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Le Questionnaire : Júlia Standovár par Carole Schmitz

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S’exprimer quoiqu’il arrive !

Júlia Standovár est une photographe qui vit à Brooklyn depuis 2013. Elle a bénéficié de la bourse d’études József Pécsi en 2018 et 2019. Diplômée de l’Université des arts et du design Moholy-Nagy en licence de photographie en 2013 et de la School of Visual Arts en MA Photo-Vidéo et médias connexes à New York en 2015, elle a  également participé à plusieurs expositions collectives locales et internationales, comme par exemple au Ludwig Museum et au Robert Capa Contemporary Photography Centre à Budapest ou au MoMA PS1 Art Photo Book Fair et à la Every Woman Biennial à New York.

Elle présente actuellement sa première exposition solo « Over the Blue Nipple Hills », organisée par Éda Meggyesházi, à la galerie TOBE. L’exposition explore les questions liées à la sexualité, aux nombreuses couches d’intimité et aux différents niveaux d’intimité à travers des photographies, des œuvres sur papier et des objets concrets. Son imagerie est basée sur le livre du même titre qui a été coécrit par Zsuzsanna Bede, physiologiste sexuelle, et sa fille Júlia Standovár, il contient des conversations sincères entre mère et fille à côté des œuvres d’art.

Depuis ses débuts, Julia travaille simultanément sur plusieurs projets qui sont étroitement liés, imbriqués et influencés les uns par les autres. L’éventail des médias présentés à l’exposition va de la photographie de natures mortes au portrait, en passant par les œuvres sur papier qui ressemblent à des journaux intimes et les objets concrets, qui sont des manifestations matérielles de relations corporelles et personnelles. Ces trois médias laissent place à une interprétation individuelle et commune.

Le caractère unique de l’exposition réside dans le fait que, bien qu’il s’agisse de l’humain, plus précisément des relations personnelles et intimes des gens, le corps n’est pas nécessairement mis en avant. Au contraire, l’artiste attribue aux objets prêts à l’emploi, en partie concrets, des caractéristiques bien connues des relations humaines, de sorte que le corps humain ne devient pas l’intérêt premier du désir et de la fascination. Un objet concret est capable de montrer non seulement les attributs du corps, mais aussi ceux de l’âme, étant donné que l’objet porte la dualité de la dureté et de la fragilité. Le sujet de la famille, qui apparaît le plus souvent sur les photographies, peut être le point de départ d’une interprétation des relations adultes. Ces perceptions sont devenues des indications visuelles de l’intimité sur les notes de type journal intime.

En dépit d’une lecture linéaire, les œuvres d’art créent des dialogues, en faisant appel à leur propre sensibilité, à leur matérialité et à des modèles traçables, construisant ainsi un langage naturel et organique, où les questions de la féminité, des différences générationnelles, de l’existence physique et des tabous de la sexualité sont transmises de manière compréhensible pour le spectateur par l’humour et l’ironie. Les divers médias et leurs documentations personnelles et lyriques sont en parallèle constant avec la synthèse dialogique et réflexive du livre, tandis que l’installation des pièces exposées permet au spectateur de traiter un sujet quotidien à travers ses propres expériences.

Exhibition : www.tobegallery.hu

 

Votre premier clic photographique ?

Julia Standovar : La première photo dont je me souviens et dont je suis fière a été faite en Transylvanie. Nous avions visité une petite église et de l’extérieur j’ai vu une porte latérale à moitié ouverte et à l’intérieur il y avait une chaise  et la lumière du soleil l’illuminais parfaitement.

 

L’homme d’images qui vous inspire ?

Julia Standovar : Au tout début, j’ai été inspirée par les portraits d’Anton Corbij . Plus récemment, je dirais par les œuvres de Carrie Mae Weems, Erin Shirreff, Sarah Lucas et Letha Wilson.

 

L’image que vous auriez aimé faire ? 

Julia Standovar : Mon autoportrait le jour de mon arrivée à New York en 2013.

 

L’image qui vous a le plus émue ? 

Julia Standovar : Il y avait une publicité Benetton montrant un homme mourant du sida, sa famille assise à ses côtés. C’était une campagne assez controversée mais elle est restée gravé dans ma mémoire.

 

Et celle qui vous a mise en colère ?

Julia Standovar : Chaque image sur laquelle apparaît Victor Orban.

 

Une image clé dans votre panthéon personnel ?

Julia Standovar : Il y a une image que j’ai prise de ma sœur et de son petit ami, maintenant son mari. Ils s’embrassent sur un balcon et il y a une brique de lait au premier plan. Cette photo faisait partie de mon dossier de candidature à l’école d’art, c’est le premier tirage que j’ai vendu et elle fait également partie de ma première exposition personnelle à la galerie TOBE.

 

Quelle est la qualité requise pour être un bon photographe ?

Julia Standovar : Il faut être assidu.

 

Le secret de l’image parfaite, s’il existe ? 

Julia Standovar : Je pense que c’est quelque chose d’impalpable lié à ce que vous ressentez lorsque vous appuyez sur le déclencheur et que sans voir l’image, vous savez qu’elle va être bonne.

 

La personne que vous rêveriez de photographier ?

Julia Standovar : J’aimerais photographier ou travailler avec Little Simz. C’est une artiste très inspirante.

 

Un livre photo indispensable ?

Julia Standovar : Pacifico Silano  « I WISH I NEVER SAW THE SUNSHINE, LOOSE

 

L’appareil photo de vos débuts ?

Julia Standovar : Yashica Mat 124 et j’avais un Minolta 35mm, j’ai oublié lequel, ne m’en voulez pas.

 

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?

Julia Standovar : J’utilise un Mamiya RZ 645 pro, un Canon AE-1, un Yashica 13 super et un Hasselblad H5d.

 

Ta drogue préférée ?

Julia Standovar : L’herbe, mais ce n’est pas une drogue  (Rires)

 

La meilleure façon de se déconnecter pour vous ?

Julia Standovar : Marcher avec de la bonne musique, si possible dans la nature. Encore mieux si je peux être au bord de l’eau.

 

Votre plus grande qualité ?

Julia Standovar : J’ai un monde imaginaire très riche. Je peux facilement m’évader dans ma tête où que je sois.

 

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?

Julia Standovar : Les vagues de l’océan.

 

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?

Julia Standovar : En tant que photographe ? Photographier n’importe quel type d’événement… J’aime créer mon propre récit et ma propre atmosphère.

 

Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?

Julia Standovar : J’ai eu un shooting de mode en 2019 au parc national de Hortobagyi en Hongrie et ils ont obtenu plus de 50 chevaux là-bas pour que nous puissions juste jouer avec, et un énorme troupeau de bovins gris hongrois. C’était incroyable.

 

Les valeurs que vous voulez partager à travers vos images ?

Julia Standovar : L’empathie, l’ouverture d’esprit, l’humour avec parfois un soupçon de sensualité .

 

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?

Julia Standovar : J’ai déménagé à New York il y a 8 ans et j’ai l’impression de toujours découvrir la ville, même si je la considère comme « ma maison ».  Mais j’aimerais découvrir le Maroc, Mexico, Johannesburg, le Pérou. Je songe à l’ailleurs !

 

L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?

Julia Standovar : New York, ou si vous voulez quelque chose de plus spécifique, je dirais aussi le spa Szechenyi à Budapest ou mon appartement de Brooklyn.

 

Votre plus grand regret ?

Julia Standovar : C’est une grande question ! Professionnellement, je pense que j’ai suivi les règles et que je n’ai pas eu le courage d’expérimenter et d’échouer. Mais dans le fond, l’échec fait parti du jeu et c’est génial, on apprend beaucoup de ses expériences.

 

Instagram, Tik Tok ou snapchat ?

Julia Standovar : Instagram, si vous voulez consulter mes comptes : @_standovar / @kinky_concrete / @over_the_blue_nipple_hills … un pour chaque projet.

 

Couleur ou n&b ?

Julia Standovar : Cela dépend vraiment, mais je photographie toujours en couleur. Je peux toujours transposer les images en noir et blanc. C’est bien d’avoir des options.

 

Lumière du jour ou lumière artificielle ?

Julia Standovar : Encore une fois, cela dépend vraiment de ce que je photographie. Je me sens à l’aise en studio mais j’aime tout autant la lumière naturelle. J’aime contrôler, mais il est passionnant pour moi de trouver une bonne lumière et de l’utiliser telle quelle ou de la modifier.

 

La ville la plus photogénique à votre avis ?

Julia Standovar : L’endroit le plus photogénique où je suis allée est Lanzarote, dans les îles Canaries. C’est un lieu si puissant, si sexy et mystérieux.

 

Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?

Julia Standovar : Je demanderais certainement à Dieu de poser pour moi en premier. En général, je n’aime pas être sur les photos, mais s’il/elle était cool, j’essaierais de faire un portrait de nous à l’aide d’un trépied.

 

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Julia Standovar : Vous savez, lorsque vous photographiez en argentique et que la dernière image a un défaut où elle est à moitié exposée, à moitié rien, il est sort une image qui est magnifiquement interrompue mais jamais de manière intentionnelle, J’aime ce coté imprévisible et qui se fond dans l’obscurité. C’est comme ça que je vois le monde en ce moment.
Et si tout était à refaire ?
Julia Standovar : Je referais tout, mais en mieux.

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