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La Résidence 1+2 à Toulouse : Diana Lui, Alice Lévêque et Lea Patrix

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Avec son école photo, le Château d’Eau et plusieurs festivals, la ville de Toulouse fait la part belle à la photographie depuis plus de quarante ans. Dernière initiative en date : Résidence 1+2, créée par le photographe Philippe Guionie, qui invite tous les ans trois photographes à travailler sur la ville. Les travaux de Diana Lui, Alice Lévêque et Lea Patrix sont à découvrir jusqu’au 27 novembre dans une exposition aux Abattoirs, dans trois livres réunis dans une boîte ainsi que dans un film…

Résidence 1+2. Derrière cet intitulé quelque peu mystérieux, se cache un ambitieux programme dédié à la photographie initié à Toulouse par le photographe Philippe Guionie. 1+2 pour un photographe accompli et deux jeunes talents qui ont été réunis dans un lieu de vie commun pendant près de deux mois pour réaliser chacun un travail photographique qui lui est propre dans le prolongement de sa démarche personnelle. Pour la première édition, Diana Lui était entourée d’Alice Lévêque, ancienne élève de Philippe Guionie à l’ETPA (école de photo créée à Toulouse en 1974), et Lea Patrix que le photographe a découverte alors qu’il animait un workshop à Arles.

Pourquoi cette initiative ? Toulousain d’adoption depuis plus de 25 ans, Philippe Guionie veut remédier au fait que Toulouse est une ville peu photographiée alors que, paradoxalement, la photographie y est particulièrement bien ancrée : on pense notamment au Château d’Eau, espace pionnier en France dédié à la photographie créé en 1974, et aux plus récents festivals MAP et Manifesto.

Mais cette résidence est avant tout une carte blanche, comme le prouvent les séries réalisées par Alice Lévêque et Lea Patrix qui montrent la ville en filigrane, leurs travaux étant plutôt oniriques pour la première et intimistes pour la seconde. Alice Lévêque a en effet choisi de faire « danser » des Toulousaines à la nuit tombée, dans des lieux qu’elle a préalablement repérés et photographiés au Polaroïd. Tandis que Lea Patrix, âgée de seulement 16 ans, nous invite à découvrir Léna, 20 ans, sorte de miroir d’elle-même, dans une série qui prend la forme d’un journal intime visuel en noir et blanc. Quant à Diana Lui, elle a mené des recherches sur le patrimoine toulousain à travers les collections de différents musées pour réaliser, entre autres, une série de portraits de Toulousaines « d’adoption », vêtues de costumes anciens et photographiées dans des lieux emblématiques de la ville comme le métro, la chapelle des Carmélites ou encore le musée Paul Dupuy. « Cela correspond exactement à ce que je souhaite développer chaque année avec la Résidence 1+2, commente Philippe Guionie, mettre en perspective les patrimoines matériels et immatériels présents sur le territoire (culture, mémoire, collections, savoir-faire…) et créer des connections nouvelles entre les photographes et d’autres formes artistiques (musicien, vidéaste, illustrateur…) et les milieux économiques, universitaires, scientifiques… »

Retour en arrière : Philippe Guionie a posé les bases de ce programme il y a tout juste un an, en organisant un colloque sur le thème de la résidence. Celui-ci a réuni, le temps d’une journée, centres d’arts, festivals, éditeurs et photographes, soit les principaux acteurs concernés par le thème de la résidence. Un moment d’échanges et de réflexion qui a donné lieu à la réalisation d’un livre paru aux éditions Filigranes, qui a été présenté aux Rencontres d’Arles cet été. Une heureuse initiative car rares sont les ouvrages sur ce sujet. Pérenniser et garder une trace, telles sont également les ambitions de Philippe Guionie pour les Résidences 1+2.

Ainsi, à l’exposition présentée aux Abattoirs, musée d’art moderne et contemporain de Toulouse, s’ajoutent la réalisation d’un film de 26 minutes sur les trois artistes, réalisé par Marjorie Calle, et la création de trois ouvrages aux formats et aux concepts éditoriaux différents pour s’adapter au travail de chacune des trois artistes réunis dans une boîte. Des supports de diffusion de la photographie qui sont complémentaires et qui inscrivent la résidence dans la durée. Financé pour un tiers par le secteur public (principalement la ville de Toulouse) et deux tiers par le privé (essentiellement des entreprises locales), Résidence 1+2 a rempli ses objectifs : faire vivre à trois artistes une expérience de création singulière dans la ville de Toulouse et inviter le public à la partager. Rendez-vous l’année prochaine avec Israel Arino, photographe espagnol représenté par la galerie VU’, Leslie Moquin, diplômée de l’Ecole nationale de la photographie d’Arles en 2013, et Christian Sanna, photographe italo-malgache lauréat du Grand Prix Photographie de l’école l’ETPA, pour la deuxième édition, qui cette fois aura un thème : Traversées.

Sophie Bernard
Sophie Bernard est journaliste spécialisée en photographie basée à Paris et a été rédactrice en chef du magazine Images durant 12 ans.

Exposition :
Résidence 1+2 : Diana Lui, Alice Lévêque, Lea Patrix
Jusqu’au 27 novembre 2016
Les Abattoirs Frac Midi-Pyrénées
76 allée Charles de Fitte
Toulouse
France

http://www.lesabattoirs.org/

Les 26 et 27 novembre : week-end de clôture avec des projections, performances, ateliers, rencontres…

www.1plus2.fr

Livres
La résidence photographique en France #1, éditions Filigranes, 17 euros
1+2 résidence 2016, 3 livres, 27 euros

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