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La contemporaine : Élie Kagan, photographe indépendant

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Élie Kagan, photographe indépendant est une exposition-manifeste pour l’ouverture de La contemporaine.

La contemporaine, à la fois musée, centre d’archives et bibliothèque, est la seule institution en France à collecter, conserver et communiquer des collections sur toute l’histoire européenne des 20e et 21e siècles.

C’est à Élie Kagan (1928-1999), photographe engagé et formidable archiviste de son époque, qu’elle a choisi de consacrer son exposition inaugurale dans le bâtiment conçu par l’atelier Bruno Gaudin inauguré en automne à l’entrée du campus universitaire Paris Nanterre.

Cette exposition s’appuie sur plus de 200 000 images -négatifs, tirages, planches-contacts et diapositives-, accompagnées d’archives professionnelles, confiées à La contemporaine en 1999 par la famille du photographe.

Autodidacte, passionné par le monde social et politique, volontiers provocateur, Élie Kagan fixe sur la pellicule meetings, manifestations, événements culturels, réunions et rassemblements politiques. Sa production constitue une archive historique et visuelle de la vie politique, intellectuelle et culturelle française des années 1960 aux années 1990. Photoreporter engagé, il est de toutes les manifestations d’une époque riche en la matière. Il sera l’un des rares à saisir par l’image les violences policières perpétrées à l’encontre des Algériens dans la nuit du 17 octobre 1961.

Exposer un photographe de presse
Exposer un photographe de presse indépendant, c’est montrer le quotidien d’un photoreporter des années 1960 aux années 1990 ; mais aussi un matériel photographique marqué par ses usages et ses circulations : magazines, presse, revues, affiches, livres et brochures… Le parcours revient sur les différentes interprétations du travail d’Élie Kagan en s’attachant à sa réception, de la production militante aux photographies investies de revendications mémorielles. Il donne aussi à découvrir une dimension méconnue de son œuvre. Témoin de son temps, Kagan aime flâner dans Paris, dont il capte les transformations urbaines et sociologiques. C’est un rapport existentiel à la photographie qui se donne alors à voir : une façon de vivre, au jour le jour, porté par les rencontres, les accrocs ou les surprises du quotidien…

 

Le parcours de l’exposition
Le parcours de l’exposition se déroule en trois sections.

Profession photographe de presse]
Élie Kagan entre officiellement dans la corporation des photographes de presse avec son reportage sur le 17 octobre 1961 : ces photographies lui permettent d’obtenir sa carte de presse. [Visuel 2] Photographe indépendant, il édite et tire lui-même ses photographies dans le laboratoire qu’il s’est aménagé chez lui, avant de démarcher les rédactions presse pour les vendre.

Il couvre l’activité politique, militante et syndicale parisienne et participe à la plupart des manifestations et mouvements de revendications des décennies 1960-1990. [Visuel 20] Il travaille régulièrement avec Droit et liberté, Tribune socialiste ou Témoignage chrétien. [Visuel 3] Ses collaborations avec la presse militante et de nombreux titres de la presse généraliste traditionnelle restent ponctuelles (Nouvel observateur, L’Express, Le Monde…).

Tirages, piges, archives et publications mettent en évidence des aspects plus quotidiens du marché de la photographie de presse et de ses usages en rédaction – le scoop faisant figure d’exception. [Visuel 31]

 

« Photographe d’archive et d’histoire »
Le fonds Élie Kagan est également connu et investi par différents milieux militants car plusieurs de ses photographies gardent les traces d’engagements et d’événements dont elles sont parfois des preuves à charge. Elles témoignent de l’appétence du photographe pour le fait politique et de son attrait pour les personnalités politiques en général. Peu diffusées par les canaux médiatiques habituels, ces images prennent de l’importance avec le temps grâce au travail des groupes militants et de la recherche : elles circulent pour mémoire avant d’être investies plus généralement comme sources pour l’histoire. Ses images de la répression de la manifestation des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris en sont l’exemple le plus emblématique. [Visuel 28]

Les associations telles qu’« Au nom de la mémoire » s’appuieront dessus pour dénoncer et faire reconnaître ces violences d’État. Élie Kagan, saisit les mouvements de son époque, tout particulièrement séduit par le collectif et la foule anonyme qu’il a à cœur de représenter (Mouvement de libération des femmes, Front homosexuel d’action révolutionnaire, …).[Visuel 14] Il suit en 1972 l’engagement d’intellectuels célèbres, comme Michel Foucault et Jean-Paul Sartre, dans leurs actions au sein du GIP (Groupe d’information sur les prisons). [Visuel 8] Plus tard, engagé politiquement aux côtés de Beate et Serge Klarsfeld, Élie Kagan garde la mémoire des actions menées par le couple. Il constitue ainsi une archive visuelle de leur engagement tout en collectant et produisant pour lui-même une documentation photographique de l’antisémitisme contemporain.

 

Flâneries urbaines d’un photographe sédentaire
La numérisation des photographies d’Élie Kagan a révélé un corpus d’images allant bien au-delà de celles qui ont circulé dans la presse.

Photoreporter indépendant, Élie Kagan prend des photos pour gagner sa vie – une part de sa production a vocation à être publiée – mais d’autres images figurent sur ses pellicules, au milieu des reportages. Sa pratique est alors plus intime et dévoile un rapport plus existentiel à la photographie : une façon de vivre, au jour le jour, sans autre projet que d’être là, dans le plaisir de l’immédiat, porté par les rencontres, les accrocs et les surprises du quotidien. [Visuel 15] Loin du mythe du grand reporter se rendant sur les zones de combats, Élie Kagan est un promeneur infatigable : il flâne dans Paris pour son plaisir, sans chercher à répondre à une commande, rayonnant depuis le centre de la capitale où il réside. [Visuel 29]

Délaissant la recherche du scoop et de l’événement, il se révèle un photographe du quotidien et de l’ordinaire, témoin de son temps, attentif aux transformations urbaines et sociologiques comme aux anonymes qu’il croise dans la rue. Ces photographies sensibles et plus esthétiques font écho aux velléités artistiques de ses débuts. [Visuel 17]

Quand le peintre Gérard Fromanger fait de nouveau appel à lui en 1971 pour l’aider dans son travail sur la série Boulevard des Italiens, c’est pour immortaliser sur la pellicule les scènes de rue les plus banales, à la recherche du non-événement.

 

Élie Kagan, photographe indépendant
19 janvier – 7 mai 2022
La contemporaine
184, cours Nicole Dreyfus
92 000 Nanterre
http://www.lacontemporaine.fr/
http://www.lacontemporaine.fr/action-culturelle/elie-kagan-photographe-independant

Renseignements et réservations :
[email protected]

 

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