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Paris : De Concert de Benjamin Mouly aux Filles du Calvaire

Preview

Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s’immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne
Mallarmé


Benjamin Mouly
dont les photographies sont exposées à la galerie des Filles du Calvaire échappe à la trajectoire habituelle de l’exposition par la tangente. Mieux vaut considérer le trajet de la visite sous un autre angle. Pas question pour autant de se soustraire aux plis. Par de nombreux va-et-vient, le regard circule les lignes du tissu d’une robe moulante qui donne à voir le mouvement de la jambe gauche d’un corps féminin et pour contrebalancer harmonieusement la composition, les verres, qui penchent du même côté et la main qui l’accompagne, suit le mouvement de la photographie Two glasses. Les doigts serrés autour du pied du verre dessine des parallèles aux stries du textile ondulant. Avec l’art du XXème siècle, le pli accompagnait la pulsion du corps qui dictait alors la composition. Le spectateur tangue comme sur un bateau sous forte houle, de gauche à droite et de bas en haut ! Les photographies se succèdent et la forme du pneu cohabite avec l’écharpe autour du cou de la photographie voisine qui appelle la forme arrondie d’un objet suspendu au mur. Le photographe interroge le rapport avec le support/surface du sujet, le relief, la fente. La force de ses compositions hypnotise par la répétition aussi par les torsions qu’elles provoquent. Il dessaisit l’œil de sa place privilégié, déplace le regard, le délocalise, le rend errant. Il s’accroche dans les plis des robes dans les lignes fixes ou vibrantes comme l’eau qui frémit sous le poids des corps. Faute de centre, il créé des perspectives mobiles. Les corps sont traités comme des façades qu’il combine avec fruit ou vêtement. Comme si la matière inerte devait cacher le vivant et ses lignes harmonieuses : on plonge dans les mailles du filet du photographe. Le corps est disposé telle une sculpture qui fonctionne comme un repère clinique, décentré. Les cadrages radicaux du photographe ne cherchent pas à compenser la fébrilité des hauteurs et des largeurs : il inaugure un enchaînement rythmique qui engendre une succession de gestes et de silences (comme en musique) d’où un dispositif selon des règles combinatoires qui jouent sur les manques et montages : certains cadres viennent mordre des tirages situés en dessous. Les photographies de Benjamin Mouly correspondent davantage à des indices, loin d’un décalque mécanique.

Nathalie Gallon

EXPOSITION
De Concert de Benjamin Mouly
Du 6 mai au 20 juin 2015
Galerie des Fillles du Calvaire
17 rue des Filles-du-Calvaire
75003 Paris

http://www.fillesducalvaire.com
http://benjaminmouly.com

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