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Peter Beard (1938-2020) by Jean-Jacques Naudet

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La première fois que j’ai rencontré Peter au milieu des années 70 à New York, il m’a offert son livre, The End of the Game, un chef d’oeuvre visionnaire sur la folie du monde. La deuxième fois, il m’a fait découvrir le Studio 54 et je lui dois quelques nuits hallucinantes dont une rencontre avec Steve Rubell, le proprietaire de l’endroit qui pour me remercier d’avoir consacré quelques portefolios au Studio dans PHOTO m’invita à faire des provisions dans l’énorme saladier de cocaine qui trônait sur son bureau.

Peter prit l’habitude de visiter régulierement PHOTO. Nous étions sur les Champs Elysées à l’époque. La première fois, il resta 48 heures. La dernière, une semaine et demie. Les deux jeunes femmes de la rédaction Nicole et Annick ainsi que les rédactrices, secretaires et journalistes de Paris Match à notre étage étaient folles de bonheur et fascinées par cet homme incroyablement beau et séducteur qui passait son temps à remplir d’énormes albums devenus ses journaux intimes et où il collait images, textes, feuilles, cailloux, choses diverses et de toutes origines. De temps en temps, il se piquait même le bout du doigt et signait la page de son sang. En 1990, le groupe déménagea à Levallois et ELLE remplaça PHOTO où il resta une fois plus d’un mois.

En 1989 pour un projet d’édition internationale de Match, je demande à Peter de venir travailler sur deux sujets : Francis Bacon avec qui il est très ami et Basil Charles, le barman mythique de l’île Moustique, ce paradis créé de toutes pièces par Lord Colin Tennant. Peter accepte enthousiaste et arrive le surlendemain de New York. Connaissant sa façon de vivre, je lui ai réservé une chambre au Raphael, le chic ultime et plutôt secret de l’hotellerie parisienne. Le journal prend à sa charge la chambre et le petit déjeuner, rien d’autre ! A 10 heures, le lendemain matin, le directeur de l’hotel telephone: “J’ai une certaine inquiétude, Monsieur Beard avait sept invités dans sa chambre la nuit dernière et la note du bar se monte à 24.000 francs (à peu près 3.500 euros).” L’hotel l’expulsera au bout d’une semaine et nous n’aurons aucun sujet.

Les années 90 verront le triomphe financier de ses images. Ses tirages atteignent des sommets. Mais peu à peu, les ténèbres envahissent et la décheance devient inoxerable. J’ai eu la chance de ne plus le voir alors.

Ma dernière rencontre avec Peter, c’est un souvenir formidable. La Fondation de la Photographie qui est à l’époque à l’Hôtel Salomon de Rothschild lui organise une retrospective. J’arrive quelque temps avant l’ouverture. Dans la derniere salle, sur une gigantesque couverture se tient Peter, autour de lui ses livres et cinq mannequines sublimes dont deux des top models de l’époque. Tous les jours les 3 mois que durera l’exposition, Peter sera sur sa couverture en sandales et toujours aussi bien entouré !

Jean-Jacques Naudet

 

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