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Éditer Sweetheart Roller Skating Rink

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Lorsque Nancy McCrary, éditrice et rédactrice en chef de SXSE, m’a téléphoné un matin en disant que je devais recevoir un photographe immédiatement, je savais que cela en valait la peine. Bill Yates est arrivé chez moi cet après-midi-là avec un grand portfolio rouge, une boîte de tirages et une page d’épreuves roulée de 25 cm avec 160 images. Inutile de dire que j’étais intrigué.

Nous avons parlé pendant un moment, et puis Bill m’a raconté une virée en voiture qu’il a faite en 1972. Il était tombé sur le Sweetheart Roller Skating Rink près de Tampa, en Floride : il allait y passer ses week-ends à photographier pendant sept mois. Dès la minute où j’ai ouvert le portfolio, j’ai été stupéfait. Le travail et l’histoire étaient accomplis, les tirages en noir et blanc magnifiques, et les images possédaient une énergie viscérale qui m’a évoqué le roulement des patins sur le plancher de bois, fait sentir le pouls de la musique, respirer l’épaisse fumée de cigarette, et goûter le Schnapps.

Les vêtements, les cheveux et les hormones en folie – toutes ces composantes du document convaincant d’une époque plus innocente – en ont fait une histoire de mode, de passage à l’âge adulte, et de rébellion de la jeunesse. Le Sweetheart Roller Skating Rink était le Studio 54 de son temps et de son lieu – ces gamins étaient excités et ils étaient là pour s’amuser. Après avoir tranquillement étudié chaque image, j’ai dit à Bill, « Il y a de quoi faire un livre ». Et sept mois plus tard, j’ai été honoré quand il m’a demandé d’en être le rédacteur photo.

Au départ, Bill m’a donné de petits tirages de ses 200 photos préférées, les images qu’il estimait être le meilleur de son travail. En vrai rédacteur, cependant, je voulais voir tout ce qu’il avait photographié… au cas où il y aurait un trésor caché, ou des photos qui me parlent. J’espérais découvrir ces images qui n’ont de sens que quand on évalue un projet dans son ensemble.

Avec des tirages amoncelés sur ma table de salle à manger, un livre de planches-contacts et plus de 600 images sur mon ordinateur, j’ai commencé à comprendre l’énormité du projet. Le matin je descendais, je me faisais une tasse de café, je regardais les photos, j’en déplaçais quelques-unes, et puis je m’éloignais. Eliminer s’est avéré difficile. De plus, les sujets prenaient de la réalité pour moi… les mauvais garçons, les couples, les filles avec une brosse à cheveux dans une main et une cigarette dans l’autre… chacun constituait une histoire et il fallait raconter toutes ces histoires. Alors les coupes proprement dites ont commencé. 600 images sont devenues 500, 300 sont devenues 100, et nous avons eu notre premier choix.

Partager cette sélection avec Bill était stressant. J’étais sûre de mes choix : la séquence, les images d’ouverture, le flux, les groupements de deux ou plusieurs photos, et les images de conclusion… mais ces images étaient les siennes. C’est lui qui avait été là. Il connaissait ces jeunes. Il était crucial pour lui de sentir que le choix d’image honorait l’endroit et les gens qu’il avait photographiés.

Ce qui était également important pour moi, et notre graphiste Laurie Shock, c’était de transmettre l’idée de mouvement tout au long du livre. Il nous semblait juste de donner aux images un espace pour bouger afin d’être fidèle au travail de Bill et à notre expérience de patineur quand nous étions enfants. Nous ne voulions pas qu’une image sur la page de droite succède à une image sur la page de droite tout au long du livre. Au contraire, nous voulions que chaque image habite l’espace nécessaire pour raconter son histoire, qu’elle soit à petite échelle ou pleine page, occupant une page ou une double, seule ou groupée avec d’autres photographies. Chaque page devait représenter une décision visuelle prise spécialement pour cette image.

Et c’est ce qui est arrivé.

Tandis que nous faisions défiler les photos du ‘livre’ sur grand écran, Laurie et moi avons expliqué notre choix à Bill. Quand nous sommes arrivés à la dernière page, nous avons tourné la tête et avons vu Bill, les larmes aux yeux et avec un grand sourire. Il avait toujours vu les photographies comme des images seules, et a été soufflé quand il a vu comment elles pouvaient fonctionner ensemble. Il y avait des images dont il n’était pas sûr au départ, mais qui maintenant prenaient un sens pour lui dans le contexte des autres photos.

La plus grande partie du travail pour un rédacteur est d’avoir un œil objectif, critique, et de transmettre un vrai sens du récit. Il doit déterminer comment – et si – les images fonctionnent ensemble, et ce qu’elles ajoutent au récit – ensemble ou seules. Le but ultime est de faire les meilleurs choix possibles pour le livre, en tenant compte des choix sentimentaux du photographe dont il édite le travail – mais pas nécessairement en les acceptant tous. Ce sont des décisions qui exigent des discussions honnêtes. Le rédacteur et le photographe doivent aborder le projet avec une volonté de compromis et la capacité de présenter fermement leurs arguments. Ce qui était formidable quand j’ai travaillé avec Bill Yates, c’est qu’il était prêt à discuter d’un choix d’image, à justifier pourquoi il pensait que cette image était importante pour le livre, et en fin de compte à accepter que j’avais raison ! 🙂 (je blague, Bill !)

Travailler sur Sweetheart Roller Skating Rink a été un travail d’amour et un privilège. Remplis de vie, de jeunesse et de révolte impertinente, les jeunes de Sweetheart sont devenus réels pour moi, comme je sais qu’ils l’ont été pour Bill et sa famille qui ont vécu avec ces images toutes ces années. Quelle chance nous avons tous que Bill ait fait cette virée en voiture !

Barbara Griffin

Bill Yates, Sweetheart Roller Skating Rink
Publié par Fall Line Press
65 $

http://www.falllinepress.com/#/sweetheart-roller-skating-rink/

www.marystanleystudio.com

Reproduit avec la permission du magazine photo South x Southeast .

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