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Le Guilvinec, Festival L’Homme et la Mer

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Le Guilvinec. « Le Guil’ ». Ce nom résonne comme étant celui du premier port de pêche artisanale. Située dans le Finistère Sud, la ville accueille le Festival Photo L’Homme et la Mer. La sixième édition a ouvert début juin et accompagnera les estivants jusqu’à fin septembre.

Tous les ans, à la même époque, c’est une dizaine de reportages photographiques qui sont choisis par une équipe rassemblée autour de Michel Guirriec, directeur du festival, ancien professeur de philosophie et passionné de photographie, et des bénévoles, politiques et d’autres acteurs du pays bigouden. Loin du pittoresque et des imaginaires romantiques liés au voyage, ce festival à petit budget réussit à intégrer dans le paysage urbain des expositions dont les thématiques tournent autour de la relation de l’homme à la pêche, de ses conséquences et de ses enjeux, qu’ils soient socio-économiques, écologiques, humains, etc. C’est ce que dévoilent les sujets des différents photographes : Jean-Paul Mathelier, Jean-Marc Balsière, Pierre Torset, Teddy Seguin, Xavier Desmier.

Stéphane Lavoué y dévoile une série effectuée tout au long de l’année, présentant les acteurs de son nouveau terrain de jeu. Après le Royaume du Nord-Est, c’est cette fois le Sud-Ouest bigouden qui passe devant son objectif pour produire un reportage pictural, dans la continuité du projet de Mediapart, La France vue d’ici. Le choix éditorial a été quelque peu bousculé. Pour sortir des sentiers battus et ne pas représenter uniquement les aspects et à-côtés de la pêche, en tant que président d’honneur de cette édition, il a également proposé d’ouvrir la sélection à un aspect plus historique en suggérant le travail des enfants dans les conserveries aux Etats-Unis documenté par Lewis Hine en 1900, dénonçant les conditions de travail et d’exploitation de ces enfants.

Lors de son discours inaugural début juin, le directeur du festival décrit les activités des ports de pêche, avec tout ce que cela implique localement et au-delà, le fait d’être une porte ouverte sur le monde. M. Guirriec parle d’un « ici et ailleurs ». En effet la tentation de l’échappée poétique est forte – on irait volontiers lire Pierre Loti – mais ici, on est dans le concret, dans la réalité. « Suivre le poisson au gré des migrations de fortune en suivant le courant », poursuit-il. En évoquant des « ports pour des lendemains meilleurs », c’est le choix de présenter le travail d’Emin Özmen, photographe turc de l’agence Le Journal, qui décale des sujets habituellement choisis. Cette fois, la relation de l’homme au littoral ouvre les questions de l’immigration, et de ces portes maritimes qui permettent de « trouver un refuge à travers la tempête qui secoue un pays ». Les ports sont des points de départ. Avec Les Limbes, Emin Özmen en raconte l’arrivée. Celle des migrants qui atteignent le continent, après d’éprouvants trajets pour fuir leur pays, effondrés de fatigue mais le regard empli d’espoir en touchant la terre ferme.

L’implication des Guilvinistes dans le festival est forte. Certains des bénévoles prêtent les murs de leur maison sur lesquels ont été accrochés tirages et bâches. Le festival montre sa volonté de transmission et de partage en dédiant une salle – le OFF du festival – aux travaux d’écoliers et de collégiens qui se sont penchés toute l’année, dans le cadre d’ateliers, sur la pratique de la photographie.

Des sujets âpres comme les ravages de la pêche sur l’éco-système, l’extrême dureté des conditions de travail, choisies ou subies, ajoutent encore au mélange de modestie et de force de ce Festival de L’Homme et de la Mer, qui, notons-le, ouvrait au même moment que le festival de La Gacilly, de 200 km son voisin. S’impose ainsi un désir d’affirmer une identité forte, celle de la maritimité.

Léonor Matet

FESTIVAL
Le Festival Photo L’Homme et la Mer
Du 3 juin au 30 septembre 2016
Le Guilvinec
France

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