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Le portrait photographique européen depuis 1990, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles

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FACES NOW rassemble les œuvres de 32 photographes et plasticiens qui ont eu un impact déterminant sur le renouvellement du portrait photographique en Europe au cours de ces vingt-cinq dernières années. Outre de grands artistes tels que Anton Corbijn, Rineke Dijkstra, Boris Michailov, Thomas Ruff, Juergen Teller et Stephan Vanfleteren, la sélection propose aussi des photographes moins connus mais tout aussi influents. L’exposition met en avant une nouvelle tendance du genre, dans laquelle l’individu – connu ou anonyme – et son identité sociale ou culturelle sont centraux.

Questions à Frits Gierstberg, curateur de l’exposition.

L’exposition reprend les œuvres photographiques depuis 1990. Pourquoi cette date ? Qu’est-ce qui a fait changer le concept d’identité depuis 1990 ?
Il s’agit en fait de 1989, l’année de la chute du mur de Berlin, un événement qui a non seulement marqué la fin du communisme et du socialisme, mais aussi un nouveau départ pour l’Europe comme continent de nations unifiées. C’est également à partir de ce moment qu’Internet s’est considérablement développé et que le processus de mondialisation s’est accéléré. Ces événements n’ont certes pas changé le concept d’identité, mais ils ont bousculé de multiples manières les notions d’identité nationale et individuelle.
Même s’il n’y a pas eu d’influence directe sur l’art du portrait, il est toutefois remarquable qu’à partir de cette période, en Europe, les artistes aient développé de nouveaux concepts du portrait photographique.

Le fait de jumeler les expos peinture/photo, est-ce pour toucher des publics différents et par exemple sensibiliser les amateurs de peinture à la photo et vice versa ?
L’idée de base est d’inciter des publics différents, normalement séparés, à visiter les deux expositions, pour y découvrir “l’autre” monde et réfléchir aux similitudes et différences. J’espère que les gens se sentiront mis au défi de le faire.

Quel a été votre fil conducteur pour arrêter votre choix sur ces photos ou photographes-là précisément ?
Les œuvres ont été sélectionnées en fonction de l’intérêt porté par les artistes au portrait en tant que révélateur des questions d’identité et de représentation, ainsi que pour leur envie de développer de nouvelles formes d’expression, même si je ne ai pas sélectionné toute sortes de formalisme radical ou d’expérience Photoshop, etc.
L’accent est vraiment mis sur le rôle, la place de l’individu dans l’image, et c’est en quelque sorte une certaine vision humaniste.

Il y a ce trio – spectateur, modèle, photographe – que l’on peut ressentir très fort. Est-ce selon vous par identification/interaction ou plutôt de l’ordre de l’empathie, voire du voyeurisme ?
Ce qui touche en général le spectateur, c’est un mélange du sentiment de “rencontre” de l’autre, d’identification et d’empathie.
Regarder le portrait de quelqu’un est toujours un acte de voyeurisme.

Est-ce que le portrait a un rôle particulier dans la photographie ?
Le portrait est un genre très spécifique dans la photographie car il s’occupe du visage humain. Oui, je dirais qu’il joue un rôle particulier dans notre vie sociale et dans la société en général.

Cette mode du selfie serait-elle révélatrice d’une société hyper individualiste et cela a-t-il influencé la photo plus artistique ?
Pas directement et pas tout de suite, mais je suis sûr que des artistes choisiront le selfie comme point de départ d’un nouveau travail. Il est intéressant de réfléchir à la manière folle avec laquelle nous plaçons nos autoportraits si souvent et si nombreux sur Internet pour que tout le monde les voie. Il y a là quelque chose de désespéré.

Peut-on dire que la photographie est un medium réaliste – davantage que ne le serait la peinture ?
En effet, la photographie analogique est un medium réaliste, ce qui signifie qu’il y a un lien avec ce que nous appelons la réalité, même si ce terme est très subjectif.
Cela ne signifie pas que les photos soient vraies, mais qu’elles représentent le monde d’une manière qui se rapproche de celle avec laquelle nous le voyons avec les yeux.
La peinture est très différente, parce que le réalisme de la peinture n’est pas naturel, il est voulu par le créateur.
Néanmoins, dans le cadre de cette exposition, il est intéressant de comparer les deux.

L’individu a-t-il besoin de son contexte pour être défini, situé, et même émouvoir ? Est-ce qu’un visage nu, sans référence, nous parle autant ?
Oui, bien sûr, voyez par exemple les portraits d’Anders Petersen dans l’exposition. On ne sait rien de ces gens et pourtant ils nous interpellent fortement, je dirais.

Qu’est ce qui fait un portrait “réussi”, d’après vous ?
C’est très difficile de dire ce qui fait un portrait réussi. Il n’y a pas de formule simple. On le voit bien dans l’exposition, il y a tellement de façons de faire un portrait.
Dans les limites du genre, il y a une énorme richesse de styles et de formes.

Quelle qualité doit avoir un photographe pour réussir ses portraits ?
Probablement la qualité la plus importante qu’un photographe doit avoir, c’est d’être capable de communiquer avec la personne dont il va faire le portrait.

Si vous deviez vous faire tirer le portrait par l’un des photographes exposés ici, ce serait par qui ?
Je serais très curieux de voir un portrait de moi-même réalisé par Beat Streuli, fait sans que je le sache.

Quel est votre coup de cœur, le portait que vous aimeriez avoir chez vous ?
Aujourd’hui, c’est le portrait de Boris Mikhailov d’un pauvre homme et d’une femme dans Kharkov qui nous montre un poisson mort et une bouteille de vin.
J’aime le symbolisme de ce double portrait et les différents aspects de la critique sociale et politique qu’il contient, mais aussi la beauté de leur amitié.

INFORMATIONS PRATIQUES

Si vous cherchez un hôtel sur Bruxelles, rendez-vous sur le site http://www.allovoyages.fr
FACES NOW

Jusqu’au 17 mai 2015
Palais des Beaux-Arts
Rue Ravenstein, 23
1000 Bruxelles
Belgique
Horaires d’ouverture de l’exposition : Du mardi au dimanche de 10h à 18h

Tarifs :8€/6€
Téléphone : 0032 2 507 82 00


http://www.bozar.be

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