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PhotoMed 2013 –Guy Mandery

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Itinéraire dans un temps privilégié
« La chine à la lampe de poche dans les petits matins des marchés aux puces n’a jamais été ma tasse de thé. Tout au plus ai-je assisté à quelques ventes auxenchères, mais pour moi ces endroits- là sentent trop le moisi et la mort. Ma collection s’est constituée presque par inadvertance, jamais avec la rage du vrai collectionneur, sauf pour quelques photolivres emblématiques. Elle s’est toujours bâtie à l’occasion d’une relation, souvent éphémère mais toujours vraie avec un artiste, au long de mon parcours de journaliste, d’éditeur, et de commissaire d’expositions. De sorteque chacune de ces images est un peu comme une carte de visite laissée par un visiteur amical. Avant 1970, lorsqu’on publiait des photographies, la rédaction ou lesecrétariat d’édition recevait des épreuves qu’on manipulait en les agrafant avec le papier des textes. Ensuite le maquettiste les recadrait au crayon gras ou en y scotchant du papier-calque, écrivait au verso les cotes pour la photogravure, et les envoyait à l’imprimerie. Elles en revenaient peut-être, parfois maculées d’encre, souvent écornées, presque toujours avec des traces de doigts. Après le bon à tirer, on les mettait au rebut. Évidemment avec les débuts du marché et l’ouverture des premières galeries photo en France,un changement s’est opéré. Pour autant alors, les tirages photographiques n’avaient pas tous acquis le statut d’œuvre qu’ils ont aujourd’hui. Pour peu qu’on leur témoigne de l’intérêt, les plus généreux des photographes offraient volontiers un tirage à l’occasion de la publication d’un portfolio. À plus forte raison pour le montage d’une exposition, la réalisation d’un livre. Bien sûr ma collection porte la marque de mes inclinations. Un ami d’enfance achète une caissede plaques photographiques et je me précipite pour éditer et faire tirer les somptueux portraits du Studio Soler Pavia, actif dans notre commune Tunisie autour de 1900. Dans le choix présenté ici j’ai bien sûr beaucoup privilégié l’Italie, avec des images de Patellani, du grand Giacomelli et celles de mes amis Barbieri, Basilico, Berengo Gardin, Jodice, Radino, et bien d’autres encore, comme autant de sceaux de mon appartenance à cette terre et à cette culture qui font pour moi le pont entre Tunisie et France. J’ai tenu à mettre les images de ces grands créateurs en regard de mes propres photographies, non par vanité, mais simplement parce que sans la fréquentation des leurs je n’aurais jamais pu faire les miennes. »

La Méditerranée de nos jours
« J’ai voulu photographier le paysage méditerranéen pour donner à voir ce qu’est aujourd’hui, un des paysages les plus fameux, les plus représentés, souvent appelé en référence en tant qu’espace fondateur de civilisations et de pensées. Montrer à la fois la nature pérenne et le paysage par l’homme façonné. Si je tente aujourd’hui de la questionner appareil en main, c’est parce qu’avant d’être un paysage à photographier, cette Méditerranée fut pour moi terre de chaleur et de poussière, de champs de blé noirs de soleil, de fragrances d’oranger, de plages suaves et de brûlures. Elle fut ensuite littéraire par Camus, Char, Giono, Mahfouz, Pavese et Vittorini entre autres ; picturale avec Cézanne et les peintres régionalistes provençaux et languedociens ; cinématographique avec l’Antonioni de L’Avventura ; photographique enfin avec les Bonfils, Rives et Sommer du 19e siècle, et la Tunisie de Rudolf Lehnert au début du 20ème, et d’autres photographes encore, tous partis vers le sud sur les traces du passé grec et romain. L’esthétique simple et directe de ces pionniers à laquelle j’adhère, traverse une grande partie de la photographie contemporaine. Plus tard, les photographies de Mario Giacomelli, emblématiques d’un univers méditerranéen binaire, noir et blanc, solaire et chtonien, m’ont beaucoup marqué, même si, ou peut-être justement, parce qu’elles sont inimitables. Photographiant les sites méditerranéens remarquables, on flirte inévitablement avec les clichés, les cartes postales. Leurs images font partie de l’iconographie plus ou moins consciente que nous portons tous, et nous y sommes affectivement attachés, quelle que soit leur valeur artistique. Aussi je revendique leur parenté, m’appliquant seulement pour ma part à grossir ici ou là le détail qui pointe l’effet de modernité. Mais naturellement dans ce travail, j’assume surtout l’héritage des photographes du 20e siècle que depuis plusieurs décennies j’ai regardés, exposés, critiqués, édités, enseignés. C’est grâce à eux que je peux faire aujourd’hui ces photographies, hommage enfin rendu par l’homme que je suis à mes rêves d’adolescent. »

Guy Mandery

FESTIVAL
PhotoMed 2013
Guy Mandery
Du 23 mai au 16 juin 2013
Salle Barthélémy de Don
83110 Sanary-sur-Mer
France

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