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Picto 70 ans : Pierre Gassman

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Le laboratoire Picto fête ses 70 ans.

Son créateur : un étonnant personnage : Pierre Gassmann mort en 2004. Il y a eu peu de choses écrites sur lui, à l’exception d’un livre formidable il y a 20 ans d’Hervé Le Goff. Le livre est quasiment introuvable aujourd’hui. Son titre : Pierre Gassmann, la photographie à l’épreuve, publié en 2000 aux éditions France Delory. Tous les grands fantômes photographiques français du siècle dernier y apparaissent : Cartier-Bresson, Brassaï, Capa, Doisneau. Hervé Le Goff nous a donné ce joli texte.

 

Rue du Regard, le mercredi par Hervé Le Goff

Pour celles et ceux qui, dans les années 1970, s’intéressaient à la photographie telle qu’entre Paris et New York elle rayonnait avec l’activité des agences, la multiplication des revues, l’accueil des musées, la création des galeries et la cote des ventes publiques, le nom de Pierre Gassmann résonnait clairement avec ceux des fondateurs historiques de Magnum Photos. L’écriture du livre de sa vie et de l’aventure du laboratoire Pictorial Service dont on fêterait en 2000 le cinquantenaire de l’ouverture me laisse, à vingt ans de distance, le souvenir de nos rendez-vous réguliers dans son appartement de la rue du Regard, quand, de sa voix rauque, Pierre Gassmann évoquait son enfance dans sa ville natale de Breslau, sa jeunesse heureuse à Berlin,  son arrivée à Paris en 1933, sa rencontre avec des photographes nommés Brassaï, Cartier-Bresson ou Capa, dont il avait pensé d’abord devenir le confrère avant de préférer tirer leurs images, dans cet esprit de complicité qui deviendrait une marque.

La tâche que j’avais acceptée avec joie était aussi l’aubaine de rencontrer les témoins de la naissance du premier laboratoire dédié aux professionnels, tireurs, artistes ou photojournalistes. Patricia Gassmann qui était à l’origine du projet, Monique Plon qui imprimait à Picto sa composante artistique et culturelle ont su mettre au jour les premières photographies par lesquelles Peter Gassmann, jeune émigré juif allemand, décrivait à dix-neuf ans la douceur de vivre libre, l’atmosphère intellectuelle des  terrasses de Montparnasse ou la solitude des forains. Je ne sais pas ce que Pierre Gassmann a vraiment pensé du livre, je crois qu’il a été surtout heureux, au fil de ces mercredis après-midi de 1998 et 1999,  de se promener dans une mémoire qu’il avait prodigieuse.

Hervé Le Goff

 

Pierre Gassman par Jean-Jacques Naudet

Je me souviendrai toujours de ma  première rencontre avec Gassmann. Je viens d’arriver à PHOTO. Roger Thérond a deviné mes lacunes immenses. “Vous allez téléphoner à Roméo Martinez, il vous apprendra si il le veut 2 ou 3 choses.” Je téléphone le soir même. “Très bien, venez demain matin au Dôme à 9 heures, je prends le petit déjeuner avec Pierre Gassmann et Henri Cartier-Bresson.” J’arrive tétanisé, en terrasse Saint John Perse s’alcoolise sérieusement au whisky. Je me présente : réponse immédiate d’Henri : tu me tutoies s’il te plait, j ai horreur du vouvoiement. C’est trop pour moi, je perds tous mes moyens et je ne fais que chercher des phrases sans tu ou vous. Roméo m’achève 5 minutes plus tard : “Une des choses importantes dans l’histoire de la photographie, ce sont les rapports d’Atget et des prostituées : qu’en pensez vous ?” Je bafouille ridiculement. Pierre Gassman est hilare et me dit : ne t’inquiete pas, ils  sont toujours comme cela et là, cela se passe plutôt bien !

J’ai toujours eu une grande tendresse pour Pierre, j’ai passé quelques grands moments avec Henri et Roméo a été mon mentor pendant 20 ans.

Jean-Jacques Naudet

 

 

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