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Presses de la Cité : Sacha Goldberger : Les Invisibles de l’Élysée

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Sacha Goldberger est un photographe qui a un goût très prononcé pour la mise en scène. Et ses clichés le prouvent tant ils sont hallucinants laissant entrevoir un travail de titan digne des super-productions hollywoodiennes. Pour lui chaque détail compte. Mais, une fois n’est pas coutume, pour ce livre consacré à ceux qui généralement sont dans l’ombre de l’Élysée, ses images sont différentes, mais toujours aussi surprenantes. Rencontre…

 

Comment est née l’idée de ce livre ?
Sacha Goldberger : J’ai été contacté il y a un peu moins d’un an par Emery Doligé qui est l’auteur de cet ouvrage « Les invisibles de l’Elysée ». A ce moment là il envisageait de réaliser une série d’interviews de ces personnes qui travaillent à l’Elysée et dont on ne parle jamais, et souhaitait que je fasse leurs portraits. Ma première réaction a été de lui dire que je n’étais sans doute pas la bonne personne pour ce travail, mes productions étant en général beaucoup plus complexe. Mais il a insisté, et je l’en remercie d’ailleurs, car grâce à cela j’ai eu le plaisir de travailler sur un projet exceptionnel dans le sens où il était très différent de ce que je fait d’habitude, mais également parce qu’il m’a permis d’entrer dans un des plus beaux palais de la République et de rencontrer des personnalités hors du commun.

Comment avez vous abordé ce projet ?
Sacha Goldberger : J’ai beaucoup réfléchi après que nous nous soyons mis d’accord sur le projet, particulièrement en ce qui concerne la lumière afin que ce soit un peu différent en matière de rendu. Il m’est à un moment paru évident qu’il fallait travailler dans l’ombre et faire ressortir les personnages par le biais de la lumière. Je suis arrivé avec une idée très précise du rendu que je souhaitais, mais au final, cette série est loin de ce que j’avais imaginé, car au delà de la technique et de la manière dans j’ai réalisé ces images, j’ai rencontré 30 personnalités hors du commun et j’ai fais 30 photos dans lesquelles j’ai tenté de faire ressortir un maximum de leur humanité.

« Ce livre est un projet projet humain bien plus que technique et photographique » – Sacha Goldberger

Ce projet est loin de l’univers que l’on vous connait, mais on sent néanmoins votre patte. Qu’en pensez-vous ?
Sacha Goldberger : Lorsque je démarre un projet quel qu’il soit, j’essaie toujours de produire des choses différentes, tout d’abord parce que ce sont souvent des projets qui nécessitent beaucoup de temps et d’investissement, mais également parce que je n’ai ni la patience, ni l’envie de faire deux fois la même chose… Probablement un « défaut » qui me vient de mon ancien métier de publicitaire. (Rires)… Je suis donc souvent surpris lorsqu’on me dit que « ma patte » est reconnaissable. Mais probablement n’ai-je pas le recul suffisant pour m’en rendre compte !

Quelle a été la difficulté pour vous dans ce projet ?
Sacha Goldberger : Sans nul doute de n’avoir pu avoir recours à l’humour et au décollage qui souvent me sont chers dans mes projets. Il n’y a pas vraiment de créativité dans cette série. En revanche il y a eu beaucoup de technique photographique avec une lumière travaillée pour mettre chaque personnalité en valeur et la faire sortir de l’ombre.

Le Noir&Blanc s’est donc imposé ?
Sacha Goldberger : Sans doute. J’avais aussi envie d’un rendu très classique pour ne pas figer ces images dans le temps. Sortir ces gens de l’ombre en travaillant les images en N&B était presque une evidence en effet. J’ai fait très attention à ce qu’il y ait du détail partout. Je voulais des images sombres mais pas bouchées. Et la difficulté a été de trouver la limite entre une image trop sombre et une image détaillée.

Le protocole a-t-il été lourd ?
Sacha Goldberger : Oui, cela a été assez compliqué. Tout d’abord parce que je n’ai pas l’habitude de ce genre de contexte et aussi parce qu’eux non plus. J’image qu’à l’Élysée il est plus fréquent de voir arriver des reporters avec juste un sac en bandoulière, parfois un assistant, mais guère plus. Moi, je suis arrivé avec un chariot, des quantité de lumières –rien par rapport à ce que j’utilise d’habitude– mais trop pour eux. Visiblement, ils n’imaginaient pas ce avec quoi je pouvais travailler. Lorsqu’ils m’ont vu arriver ils étaient très étonnés et ce fut une petite lutte pour pouvoir garder le minimum de ce qu’il me fallait pour pouvoir faire les images que je voulais. Mais au fur et à mesure, alors qu’ils voyaient le travail, les premières photos et la manière dont cela se passait, l’atmosphère s’est détendue. Ils avaient compris et j’ai pu travailler comme je le souhaitais. Et puis ne va pas à l’Élysée qui veut comme il veut. Il y a tout un contrôle sur votre identité, il faut montrer patte blanche. Ensuite on est accompagner en permanence, essentiellement afin de veiller à ce que ne soit pas montrer ce qui ne doit pas l’être pour des raisons de sécurité. Tout cela est évidemment d’une logique implacable.

Qu’est ce qui vous a le plus étonné à l’Élysée ?
Sacha Goldberger : Sans hésiter, je dirais la courtoisie de tous les gens que j’ai pu croiser. Qu’il s’agisse des gendarmes, des cuisiniers ou encore des jardiniers, tout le monde vous salue, et vous traite avec respect qui finalement est normal, mais auquel nous ne sommes plus habitués. Lorsqu’on entre à l’Elysée, on entre dans un endroit très spécial avec des gens particuliers. D’ailleurs mon équipe et moi gardons un souvenir exceptionnel de ces trois semaines passées là-bas.

Trois semaines, était ce un temps qui vous a été imposé ?
Sacha Goldberger : Non pas exactement. Je pense qu’ils auraient aimé que j’y passe plus de temps. Hélas au même moment j’avais d’autres projets en route, et ne disposais que de deux semaines qui au final se sont transformées en trois.

Une rencontre qui vous a particulièrement marquée ?
Sacha Goldberger : C’est comme me demander de choisir entre mon père et ma mère ! (Rires). J’ai fait beaucoup de rencontres incroyables. Mais pour répondre à votre question, une personne me revient particulièrement à l’esprit, bien que je pourrais tous les citer. Il s’agit de Luigi, responsable des cadeaux qui semble tout droit sorti « des Tontons Flingueurs ». C’est une sorte de titi parisien, toujours souriant, touchant et attachant. Rentrer dans son univers, c’est comme rentrer dans la caverne d’Ali Baba. L’endroit renferme tous les cadeaux qui ont été faits à l’État Français. Et lui est chargé de les répertorier et d’en prendre soin.
Je pense que personne n’est à l’Élysée par hasard. Tous les gens qui y travaillent sont des personnes d’exception. Et j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir les rencontrer.

Est-ce vous qui avez fait votre casting ?
Sacha Goldberger : Non pas du tout. Le service de communication a sélectionné ces personnes dans quasiment tous les services que l’on peut trouver à l’Élysée afin d’être le plus représentatif possible de tout ce qui fait cette belle maison.

Un regret par rapport à cette série ?
Sacha Goldberger : Ne pas avoir pu immortaliser le Président, même si lui ne fait pas parti de ces invisibles. J’aurai aimé avoir son ombre de manière furtive, ou de dos en arrière plan.

Une exposition est elle prévue ?
Sacha Goldberger : Pas pour l’instant, mais j’aimerais qu’à l’occasion des journées du patrimoine ces images puissent être montrées afin de permettre au grand public de découvrir ces gens qui le méritent vraiment.

 

Les Invisibles de l’Élysée
de Emery Doligé – Photos de Sacha Goldberger
Les Presse de la Cité

https://sachagoldberger.com/

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