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Joshua Mann Pailet’s Gallery for Fine Photography

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« A Gallery for Fine Photography », indique un signe en bois noyé dans l’architecture créole du Vieux Carré de La Nouvelle Orléans. 241 Chartres Street, à deux pas du Faubourg Marigny, architecture 1920. La galerie est normalement fermée le mercredi. Un sourire s’anime de l’autre côté des petits carreaux de la porte rouge et s’approche. C’est Joshua Mann Pailet, qui a ouvert la galerie ici en 1975, après ses études et à peine plus de deux ans d’une galerie à Houston.

Sa formation en économie n’a fait qu’attiser sa passion. Elle lui a laissé le temps pour pratiquer, et le savoir pour exercer : vendre sera pour Joshua Pailet le prétexte et le moyen financier d’explorer la photographie. « Vient un moment où vous devez choisir si vous souhaitez être un grand collectionneur ou un grand marchand d’art. J’ai pris le second », explique-t-il.  Ce n’est pas A Gallery comme la lettre A, mais elle abrite indubitablement une pièce maîtresse et bien plus de tout l’alphabet photographique.

On y trouve tous les paraphes mythiques, à commencer par HCB, dont le travail est exposé en ce moment aux côtés d’un photographe documentaire local, Richard Sexton. Les photographies de Henri Cartier-Bresson réunies ici sont les plus iconiques : celle du signe « Jesus is coming soon » ; le saut dans la flaque ; le petit garcon bien francais avec ses deux bouteilles sous le bras ; le petit garcon grec qui s’enfuit dans le dédale blanc des rues et marches de Sifnos ; et au moins quarante autres, dont quelques surprises.

Elles sont sobrement encadrées de bois noir. Celles de Sexton sont affichées au mur avec des aimants, larges tirages aussi vulnérables que les vieillissantes demeures qu’elles représentent.  On retrouve de Sexton des images plus petites, plus nombreuses, sous verre et imprimées dans un livre dans les locaux de la The Historic New Orleans Collection, galerie et éditeur sans but lucratif située à deux blocs de là. Aux facades des habitations créoles des années luxueuses s’ajoutent les intérieurs privés de la Nouvelle Orléans. L’ensemble définit le spectre de l’influence caraibéenne par tout ce qui se trouve entre l’élégance et la décadence.

Loin d’être réduite, l’exposition Henri Cartier-Bresson dans la galerie— pour la belle photographie — de Joshua Mann Pailet recouvre deux pans seulement de ce labyrinthe qui en accueille une trentaine. Tout espace vertical compris entre le sol et le plafond est utilisé, et cela inclut mur, cage d’escalier, bibliothèque, porte, cuisine, salle de bain, placard, tiroirs. Chez Joshua Pailet, les tiroirs s’ouvrent facilement : ce matin-là, il y a une pile de tirages des années 60 qu’il avait sorti la veille pour le seul plaisir d’une élégante curieuse.

La collection tourne régulièrement, aussi agréablement que coulent les mots de Joshua Pailet, avec son accent du Sud raffiné. Sa galerie déploie une mosaïque de genres et d’époques, et il aime la faire visiter toute entière. Ceux qui tombent bien sont emmenés derrière des portes secrètes, bibliothèques cachant des bibliothèques précieuses, photographies rares masquant des photographies encore plus rares : les premières pièces de la photographie, celles de Gustave Le Gray, Henry Fox Talbot et Julia Margaret Cameron.

L’escalier qui mène au premier étage déborde de Newton. En haut, c’est aussi un mélange de photographies anciennes et contemporaines, rares ou audacieuses : de longs panoramiques du XIXe siecle, l’Amérique d’Edward Curtis que Joshua Pailet aime tant, le bouleversant reportage de Sebastião Salgado au Kowait, et une image de Sandy Skoglund produite en 2013. Dans le cas de cette artiste, ce n’est pas un détail. Elle élabore et construit elle-même chaque élément d’une mise en scène au mille détails avant d’inviter des acteurs à y poser et d’en tirer la photographie à laquelle elle donné forme jour apres jour pendant parfois trois ans. Son projet à long terme est de photographier les quatre saisons. La musique à Vivaldi, la peinture à Arcimboldo, ce genre hybride entre la photographie, la performance et l’obsession aura Sandy Skoglund si elle ne s’arrête pas comme Boticelli au printemps.

Eadweard Muybridge, Jan Saudek — Joshua glisse qu’il a des origines tchèques —, Eugene Atget, Edward Steichen, Edward Weston, Man Ray, Jacques-Henri Lartigue, les trains de Winston Link, La Nouvelle Orléans de Clarence John Laughin. La liste à couper le souffle continue en haut du deuxieme escalier — en colimacon, celui-là, semblant défier toute tentation d’y accrocher une photo — et toujours plus à mesure que les espaces rapetissent : un portrait d’un couple de Péruviens nains par Irving Penn dans un étroit couloir ; deux tirages de Lewis Caroll, de son vrai nom Charles Doughtson, et l’anneau en or d’Alice, de son nom complet Alice Liddell ; un journal manuscrit explosif de Helmut Newton, constitué de textes et d’images personnelles édité par lui-même avant sa mort. « Il ne shootait que lorsqu’il était payé pour ça », commence à raconter Joshua Pailet. Un couple de touristes collent leur visage à la vitre. Il va leur ouvrir et les invite à faire comme chez eux.

A Gallery for Fine Art Photography
241 Chartres Street
Nouvelle Orléans, Louisiane 70130
Etats-Unis
Email [email protected]
Phone (504) 568-1313
Ouvert: de 10h30 à 17h30 du Lundi au Jeudi
http://www.agallery.com/pages/departments/joshuamannpailet.html

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