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Paris : Œil pour œil

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Signatures, ce n’est pas une agence, ni un collectif, c’est une  « maison de photographes », comme la nomme ses deux créatrices: Frédérique Founès et Marie Karsenty. Lieu où soixante photographes ont trouvé le refuge parfait depuis sa création, il y a cinq ans. C’est depuis leur bureau en plein cœur de Châtelet, l’un des quartiers les plus vivants et cosmopolites de la capitale, que les deux femmes œuvrent à la diffusion et à la production de reportages sociétaux, avec le seul but commun de documenter la société contemporaine.
Signatures souffle ses cinq bougies. Cinq années de chemin parfois tortueux suivi par Frédérique et Marie pour en arriver là où elles en sont aujourd’hui. Elles ont dû se battre pour mettre sur pied cette structure et révolutionner un métier en crise. Elles mettent l’humain au cœur de toutes les attentions, et c’est donc avec l’exposition Œil pour œil et au travers huit regards d’auteur que cet anniversaire est célébré. Rencontre avec deux femmes hors du commun.

L’Œil de la Photographie : Il y a cinq ans vous avez créé Signatures, une « maison de photographes ». Comment s’est construit le projet ?
Frédérique Founès et Marie Karsenty : Nous avions travaillé dans la même agence durant sept ans. Quand celle-ci a été mise en liquidation judiciaire, victime de la crise qui touchait déjà nos métiers, nous avons eu envie de continuer à travailler avec les photographes en inventant un nouveau modèle, à mi-chemin entre agence et collectif. Une structure légère avec très peu de charges et une plus grande proximité avec les auteurs. Nous avions par ailleurs des parcours, des expériences et des compétences très différentes, donc complémentaires.

ODP : Quelle a été l’évolution du projet depuis sa création ?
FF & MK : Nous avons débuté par une collaboration avec 40 photographes. Chaque année, nous ouvrons nos portes à de nouveaux auteurs, choisis avec les membres de l’agence à l’issue d’une réunion annuelle. Depuis la création de la société, nous avons diversifié les approches photographiques en accueillant des photographes documentaires, des portraitistes et des illustrateurs, tout en gardant notre ligne éditoriale : documenter la société contemporaine.
Nos domaines d’activité se sont également élargis. Au-delà de la diffusion d’archives et de collaboration avec la presse et l’édition, nous proposons un catalogue d’expositions à la location, travaillons avec les entreprises, les agences de communication et les institutions. Nous développons aussi la vente de tirages, et certains de nos auteurs sont entrés dans des collections publiques et privées par notre intermédiaire. Nous intervenons également sur le montage de projets éditoriaux ou d’exposition menés par nos photographes, par la recherche de financement, la direction artistique ou la scénographie.

ODP : Signatures représente 59 photographes. Que recherchez-vous chez un photographe ?
FF & MK : Il doit avoir une identité photographique et son travail doit s’inscrire dans notre ligne éditoriale, qui reste sociétale. Ce qui n’empêche pas la diversité d’approches et d’expériences : dans Œil pour œil, par exemple, Bernard Plossu, que l’on ne présente plus, côtoie Michel Nguie, jeune photographe bordelais ; le reportage de Bruno Amsellem est mis en regard avec l’approche plasticienne de Tina Merandon, etc.

ODP : Œil pour œil ouvre ses portes mardi prochain, qu’avez-vous souhaité exprimer avec cette exposition ? Pourquoi ce choix de ces huit photographes ?
FF & MK : L’exposition s’articule sur des dialogues entre différents travaux photographiques et des espaces dédiés à des livres, des publications remarquables de Signatures depuis cinq ans. La scénographie concilie plusieurs reportages et séries, avec les exigences d’une présentation collective, en organisant la confrontation et le dialogue entre les photographes. Dans chaque pièce de l’Hôtel de Sauroy, les auteurs se croisent.
Nous proposons dans cette exposition une vision de la société à travers huit interrogations qui nous semblent fondamentales : la peur, l’étranger, les colères, la mort, le sexe, l’intimité, l’état limite et le dérèglement climatique. Nous ne faisons pas un constat pessimiste. Chaque approche photographique est duale. Si l’on prend par exemple le travail de Johann Rousselot sur les jeunes révolutionnaires, les mois passant, la plupart se sont fait confisquer leur révolution, mais leur énergie reste identique et un pas a été franchi. Lorsque Bruno Amsellem décide de suivre les allers-retours de Tarzan Covaci entre la France et la Roumanie, il ne s’agit pas d’un sujet angélique ou polémique sur les Roms, mais d’une histoire de pauvreté en Europe.

ODP : Œil pour œil, pourquoi ce titre ?
FF & MK : Il y a dans ce titre la dimension symbolique de la « faute » et du « châtiment » que l’on peut trouver dans le travail sur le réchauffement climatique de Raphaël Helle ou dans la série Primal d’Éric Dexheimer et, plus simplement, dans tous les thèmes explorés dans l’exposition. Et bien évidemment le plaisir de croiser les regards et d’interroger les photographes. Pour prolonger l’exposition, plusieurs rencontres publiques, organisées entre autres avec le Musée français de la photographie et la revue Fisheye permettront de dialoguer avec des historiens, des universitaires et des photographes d’autres horizons.

L’Œil de la Photographie est partenaire de l’événement. Chaque semaine, sur toute la durée de l’exposition, nous vous présenterons les portfolios de chacun de ses huit photographes.

EXPOSITION
Œil pour œil
Regards croisés, cinq ans de Signatures
Du 17 mai au 14 juin 2014
Vernissage le 20 mai de 18h à 21h30
Hôtel de Sauroy
58, rue Charlot
75003
Paris

France
Entrée libre
Photographes exposés : Bernard Plossu (Intime), Bruno Amsellem (Etranger), Xavier Lambours (Sexe), Raphaël Helle (Dérèglement climatique), Johann Rousselot (Colères), Tina Merandon (Peurs), Eric Dexheimer (Mort) et Michel Nguie (Borderline)

RENCONTRE
« Tous photographes ? La notion d’auteur »
Avec André Gunthert, professeur, chercheur en histoire culturelle et études visuelles, Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Frédéric Delangle et Tina Merandon, photographe. Modération : Benoit Baume, directeur de la rédaction et de la publication de Fisheye.
Le dimanche 18 mai à 17h30
Hôtel de Sauroy
58, rue Charlot
75003
Paris

France
Entrée libre

http://www.signatures-photographies.com

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