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Staging Action: Performance depuis 1960

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L’exposition newyorkaise s’intéresse à la performance artistique spécialement orchestrée pour un appareil photographique par opposition aux clichés où l’objectif se pose en simple témoin d’une action dissociée. Tirés de la collection du MoMA, les images indépendantes et expressives de Staging Action présentent des scènes, souvent sans audience publique, où un artiste pose ou joue avec l’objectif dont il est le seul spectateur.

On a tous en mémoire La Chute de Denis Darzacq. Photographie et performance artistique, engagée ou non, ont toujours tissé d’étroits liens. Depuis le début du XXe siècle plus exactement. Présentant une cinquantaine de cadrages, Staging Action: Performance in Photography Since 1960 pose une réflexion sur la relation entre les deux medias durant les cinquante dernières années. Si l’art de la performance est souvent apprécié dans un temps réel où la photographie joue un rôle documentaire, cette exposition rappelle que cette dernière peut avoir une fonction constitutive. « Elle la joue lorsque la performance artistique est mis en scène spécialement pour l’objectif photographique, explique Roxana Marcoci, l’une des deux conservatrices du projet en compagnie d’Eva Respini. Les images qui en résultent sont les enregistrements d’un événement mais représentent également un travail artistique autonome. »

Staging Action débute avec les artistes du Fluxus des années 1960, incluant les travaux de George Maciunas, un artiste qui s’est engagé dans la production d’expériences identitaires. Dans ses strip-teases travestis, l’homme cherche la construction d’une identité à travers le doute de l’appartenance à un genre sexuel. L’appareil photographique intervient alors comme complice de ses actions. Comme lui, beaucoup d’artistes ont expérimenté une relation préférentielle avec l’objet et le média, repoussant parfois les limites physiques ou psychologiques de leur corps. Comme les actionnistes viennois Rudolf Schwarzkloger, Hermann Nitsch ou Günter Brus, qui enregistrent dans les années 60 leurs rituels et exploits d’endurance dans des photographies noir et blanc où l’omniprésence du corps amène le spectateur au cœur de l’action. « Bien sûr, pas tous ces artistes ont usés de pressions physiques ou morales sur leur corps, mais tous ont eu un fort engagement émotionnel », illustre Roxana Marcoci. Oui, Bas Jan Ader se livre à son objectif en pleurant seul devant ou Adrian Piper utilise l’art photographique pour chroniquer l’état mental et physique causé par le jeûne et l’écriture en isolation. Gestes improvisés donc. Mais la conservatrice parle également de conception.

Car si certains ont mis en scène leur chair, d’autres ont également usés de leur esprit. Surtout pour exprimer inquiétudes politiques. L’exposition revient alors sur les années 90, lorsque de nombreux artistes sortis de l’East Village pékinois se sont activement engagés dans des démonstrations significatives. Dans un urinoir public, Zhang Huan se couvre de boyaux et de miel jusqu’à ce qu’il se trouve couvert de mouches. Ai Weiwei révèle sa fougueuse insolence en allant faire un doigt d’honneur aux monuments nationaux du monde entier – de la tour Eiffel à Tiananmen Square ou à la Maison Blanche – et en photographiant son avant bras et sa main exécutant le geste, tel un voyou. « Le medium photographique est poreux, voire polyphonique, lâche Roxana Marcoci. Les images de Staging action illustrent les usages variés et complexes que les artistes ont inventés pour la photographie dans le domaine de la performance artistique depuis les années 60. »

Jonas Cuenin

Staging Action : Performance in Photography since 1960
Du 28 janvier au 9 mai 2011
MoMA de New York
The Robert and Joyce Menschel Photography Gallery, troisième étage

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