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Kristina Sisejeva, Parthenocissus

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Avec Parthenocissus, nous avons tout loisir de voir dans ce couple fille/nature, représenté par la photographe Kristina Siseveja, une image tendrement bucolique où une couronne de vigne vierge enlace le visage d’une jeune fille pour lui tresser une couronne de mariée. Libre à nous d’y trouver des références moins innocentes et souvent présentes dans l’iconographie de la peinture chrétienne : la couronne d’épines posée sur la tête du Christ avant crucifixion, ou encore l’extase des saints que des liens flagellent…

Pourquoi prêter à cette plante, parthenocissus ou vigne vierge, qui enchante nos jardins sauvages en escaladant nos murs éboulés, les recouvrant de son feuillage marbré de crème, à peine touché de rose, une telle connotation dramatique ? Mais notre innocente vigne vierge ne porte-t-elle pas des fruits noirs, toxiques, qui peuvent plonger dans le coma ceux qui cèdent à l’envie de les consommer !

La nature n’est donc pas qu’innocence et si j’ai choisi cette photographie parmi les très belles images que nous propose Kristina Sisejeva, c’est qu’elle illustre cette fonction propre à l’artiste : nous interroger sur la nature des choses, sur leur ambivalence, nous montrer que ce qui séduit est à lire avec plus d’attention qu’un simple plaisir rétinien, car la force d’une image, sa valeur, tient à ce qu’elle nous révèle en profondeur.

Choisir une seule image pour parler du travail de Kristina Sisejeva peut paraître sophistiqué, mais avec cette représentation particulière de l’union entre une jeune fille et la nature, j’ai voulu traduire la préoccupation essentielle de l’artiste. Ne nous dit-elle pas : « L’ensemble de mon travail photographique est un voyage visuel vers les origines du monde. Je suis à la recherche permanente de nos racines perdues. »

Chaque photographie de Sisejeva illustre cette quête et c’est en cela, dans la permanence du sujet, que le travail trouve sa force et son originalité.

Aujourd’hui, nous sommes constamment sollicités par des images, des plus terribles aux plus séduisantes, et bien souvent, pour se rincer de toutes les horreurs que les médias déversent sur nous, nous allons vers ce qui est plaisant et facile. L’art ne se chauffe pas de ce bois-là. Il exige de l’artiste qu’il mouille la chemise, qu’il creuse son sillon, Sisejeva est de cette trempe. Ne vous fiez pas qu’à la beauté de ses modèles, ils vous interrogent aussi, écoutez-les !

Hélène Jourdan-Gassin

Kristina Sisejeva, Parthenocissus
Exposition chez Lola Gassin
http://www.lolagassin.com/

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