Le titre du portefolio est surprenant : RugbyQueen.
Ces images sont d’une jeune photographe : Blandine Vives.
Elles sont accompagnées de ce texte :
Le premier club de rugby LGBTQA+ a vu le jour à Sydney en 2004, marquant ainsi une étape cruciale dans l’histoire du sport et de l’inclusion. Depuis sa création, l’une de ses caractéristiques distinctives a été son financement par le biais de spectacles de drag-queen. Lors des entraînements et matchs de rugby, rien ne différencie les joueurs d’un club hétéronormé d’un club LGBTQIA+. Ni les tenus, ni les équipements sportifs, ni les carrures souvent imposantes des rugbymen. Cette uniformité transcende les frontières de l’orientation sexuelle et met en lumière l’unité et la cohésion qui animent chaque équipe, indépendamment de son identité. Dans le cadre de mon travail photographique, j’ai cherché à capturer cette dimension singulière. Malgré les apparences physiques des rugbymen, malgré les stéréotypes de virilité associés à ce sport, il est impossible de distinguer, à première vue, les membres d’un club LGBTQIA+ des autres.
La particularité de ces clubs vient d’autre part. C’est dans leur rapport aux codes de la virilité en dehors du terrain qu’elle s’exprime.
Tous les clubs amateurs qu’ils soient gays ou non, cherchent toujours des moyens de financer leurs activités. La plupart du temps, les joueurs organisent des tombolas, des buvettes, ou publient des calendriers. Les clubs auxquels je m’intéresse ont fait le choix de se financer par des shows de drag-queen.
Ils reflètent une remise en question audacieuse des normes de genre et une célébration ouverte de la diversité. Ces clubs transcendent les cadres traditionnelles du sport et ouvrent un espace où les notions de virilité et d’identité de genre peuvent être explorées et célébrées de manière créative et inclusive.
Certains des joueurs que j’ai rencontrés ont déjà fait du rugby dans leur vie, certains s’y mettent pour la première fois. Ils s’y rendaient parfois par intérêt sportif, mais la plupart du temps, car ils sont à la recherche d’espace bienveillant au sein de la communauté. Le show drag-queen vient renforcer cette cohésion et ce sentiment de liberté.
Quand ils sont sur scène, le contraste est frappant : leurs larges épaules et leur carrure imposante témoignent de leur identité de rugbyman, tout en étant maquillé, vêtue d’une robe et se déplaçant maladroitement sur des talons. Cette dualité entre l’image traditionnelle de la virilité et les expressions non conventionnelles de l’identité de genre témoigne de de la manière dont les normes genrées peuvent être remises en question et réinterpréter.
Blandine Vives
https://blandinevives.myportfolio.com/