Rechercher un article

Aperture – Chris Boot,–La relève

Preview

Chris Boot a été nommé directeur exécutif d’Aperture en janvier 2011, fin heureuse d’une période de flottement pour la Fondation. Un défi qu’il appréhende avec un flegme tout britannique, dévoué qu’il est à la photographie sous toutes ses formes, principalement éditoriale. Il aime parler autant qu’il aime les livres, et sa personnalité place aussi naturellement que légitimement Aperture au cœur de ce petit monde fait d’auteurs et de passionnés qui pratiquent ou décortiquent la photographie. La voie choisie par Chris Boot est aussi claire que ses idées, moins tournant que continuation d’un héritage considérable et fédérateur. Il veut replacer Aperture au cœur des débats photographiques en s’appuyant sur les activités traditionnelles de l’institution : édition – périodiques, livres et supports numériques -, exposition, éducation et échanges, avec la convivialité comme leitmotiv. Un ancrage aussi historique que visionnaire qui répond à la réalité photographique d’aujourd’hui, faite d’attentes diverses et d’interactions renouvelées entre ses différentes applications. Peut-être pas révolutionnaire mais ambitieux, d’une ambition idéale que les qualités immanentes de Chris Boot rendent réaliste : passion de faire, vision, efficacité. La première manie remonte à l’enfance, quand, adolescent gorgé du fantasme de devenir une pop star adulée que les scènes s’arrachent, il fabrique minutieusement la pochette de son futur album. Le résultat : une de ces jaquettes de disque collector que l’on garde et que l’on finit par préférer à la musique qui, dans le cas de Chris Boot, n’a jamais pris son. Puis viennent les livres, qu’il commence à manier en 1998 à l’occasion du catalogue de l’exposition « Bodies of Experience », à Londres, et auxquels il continuera à donner forme à travers sa maison d’édition Chris Boot LTD. Une idée fixe qu’il partage avec son compatriote Martin Parr, dont il a publié pas moins de huit spécimens aussi fantaisistes qu’illustres. Chris Boot nourrit une obsession de l’objet éditorial mais n’est pas matérialiste pour autant. Il a simplement une vision claire de la forme à donner à un travail photographique, qu’il déploie au rythme rigoureux d’un concept strict et non d’une symphonie visuelle décousue dont la seule unité serait émotionnelle. Cette clarté, cet attrait pour des livres simples et incisifs, il la dit avec humour inspirée d’un autre souvenir d’enfance, les livres de Ladybird Books, dont la structure épurée consistait en une image associée à un texte. Avec le recul, il reconnaît volontiers que c’est le format qu’il a la plupart du temps choisi d’adopter pour ses livres. Cette percutante sobriété vient d’une conviction inébranlable de savoir ce qu’il veut et de s’y tenir, sans se laisser divertir pour des critères annexes comme celui, tentant, de beauté. Quand il décide, les choses se font vite. L’illustration la plus spectaculaire étant « Beaufort West », de Mikhael Subotzky, une conversation informelle transformée en livre diffusé à 3000 exemplaires en l’espace de 6 mois, prise de vue, recherche de financement, design et impression inclus. Un rythme qu’il maintient à Aperture et dont attestent les développements récents.

Laurence Cornet

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android