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Le Questionnaire : Louis Teran par Carole Schmitz

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Louis Teran : A la recherche de l’imperceptible.

Né à Paris en 1981, fan de musique, Louis Teran part pour Londres une fois son bac en poche. Après quelque temps, il rentre en France et vit de petits boulots. La question de son avenir se pose, et c’est en se remémorant les images du film « Les Anges déchus » de Wong Kar-Wai qu’un déclic se produit. Il fait alors un premier stage chez Jean-François Aloïsi pour apprendre les bases du métier. Puis, devient l’assistant de Jean-Baptiste Mondino. Il observe, s’imprègne, apprend à aller à l’essentiel. Louis Teran a trouvé sa voie.

Aujourd’hui à son tour, artiste à part entière, Louis Teran aime manier l’art du portrait. Qu’ils soient célèbres ou non, ses personnages sont traités de la même manière. Il les soumet au sérum de vérité de son objectif détecte leurs fêlures, pose sur eux un regard franc.
En tant que photographe il se plait à traquer la singularité. Un brin voyeur, très observateur, il va chercher en chacun ce je ne sais quoi imperceptible à l’œil nu. Il décrypte les silences, les non-dits pour mettre en lumière sa vérité en toute transparence.

Ses prises de vue ressemblent à des échanges où chacun, photographe et modèle donne un peu de soi, Si en s’en amusant, il prétend n’avoir aucune technique, il est évident qu’il sait manier la lumière et composer son cadre. Son appareil photo n’est que l’outil qui lui permet de transposer son regard sur les gens en une nouvel réalité.

Il ne donne aucun titre à ses photos, préférant leur offrir une existence anonyme et laisser le spectateur y trouver ce qu’il souhaite, car pour Louis Teran, le seul acte de photographier n’est pas anodin et la confiance avec son modèle est primordiale. C’est là que s’installe un jeu de séduction entre le photographe et son sujet pour ne faire qu’un et capter « LE » moment.

Si, Louis Teran est d’abord un photographe du noir et blanc, c’est avant tout grâce à son admiration pour d’Alfred Stieglitz. Ill compose ses photographies comme des arrêts sur image de film. Il met en scène ses modèles sans pour autant leur ôter leur caractère vivant.

 

Instagram : louisteran

Website : louisteran.net

 

Votre premier déclic photographique ?
Louis Teran
 : Les anges déchus, de Wong Kar Waï. L’importance du style.

L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Louis Teran
 : Federico Fellini.

L’image que vous auriez aimé faire ?
Louis Teran
 : N’importe quelle image de Sarah Moon.

Celle qui vous a le plus ému ?
Louis Teran
 : Récemment une photo d’Ana Magnani sur laqulle je suis retombé, lorsqu’elle chante à table dans Mamma Roma de Pasolini. Elle est magnifique.

Et celle qui vous a mis en colère ?
Louis Teran
 : Aucune.

Une image clé de votre panthéon personnel ?
Louis Teran
 : The Flatiron, d’Alfred Stieglitz.

Un souvenir photographique de votre enfance ?
Louis Teran
 : Des images du film Cocoon, de Ron Howard.

Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre d’art que vous rêveriez d’acquérir ?
Louis Teran
 : Two figures, 1953, de Francis Bacon.

Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Louis Teran
 : La manipulation des situations.

Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Louis Teran
 : La déraison, et tout le reste.

La personne que vous aimeriez ou auriez aimé photographier ?
Louis Teran
 : Orson Welles.

Le photographe par qui vous aimeriez vous faire tirer le portrait ?
Louis Teran
 : Edward Steichen.

Un livre de photos indispensable ?
Louis Teran
 : Avoir un livre de Harry Gruyaert chez soi c’est toujours sympa!

L’appareil photo de votre enfance ?
Louis Teran
 : Un jetable de Kodak.

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Louis Teran
 : Le R6 de chez Canon.

Votre drogue préférée ?
Louis Teran
 : L’huile d’olive.

La meilleure façon de vous déconnecter ?
Louis Teran
 : M’enivrer avec un bon vin.

Quel est votre rapport personnel à l’image ?
Louis Teran
 : Elle fait partie de mon langage.

Votre plus grande qualité ?
Louis Teran
 : La loyauté.

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Louis Teran
 : Elon Musk sur Mars.

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Louis Teran
 : Inséminateur de vache.

Et si vous n’étiez pas devenu photographe ?
Louis Teran
 : J’aurais aimé être peintre ou footballeur.

Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Louis Teran
 : Si j’en parle je risque une grosse amende.

Quelle est, selon vous, la différence entre la photographie et la photographie d’art ?
Louis Teran
 : La première ne veut rien dire, la seconde essaie de tout dire.

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Louis Teran
 : Palerme.

L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Louis Teran
 : A table.

Votre plus grand regret ?
Louis Teran
 : Ne pas avoir préparé plus sérieusement le concours des Beaux-Arts.

En termes de réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Louis Teran
 : Instagram, car Facebook ressemble à un Ehpad, Tik Tok à un supermarché, et Snapchat a tout perdu de son charme initial. Ceci dit, Instagram a aussi perdu de sa magie.

Qu’est-ce que le numérique et les smartphones ont enlevé ou apporté à la photographie ?
Louis Teran
 : Je fais partie de ceux qui regardent les nouvelles technologies avec beaucoup d’enthousiasme. La photo comme le cinéma ne demandent qu’à être bousculés en permanence. Il faut voir d’où la photo est partie et imaginer la galère que c’était pour prendre une photo à ses débuts. Il fallait être initié. Aujourd’hui, n’importe qui peut prendre une photo exploitable avec un smartphone, et même faire un film! Je trouve ça génial. Le problème n’est pas que tout le monde puisse prendre une photo mais de penser que tout le monde soit capable de faire une vraie photo. C’est là où beaucoup de gens se trompent, professionnels compris. C’est le regard qui compte, pas le support.

Couleur ou N&B ?
Louis Teran
 : Les deux.

Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Louis Teran
 : Lumière du jour.

Votre cœur balance-t-il plus vers l’argentique ou le numérique ?
Louis Teran
 : Je trouve que le numérique est devenu avec le temps tellement plus magique que l’argentique. Les possibilités du numérique et donc de l’aventure digitale sont intarissables, et on a encore rien vu. Récemment, Midjourney et Adobe Firefly ont bouleversé la manière de concevoir une image. Pareil pour le cinéma, bientôt on pourra faire des petits films en rédigeant quelques lignes de script, c’est fou et excitant. Numérique, donc.

Si Dieu existe, lui demanderiez-vous de poser pour vous ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Louis Teran
 : Je le fais poser.

Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
Louis Teran
 : Francis Ford Coppola, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Marie-Antoine Carême, Francis Bacon. Là on est pas mal.

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Louis Teran
 : Une photo de famille des Kardashian.

Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Louis Teran
 : Des gens bien dans leurs pompes.

Si vous deviez tout recommencer ?
Louis Teran
 : Je serais peintre.

Un dernier mot ?
Louis Teran
 : A table!

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