Le dannois Peter Sekaer, qui photographia l’Amérique juste après la Grande Dépression dans la lignée de ses amis Walker Evans et Berenice Abbot, a été assez injustement oublié depuis sa mort à l’âge de 49 ans en 1950. Signs of Life, la première exposition majeure dédiée par un musée à l’oeuvre de Sekaer, redonne vie à son héritage négligé.
L’exposition de huit images noir et blanc à l’International Center of Photography, et le livre qui l’accompagne, tirent leur nom des photographies que Sekaer consacre régulièrement aux signes indicateurs sur les murs et les vitrines des magasins, aux affiches de films, et aux publicités – une pratique bien antérieure au travail d’artistes comme Ed Ruscha. Mais Signs of Life est d’abord une vitrine de l’âge d’or de la photographie documentaire : quartiers pauvres, façades de buildings, et portraits des classes défavorisées.
Sekaer, qui quitta sa Copenhague natale à l’âge de dix-sept ans pour échapper à un père despotique, traversa les Etats-Unis à la fin des années 30 pour le compte de nombreuses agences avant de se fixer pendant le New Deal de Roosevelt. Les images réalisées pendant ce voyage, qui mettent notamment en scènes des chaînes de forçats, ou des prostituées dans un bordel de la Nouvelle-Orléans, évitent de tomber aussi bien dans la propagande que dans l’esthétisme pur, penchant plutôt pour une « compréhension empathique ». Dans une Amérique livrée à une récession assez similaire soixante-quinze ans plus tard, le résultat, qui évite à la fois l’apitoiement et le faux héroïsme, frappe par son actualité.
Jacques Menasche
Signs of Life: Photographs by Peter Sekaer
International Center of Photography
Until January 8, 2012
1133 Avenue of the Americas at 43rd Street
New York, NY 10036
Phone: 212.857.0000
Tuesday–Thursday: 10:00 am–6:00 pm
Friday: 10:00 am–8:00 pm
Saturday–Sunday: 10:00 am–6:00 pm