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Estelle Lagarde : Au Château / De Anima Lapidum

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Il est question de cheminements pluriels dans toute l’oeuvre d’Estelle Lagarde.

C’est de la rencontre avec une architecture, de l’appréhension d’une lumière et d’un certain écoulement du temps que naissent les narrations photographiques de l’artiste, échos à ses propres interpellations qui deviennent à leurs tours les nôtres.

Ses mises en scène photographiques questionnent l’apparence de nos existences pour mieux explorer nos vies intérieures. Elles sondent de manière onirique, parfois avec humour ou décalage, les enjeux, petits ou grands, de nos existences. La spécificité de chacun des théâtres de ses prises de vues correspondant à telle ou telle interrogation.

Chaque cadre ancien minutieusement choisi par l’artiste pour enserrer ses photographies introduit et conclut la scène qui nous est offerte, comme le rideau rouge dévoile et termine un spectacle.

Dans des espaces délabrés, traversés de présences à la fois humaines et fantomatiques, Estelle Lagarde joue entre comédie et réalité. Les lieux qu’elle capte sont réels, saisis dans leur état brut. Elle fait de cette réalité spatiale sa scène, qu’elle plonge dans une atmosphère onirique et inquiétante dont la seule issue positive est la lumière. Une lumière diffuse et diaphane, un clair-obscur qui laisse envisager une porte de sortie vers l’avenir…

 

Les personnages rencontrés par Estelle Lagarde dans “Au Château” semblent être les prisonniers consentants de ce lieu.

À l’écart des turpitudes du monde, ils ont connu une évolution qui est propre à chacun d’entre eux. L’humain se matine de végétal, d’animal, reste figé dans un âge, dans une condition, dans un rôle.

Un sentiment familier nous saisit. Les protagonistes nous sont habituels, issus de l’Histoire, de la littérature, du théâtre… Et pourtant quelque chose d’inédit se passe. Un décalage.

L’enfermement et l’isolement ont à la fois stoppé leur possibilité d’émancipation mais également opéré d’étranges mutations ou comportements.

Tout ce petit monde semble régi par des règles qui nous échappent. Ils glissent en silence, en chuchotements, en rires contenus. Prêts à disparaître, à se fondre dans les moulures en bois, dans les pierres, à emprunter des portes dérobées.

“Au Château” est un cabinet de curiosités vivant, autonome.

 

Les différents lieux investis par Estelle Lagarde lui permettent de diriger des scènes qui, ajoutées les unes aux autres, racontent une histoire. Avec « De Anima Lapidum » Estelle Lagarde se livre à la matérialisation d’une intériorité. En plaçant sa chambre photographique dans plusieurs édifices religieux, aux quatre coins de la France, elle met en images une réflexion sur les relations s’établissant entre l’humain et les architectures de ces monuments.

C’est aussi notre propre mystique qui est ici sondée à travers la mémoire, les souvenirs et l’Histoire qui imprègnent les murs de ces monuments sacrés, témoins et gardiens de secrets, de péchés et d’espérances.

De petites églises de campagne en majestueuses cathédrales, et jusqu’au Monastère Royal de Brou, Estelle Lagarde porte un regard singulier et inspiré sur ce que suscitent et déclenchent en nous ces architectures souvent millénaires.

En compagnie d’étranges personnages, elle nous offre un voyage entre contemplation, rêve et méditation.

Si «De Anima Lapidum» ne constitue pas une rupture dans le travail d’Estelle Lagarde – ce sont presque toujours des architectures qui lui inspirent ses mises en scènes photographiques – cette série est pourtant bien particulière.

Alors que les précédentes images s’attachaient à la présence humaine, à sa trace, dans des constructions sur le point d’être détruites ou réhabilitées, celles de «De Anima Lapidum» ont été pensées et réalisées pour et dans des lieux immuables, dont la destination est quasi éternelle : églises, cathédrales, monastères sont ici au cœur du questionnement de l’artiste. Ces monuments sont à la fois le déclencheur et le réceptacle de cette recherche.

Un jour, en pénétrant dans une église, Estelle Lagarde a eu la vision de cet homme à cheval. C’est en sondant cette vision qu’est né le désir de se confronter à ces lieux éminemment pérennes, témoins de l’Histoire avec un grand H, mais également de tant d’histoires humaines, intimes, singulières.

Ce sont ces strates temporelles et mémorielles que l’artiste examine et matérialise.

 

Estelle Lagarde  » Silences et Chuchotements » 

Photographies – du 25 Mars au 8 Mai 2021
Nouveau site internet http://lasculpture.eu/

Radial Art Contemporain
11b Quai de Turckheim
67000 Strasbourg – +33 6 61 14 53 26
www.radial-gallery.eu

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