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Triennial of Photography Hamburg : Un voyage, première partie

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Se retrouver, enfin échanger, donner corps à un événement photographique qui traverse toute la ville, donner à voir aussi ce qui s’est créé malgré tout durant ces deux dernières années suspendues. C’est ce que la Triennale photographique d’Hambourg a imaginé pour cette nouvelle édition qui s’empare de 12 lieux de la cité portuaire du 20 mai au 18 septembre 2022. Tour de la ville, des espaces et des expositions qui composent cette triennale à la fois ambitieuse et accessible : suivez le guide !

Currency : un terme anglais qui pourraient se traduire en allemand par au moins cinq mots différents. C’est à partir de ce thème et de réflexions autour de la valeur des images, de son poids, de son rôle que 12 expositions sont nées, rassemblant 77 artistes du monde entier à travers des installations imaginées par un groupe de commissaires travaillant en étroite relation avec les lieux dans lesquelles les œuvres sont présentées. C’est dans ces espaces de la métropole allemande qui se mettent jusqu’en septembre aux couleurs vertes de la Triennale, que nous vous emmenons en voyage.

Avant d’entrer dans le centre bouillonnant d’Hambourg, la Jenisch Haus, grande bâtisse bourgeoise ancrée au milieu d’un parc arboré du quartier d’Altona, permet d’entrer doucement dans le sujet en exposant plus de vingt-cinq années de clichés et de déambulations dans la ville du photographe local Hans Meyer-Veden. Comme une archive précieuse d’une époque, nous marchons avec lui rue après rue et tout autour d’Hambourg, dans ces artères sans passant mais pourtant bien vivantes. Un sens de la composition et du détail amène le photographe à composer une géographie intime de la ville, douce et particulièrement touchante, dans un dégradé de gris impressionnant. Cette exposition est pointillée de trois installations artistiques qui s’attachent elles aussi à documenter la ville, par le prisme d’artistes et de voix locales qui s’efforcent de documenter, d’archiver des étapes d’une ville en constante mutation.

En arrivant dans le centre névralgique de la ville, le Muséum d’histoire d’Hambourg offre un sens particulier au thème currency : cette grande bâtisse en pierre, surmontée d’une majestueuse verrière centrale, conservant de nombreuses pièces, reliques de différentes époques, notamment du passé colonial allemand. Imaginée par la curatrice Yolanda Gutierrez, autour du travail du photographe rwandais Chris Schwaffa et avec la danseuse Eva Lomby, la création Power. Means. Money nous accueille ainsi sur un palier et invente une scénographie du corps qui invite à regarder de l’autre côté de la pièce pour questionner son sens : comment dépasser, réparer le passé, avancer ensemble ? Costumes ou colliers faits de pièces cuivrées, mains et jambes ornées de ces pièces historiques invitent à un décalage du regard, à une nouvelle manière d’aborder l’histoire, le passé et le futur.

Un peu plus loin, dans une salle feutrée Muséum d’ethnologie, à côté de totems et de gigantesques galions conservant la trace de civilisations enfouies, c’est la question du don, du cadeau qui est en question avec le travail de Kelvin Haizel, photographe ghanéen. Qu’est-ce que cela représente? Qu’est-ce qu’on fait de ces archives ? S’emparant d’un album d’archives de 1868 offert au musée et documentant Singapour, alors colonie britannique, l’artiste transforme ce matériel historique en support artistique. Par différents moyens, notamment le collage qui met en exergue des détails des images ou la transformation de scans en négatifs, Kelvin Haizel offre une nouvelle façon de feuilleter cet album et nous invite à regarder les archives avec une diversité de perspectives.

C’est également ce travail de réappropriation des images qui est au cœur de Give and take au Musée des Beaux arts : exposition de 20 artistes internationaux utlisant les images d’archives, créant de nouvelles images pour combler les manques de l’histoire, exploitant des images d’autres artistes à travers les thématiques des algorithmes ou de l’identité. On déambule parmi les œuvres occupant tout l’étage, parfois immersives comme les milliers de photos qui tapissent les murs et le sol issues de l’historique internet d’Evan Roth, parfois hypnotisantes comme la série vidéo kaléidoscopique de Walid Raad qui exploite des images de démolitions de bâtiments au Liban, et très souvent engagées, à l’image du travail de Max Pinckers, qui va plus loin que la réutilisation d’archives en prenant le parti d’imaginer et de recréer, avec des vétérans d’une guerre au Kenya jamais documentée, de nouvelles archives photographiques. Des expositions qui se répondent, qui questionnent et jouent aussi sur la frontière entre réalité et fiction.

C’est bien la réalité, parfois dure et frontale qui est à l’honneur avec Strike, exposition proposée dans une salle du Musée du travail. Des pans de murs nous projettent ces dernières décennies dans des manifestations, marquées parfois par la violence, la démolition, via le prisme de photographes engagés, envoyés par des médias, ou manifestants eux-mêmes. Ces photos documentent les moments décisifs comme les scènes en coulisses et les préparations de ces événements majeurs, des années 60 à nos jours. Crise industrielle dans la Ruhr, manifestations d’ouvriers en Angleterre, des sans-papiers en France, de mineurs en Afrique du sud, nouveaux questionnements autour de l’ubérisation du travail montrent le travail nécessaire des photojournalistes au plus proche de l’action.

C’est aussi le parti pris de Latoya Ruby Frazier, qui, dans l’espace blanc et minimaliste de la Kunstverein in Hamburg présente Flint is Family, ACT III, exposition dans la plus pure tradition documentaire, autour du sujet de l’accès à l’eau potable dans un contexte de désindustrialisation à Flint, dans le Michigan. Une présentation narrative composée de portraits à la fois simple et touchants mais aussi de scènes de vie faites de batailles d’eau et de distribution de bidons, en couleur ou en noir et blanc, dans laquelle le texte donne voix aux habitants et répond aux images.

Pour continuer la visite et découvrir les six dernières expositions qui composent cette Triennale, rendez-vous dans une semaine.

 

Plus d’informations

8th Triennial of Photography Hamburg 2022 

12 expositions dans Hamburg

Du 20 mai au 18 septembre 2022
Weekend d’ouverture : May 20-22, 2022

Festival Triennial Expanded: June 2-6, 2022
www.phototriennale.de

 

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