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Déconstruction photographique

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L’image fixe, l’image unique en d’autres termes, l’Image photographique, se suffit-elle encore à elle-même ?

L’exposition Déconstruction photographique qui se tient à Topographie de l’art, est une conversation d’artistes-photographes-plasticiens confrontés à d’autres univers que les leurs et réunis précisément pour la diversité de leurs démarches, mais aussi pour leur volonté de faire de nouveau sens. C’est un dialogue et une réflexion que Catherine Rebois, artiste photographe et commissaire de l’exposition, propose ici. Déconstruire, c’est défaire par l’analyse, mais c’est aussi montrer les différents liens qui nous amènent à comprendre comment les œuvres peuvent prendre forme autrement. Ce questionnement est forcement nécessaire et semble même d’actualité.

Le réel est une donnée composite de la dimension photographique. La photographie ne reproduit pas, mais travaille avec le réel, quel que soit son genre, généré par des sels d’argent ou par pixellisation. L’image photographique se sert d’un mécanisme, d’une boite, d’un peu de chimie ou d’informatique, elle est déjà dans sa propre réalité, celle de sa génération. Mais l’image de l’image, ce qu’elle donne à voir au-delà de sa matérialité n’a rien de réel. C’est une reconstitution, une représentation d’une mise en scène du réel.

Déconstruire, c’est isoler les problèmes afin de pouvoir les traiter et revenir aux origines. Dans le cas d’une perception fragmentée, le sujet, alors, n’est plus unifié. La fragmentation, c’est des petits bouts mis bout à bout qui forment un nouveau tout. La perception de la vie n’est-elle pas une succession de fragmentation ? La question qui se pose alors, pourrait être, comment les rassembler ? Que faire de ces informations qui semblent disséminées ?

Combiner plusieurs images entre elles oblige notre regard à passer de l’une à l’autre en créant un dialogue. Ce dialogue est fait de mouvements et de manques. L’image devient séquence et la séquence devient narrative. La notion de continuité ne se trouve plus dans l’image elle-même, mais dans ce vide que représente l’intervalle entre les images, dans les faux raccords, comme l’exprime Gilles Deleuze[1].

Les artistes Joan Fontcuberta, Vera Lutter, Eric Rondepierre, Isabelle Le Minh, Laurent Millet, Albelardo Morel, Alain Fleischer, Christiane Feser, Pol Bury, Catherine Rebois, Julien Lombardi et les robots de la Nasa, chacun à sa manière et c’est bien là tout le sens de cette exposition, envisage cette déconstruction et ces retournements de façon singulière.

C’est à l’Américain Eadweard Muybridge et au Français Étienne-Jules Marey que revient l’invention de la séquence photographique. C’est donc à la science et à la recherche sur la représentation de la durée et du temps que l’on doit les premières publications, comme La Machine animale en 1873 d’Étienne-Jules Marey. En 1881, Eadweard Muybridge publie un album de reproduction photographique intitulé The Attitudes of animals in motion, qui fait la somme de ces recherches sur la décomposition.

Une chronologie qui n’est pas sans évoquer celle du défilement cinématographique et qui sera nommée chronophotographie. Les artistes, qui présentent ici leur travail, portent un écho contemporain sur cette question qu’est la déconstruction et la fragmentation. Elle est en lien avec leurs sujets et la forme accompagne ce souci réflexif propre à la photographie et sur la photographie elle-même.

 

Déconstruction photographique
10 septembre – 12 novembre 2016
Topographie de l’art
15 rue de Thorigny
75003 Paris
 
http://www.topographiedelart.fr/

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