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Le Questionnaire : Albert Watson par Carole Schmitz

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Légendaire.

D’origine écossaise, Albert Watson marque l’art de la photographie depuis près d’un demi siècle.

Il étudie le graphisme au Duncan of Jordanstone College of Art and Design de Dundee et suit en parallèle une formation en cinéma et audiovisuel au Royal College of Art. Malgré un œil défaillant, il décide d’étudier également la photographie, qu’il pratiquera d’abord en amateur jusque dans les années 1970.

Alors qu’avec son épouse Elizabeth, il décide de venir s’installer aux Etats Unis, Albert rencontre un des directeurs artistiques de Max Factor pour qui il accepte de faire un test photos, le résultat est concluant puisqu’il vendra deux de ses clichés à la marque. Son style attire sans tarder l’attention des plus grands magazines américains et européens.

Les allers retours fréquents entre démarre entre New York et Los Angeles. Son premier portrait de personnalité est celui d’Alfred Hitchcock, tenant une oie morte par le cou. Le cliché est proposé dans le numéro de Noël de Harper’s Bazaar, autant dire que l’enjeu était important pour ce jeune photographe tout juste sortie de son école de cinéma. Cette image marquera un tournant important dans sa carrière et deviendra l’un de ses portraits les plus célèbres… parmi des centaines d’autres bien entendu. Dès lors, stars du rock, icônes hollywoodiennes, rappeurs, top modèles, le couple Clinton ou encore la reine Elizabeth II se feront immortalisés par lui.

En 1975, il décide de s’installer à New York où son travail est de plus en plus réclamé. Là, il réalise des centaines de campagnes de publicité et des films publicitaires pour des marques aussi diverses que Gap, Levi’s, Revlon, Chanel…

En parallèle, il continue d’étendre son univers visuel et de travailler sur des projets personnels d’envergure, en s’inspirant de ses voyages à Marrakech ou Las Vegas notamment.

Ses photographies sont aussi provocatrices qu’esthétique. Son langage visuel se caractérise par des contrastes très marqués. L’éclairage qu’il s’applique à utiliser, traduit une maîtrise extrême de la technique a mise en lumière des sujets, plus spécifiquement des objets fétiches et des modèles, crée une ambiance qui invite à la méditation.     Reconnu comme le maître en la matière, il a gagné de nombreux prix dont trois Andy Awards pour ses publicités et un Grammy Award pour l’ensemble de son œuvre

S’il est aujourd’hui l’un des photographe les plus influents – aux cotés d’Annie Leibovitz et Irving Penn, les images Albert Watson sont régulièrement exposés dans les galeries et les musées du monde entier.

Si Albert Watson vit et travaille toujours dans le West Village à New York. Son studio, qui accueille des expositions privées, abrite également ses archives, sous la forme de millions de tirages et de négatifs qui témoignent de son parcours exceptionnel.

 

Votre premier déclic photographique ?

Albert Watson : La toute première fois que j’ai touché un appareil photo j’avais 15 ans, et j’ai pris des photos de ma plus jeune soeur avec le Brownie de mon père. Ensuite je devais avoir 22 ans lorsque je me suis réintéressé à la photo dans le cadre des mes études.

 

Le photographe qui vous inspire ?

Albert Watson : Je n’avais pas vraiment de culture photographique au début et je m’intéressais d’avantage à la technique, j’étais notamment fasciné par ce que l’on pouvait faire dans la chambre noire, car ce qui m’importait le plus à cette époque c’était les arts graphiques. Mais petit à petit dans les années 65,66,67, j’ai étudié le travail d’autres photographes de tous les horizons et de tous les styles, parmi lesquels  Eugene Smith, Richard Avedon, et Irving Penn. A cette époque j’aimais aussi beaucoup les photographes européens comme Rodchenko, Julio Cortes ou Brassaï. Donc pour répondre à votre question, ils ont été nombreux à m’inspirer à mes débuts. Je fonctionnais comme une éponge, j’absorbais tout ce que je pouvais pour nourrir mon imaginaire. Je m’intéresse aujourd’hui encore à de nombreuses choses.

 

Celle qui vous a le plus ému ?

Albert Watson : Je me rappelle d’un incident qui est survenu il y a quelques années, ce fut un joli moment. C’était en Chine dans les années 70, je faisais des photos dans une école où l’on formait des gymnastes, et je me souviens de cette enfant âgée d’à peine 5 ans me prenant la main et me parlant en chinois bien entendu, mon traducteur m’expliqua alors qu’elle voulait que je la prenne en photo pendant qu’elle exécuterait une figure sur la poutre. En arrière plan il y avait le portrait de Mao accroché au mur. Elle monta sur la poutre, la position de son corps était incroyable, tout était parfait, ses mains, ses bras, ses jambes, et pendant une long moment elle tint sa position sans bouger. Ce n’était pas une photo extrêmement spectaculaire, mais elle reste importante pour moi car ce fut un moment émouvant pour moi.

 

Et celle qui vous a mis en colère ?

Albert Watson : Il est difficile de parler d’une seule image. Je vous parlerai plutôt d’une situation dans la j’ai été en colère contre moi. C’était au cours d’une prise de vue pour une campagne internationale Estée Lauder, je me souviens du mannequin, nous avons fait un test Polaroïd, j’étais plutôt satisfait du résultat et je l’ai montré au D.A. de chez Lauder qui aimait bien mais qui n’était pas convaincu par la chemise que portait le mannequin qui est donc partie se changer. Mais ce changement n’était pas simplement vestimentaire, il impliqua également un changement de coiffure et de maquillage… et tout ce passa bien. Et à la fin de la séance, le D.A. regarda à nouveau le premier Polaroïd que nous avions fait et me demanda si j’avais fait des clichés de cette tenue, ce à quoi je lui ai répondu que non puisqu’il n’avait pas aimé la chemise… et il me répondit : « c’est bien dommage, car c’est pour moi la plus belle image de la journée. ». Au départ, je me suis dit tant pis pour lui, c’était sa décision. Mais plus j’y réfléchissais ensuite, plus j’étais en colère contre moi même, car dès le départ, je savais que cette photo était la bonne, et pendant que le Polaroïd se développait, j’aurais facilement pu faire quelques images et nous l’aurions eu ! Au final, j’étais tellement contrarier par moi même, que je n’ai jamais plus laissé une telle situation se reproduire. Ce fut une leçon !

 

La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?

Albert Watson : Il faut être obsédé par la photographie. Etre passionné aussi, ne rien lâcher jamais, travailler sans relache. Simplement aimer prendre des photos ne suffit pas. Aujourd’hui encore, la photographie m’obsède.

 

Le secret de l’image parfaite, si elle existe ?

Albert Watson : Pour moi elle doit être simple et mémorable. Elle doit avoir ce petit truc en plus qui va lui donner du pouvoir.

 

Votre premier appareil photo ?

Albert Watson : Mon premier appareil m’a été offert par mon épouse. C’était un Fujimatic.

 

Celui que vous utilisez actuellement ?

Albert Watson : Phase One

 

Votre drogue préférée ?

Albert Watson : Au sens premier du terme, je n’ai jamais pris de drogue. Mais je reste très britannique et rien de mieux qu’une bonne tasse de thé et un bon film. Voyager est également une des mes drogue favorite.

 

Votre plus grande qualité ?

Albert Watson : Je l’ai hérité de mon père : Je suis très patient

 

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?

Albert Watson : Ce serait formidable d’y mettre le portrait des scientifiques qui ont oeuvré pour trouver le vaccin contre le Covid 19.

 

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?

Albert Watson : Lorsque j’étais jeune, j’ai travaillé pour une société de nettoyage. Mon travail consistait à retirer la graisse sur les murs et je dois avouer que je n’ai pas du tout aimé faire cela, c’était très déprimant, les journées étaient interminables, et je ne vous parle pas des odeurs… Voilà quelque chose que j’ai fait et que je ne voudrais refaire pour rien au monde. Mais, si je dois vous citer un métier que je n’aurais pas aimé faire, ce serait chirurgien, l’idée d’inciser un corps m’est insupportable.

 

Votre plus grande extravagance ?

Albert Watson : Lors d’un shooting mode il y a quelques années déjà, j’ai demandé à ce que l’on m’achète une machine à vent. Je l’ai gardé jusque’à il y a peu

 

Votre plus grand regret ?

Albert Watson : A cause de mon obsession, je regrette peut être d’avoir autant travaillé et pas assez pris le temps de profiter de la vie.

 

Instagram, Facebook, TikTok ou snapchat ?

Albert Watson : Instagram, cela me permet de partager mon travail avec le plus grand nombre. J’ai de nombres archives, et il y a aussi mes livres, mes travaux personnels, etc…

 

Couleur ou N&B ?

Albert Watson : J’aime les deux avec une très petite préférence pour le N&B.

 

Lumière du jour ou lumière de studio ?

Albert Watson : Là aussi j’aime les deux. En studio, la technique est plus importante.

 

Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou prendriez-vous un selfie avec lui ?

Albert Watson : Cela m’amuserait de faire son portrait et je lui laisserai le soin de faire sa propre lumière.

 

« Creating Photographs » paru en mai dernier chez Laurence King Publishing, un livre dans lequel il dispense ses conseils d’expert pour réussir dans le métier.

https://www.laurenceking.com/product/albert-watson/

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