) en 1968, il travaille comme directeur artistique dans la pub, avant quelques années plus tard d’intégrer l’agence Opéra/BDDP.

Parallèlement, du Havre à Paris en passant par New-York Tokyo ou encore Genève, il expose en tant qu’artiste peintre. En 1993, il vole de ses propres ailes et devient créatif pour différentes grandes marques.

En 2009, c’est la photographie qui le happe. En découle une série dédiée à Deauville et Trouville. Puis une autre : Flash sur lA13”, photographies réalisées à partir dun téléphone portable sur la route. En 2014 à l’occasion du festival de la photographie de Deauville il réalise une série en N&B dans laquelle il intègre une Barbie Collector habillée par les plus grands créateurs de mode (Christian Dior, Chanel, Givenchy, Louboutin, etc…).  L’exposition voyagera de Shanghai à Paris, en passant par St-Tropez et Honfleur.

Depuis 2015, il développe Archisable” de Tina Dassault, un projet photographique où des architectes de renommé internationale sont invités à se confronter au sable sur la plage. Il rend ainsi par limage, l’éphémère immémorial.

Son univers est épuré et graphique autour d’un langage sobre. Ses créations parlent de moment de vie avec un regard très personnel.

La photographie est pour lui un moyen d’expression, qui transmet l’émotion, l’imagination, les souvenirs. C’est une belle façon de raconter des histoires. Le rôle du photographe n’est autre que montrer les choses sous leurs meilleurs jours, sans artifice, en noir et blanc.

 

Website : micheltrehet.com
Instagram : micheltrehet

 

Votre premier déclic photographique ?
Michel Tréhet : A 14 ans, C’est une photo que j’ai réalisée au Havre, d’Eric Tabarly sur Pen Duick. J’étais juste à côté. J’ai perdu ce tirage aujourd’hui, mais je me souviens de la pose de Tabarly, donnant l’impression de danser sur le pont du voilier. J’avais capté, sans m’en rendre compte, une attitude expressive et insolite.

Lhomme dimages qui vous inspire ?
Michel Tréhet : Wim Wenders photographe. Le plus proche de mon écriture aujourd’hui. J’aime son regard composé, graphique et efficace. Que l’on retrouve dans Paris Texas notamment.

Limage que vous auriez aimé faire ?
Michel Tréhet : J’aurais aimé être à New-York lors de la panne d’électricité en 1997, éclairé par les phares des automobilistes. Mais je ne fus photographe professionnel qu’à partir de 2010, après des études au Beaux Arts et directeur artistique en agence de publicité.

Celle qui vous a le plus ému ?
Michel Tréhet : Une photo de Steve McCurry, the afghan girl.

Et celle qui vous a mis en colère ?
Michel Tréhet : La petite fille au napalm du photographe Nick Ut pendant la guerre du Vietnam est particulièrement choquante et montre l’atrocité d’une guerre.
Ce qui me met en colère, c’est que l’on ne tire aucune leçon de l’histoire.

Une image clé de votre panthéon personnel ?
Michel Tréhet : “Les Roches Noires à Trouville” Parce qu’elle va plus loin qu’une simple photographie. C’est une peinture. Elle est unique et plus réalisable aujourd’hui. Beaucoup l’ont copiée mais ne l’ont pas comprise.

Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez dacquérir ?
Michel Tréhet : Je suis fasciné par Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol.
C’est assez banal j’en conviens mais ils me sont familiers, tout comme les Beatles ou David Bowie. J’aime leur parcours, j’aime leur écriture, je me sens proche
et donc je choisirais l’autoportrait de Warhol.

Selon vous quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Michel Tréhet : l’obsession sans compromis.

Le secret de limage parfaite, si elle existe ?
Michel Tréhet : L’émotion. Souvent la concordance de plusieurs éléments qui la compose. La photo n’a pas besoin de légende, On ne vend pas la photo. Mais elle est parfaite pour qui ?

La personne que vous rêveriez de photographier ?
Michel Tréhet : Aucune. Je n’ai pas envie de photographier une personne qui va me dire : retire moi les rides, rectifie ma bouche, je suis mal coiffé, …

Un livre photo indispensable ?
Michel Tréhet : j’ai une bibliothèque riche en talents. Elle vit, bouge. Je la regarde,
la déplace, je l’ouvre, je m’enrichis, je la connais, elle est active, c’est un bonheur. Tous les livres sont indispensables. Toute ma bibliothèque est indispensable.
De Lindberg à Issermann, de Weiss à Sarah Moon, de Rodtchenko à Wim Wenders, de Olaf à Irvin Penn, … Ils jouent tous un rôle de références.

Lappareil photo de votre enfance ?
Michel Tréhet : le Brownie Flash Kodak, l’instamatic 124 Kodak, Polaroid, …

Celui que vous utilisez aujourdhui ?
Michel Tréhet : L’Iphone, le Nikon D850, le Nikon D4S, en fait peu importe. Je me sens plus créatif que photographe. Ma première expo a été réalisée avec le premier téléphone portable avec un appareil photo intégré en 2010. Photos que je prenais quotidiennement sur la route entre Deauville et Paris.

Votre drogue favorite ?
Michel Tréhet : L’arrêt sur image : l’introspection voire la solitude : je déteste me promener avec un appareil photo.

La meilleure façon de déconnecter pour vous ?
Michel Tréhet : Le jeu du Solitaire sur mon portable, pas toujours déconnecté ! une heure sur la plage quel que soit le temps.

Quel est votre rapport à limage ?
Michel Tréhet : Il est obsessionnel. Je ne vis qu’en images. Je suis fasciné que par l’image. je regarde des films sans le son, pour mieux lire l’image.

Votre plus grande qualité ?
Michel Tréhet : La sagesse, la patience, la quête de la perfection qui peuvent être parfois le défaut de mes qualités.

Votre dernière folie ?
Michel Tréhet : Je manque de folie. Ma formation aux Beaux arts m’a donné le goût de la rectitude, l’alignement. Tout est réfléchi et rien n’est gratuit. Ce manque de folie peut créer souvent une véritable frustration que je vais essayer de réparer.

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Michel Tréhet : Peut-être un Basquiat. Apporter de l’art, de l’imaginaire, de la tolérance, du talent mais à la fois pas de la spéculation… Donc, tout blanc le billet en braille.

Le métier que vous nauriez pas aimé faire ?
Michel Tréhet : vendeur de Tours Eiffel lumineuses en plastique made in china.

Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Michel Tréhet : C’est peut-être d’avoir construit en 2 mois une exposition présentant 60 photographies de Barbie collector pour ses 60 ans. La presse à adoré.

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Michel Tréhet : Cuba. J’aimerai savoir quel regard j’aurai sur ce décor tellement photographié mais aussi banalisé. On a l’impression de voir toujours les mêmes photos. Sauf dans le regard d’Agnès Varda.

Lendroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Michel Tréhet : la plage. depuis mon enfance, j’ai la chance de vivre au bord de la mer et j’en abuse encore aujourd’hui.

Votre plus grand regret ?
Michel Tréhet : Ma modestie et ne pas avoir cru en moi.

Coté réseaux sociaux, êtes vous plutôt Instagram, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Michel Tréhet : Je suis plutôt Insta, une façon de présenter mon travail mais j’ai beaucoup de recul sur les réseaux. Aujourd’hui avec les moyens technologiques, tout le monde peut faire des photos et les diffuser. Beaucoup pensent être des « photographes professionnels » sans problème avec le droit à l’image.

Couleur ou N&B ?
Michel Tréhet : Les deux. Certaines images vivent bien en couleur quand ça fait partie de l’histoire. Le N&b uniformise l’image et évite les mariages de couleurs malheureux.

Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Michel Tréhet : J’adore les accidents de la lumière du jour. c’est en fait très subtil.

La ville la plus photogénique selon vous ?
Michel Tréhet : Brasilia. Un véritable musée à ciel ouvert, Patrimoine Mondial de l’UNESCO.

Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Michel Tréhet : Non. pas plus lui qu’un autre d’ailleurs.

Si je pouvais organiser votre diner idéal, quelles seraient les personnes présentent autour de la table ?
Michel Tréhet : Philippe Stark, Andy Wahrol, Jean-Michel Basquiat, Simone Veil,
John Lennon, Jean Nouvel, Anne-Sophie Pic, Gilles Mitteau, Caroline Receveur, Bernard Arnault, Bill Gates, Greta Thunberg, …, plan de table un peu complexe !

Limage qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Michel Tréhet : L’image est la destruction, l’intolérance, l’égoïsme, la pauvreté, la dictature, la pollution, … alors on pourrait montrer une image qui présente la beauté de la nature pour mieux faire prendre conscience de l’état de catastrophe.
“Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants”.

Quest ce qui manque au monde daujourdhui ?
Michel Tréhet : La beauté du cœur.

Si vous deviez tout recommencer ?
Michel Tréhet : Oui je recommence en essayant de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Je me sens toujours l’âme d’un enfant et regarde le monde avec des yeux innocents. Tout est un éternel recommencement, une renaissance donc tout est possible.

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