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Tokyo Rumando, Je suis seulement heureuse lorsque je suis nue

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Tokyo Rumando est une jeune photographe de Tokyo, née en 1980. Après une carrière dans le mannequinat, elle décide de s’emparer de l’objectif, pour l’orienter sur elle-même. Créant alors des mises en scènes soigneusement élaborées, elle imagine des personnages et explore toutes les personnalités qui sont les siennes. « Je suis photographe, spectatrice, artiste, thème, et réalisatrice tout à la fois. La création d’images n’a aucun sens si je ne peux pas représenter la globalité de mon univers », dit-elle.

Le travail de Tokyo Rumando révèle un élan intuitif vers l’authentique qui se joue des rôles sexués imposés par la société patriarcale japonaise à ses femmes. Elle badine avec le regard mâle, comme l’ont fait avant elle des photographes occidentales telles que Cindy Sherman, et propose sa propre vision de l’identité, de la sexualité et de l’intime. À cet égard, elle fait partie du phénomène des « Girlie Photographers », un mouvement apparu vers le milieu des années 1990 et au travers duquel la photographie, appropriée par les femmes, devient un moyen central d’expression personnelle et identitaire.

Malgré la jeunesse de l’artiste, certains de ses travaux, tirés de la séquence Orphée, ont figuré en 2016 au sein d’une exposition majeure de la Tate Modern de Londres intitulée Performing for the Camera. Dans sa série Rest 3000 Stay 5000 (2012), Tokyo Rumando s’immerge dans la sphère des love hotels, dont elle a exploré plus d’une vingtaine à Tokyo, levant pour nous un coin du voile sur ce monde énigmatique et différent.

Pour Orphée (2014), l’artiste se poste à côté d’un miroir magique et endosse vingt-six rôles différents. La glace reflète sa réalité tout en recueillant des souvenirs qu’elle avait perdus. Pour elle, le schéma répétitif de la composition représente l’oppression et fait ressortir des thèmes associés à l’horreur et à la folie. Cette composition ne met pas en scène une confrontation entre elle-même et son reflet : l’auteure regarde plutôt les scènes de loin, comme une étrangère. Cette série, qu’elle a baptisée en pensant au film éponyme de Jean Cocteau, lui permet de se regarder elle-même avec objectivité. « Je refaçonnais mon moi intérieur, en le projetant sur une image avant de le réintroduire en moi. Je n’ai pas l’impression d’avoir trouvé, mais plutôt d’avoir reçu quelque chose. »

Des œuvres choisies parmi ces séries sont exposées en ce moment à la galerie IBASHO d’Anvers, avec un éventail de clichés Polaroid tirés de sa série la plus récente, intitulée Peel Apart, des images qu’elle a prises d’elle-même au fil des ans. « Quand j’ai reçu mon Polaroid, j’étais au lycée, raconte-t-elle. C’était un gadget divertissant, qui permettait de capturer l’instant et de s’amuser entre amis. Je m’en servais aussi pour m’exercer à l’autoportrait. Avec ce type de cliché, on peut documenter la réalité, et je prends des photos qui relient présent, passé et futur. Lorsque je regarde leurs couleurs uniques, je vois une multitude de particules colorées, qui évoquent pour moi l’univers. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais cela me donne un sentiment d’exaltation. »

 

Tokyo Rumando, I’m only happy when I’m naked
25 janvier – 4 mars 2018
IBASHO Gallery
Tolstraat 67
2000 Anvers
Belgique

www.ibashogallery.com

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