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Arnaud Faverjon, Larung Gar – Ensemble, réalisons le rêve Chinois

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Mars 2017, le comté de Sêrtar est fermé à tout étranger depuis presque un an. Situé au nord-ouest de la province Chinoise du Sichuan, il abrite l’un des plus grands instituts bouddhistes Tibétain du monde, Larung Gar. Des rumeurs circulent dès lors sur la situation sur place, parlant de probables persécutions de la population, et d’une disparition à court terme de la cité. J’ai alors décidé de m’y rendre coûte que coûte avant que les beaux jours du printemps ne laissent reprendre les travaux, afin de témoigner, et de garder une trace de ce lieu unique.

C’est une cité déchirée que j’ai découverte, où les craintes se faisaient ressentir à chaque pas, où les visages se tournaient derrière de grands bonnets, et où les contacts furent presque impossibles. Un véritable défi pour moi, essayant de toujours avoir l’Homme au cœur de mes projets. Mais c’est une cité en partie vidée et pétrifiée qui attendait là, où quelques bulldozers patientaient dans le froid, où les habitations condamnées étaient marquées d’un numéro et où quelques hôtels de luxe flambant neuf venaient contraster avec ces milliers de cabanes rouges. Une récente inscription gravée dans la montagne venait alors rappeller ce qui se tramait dans la cite, en invitant chacun à “ensemble, réaliser le rêve Chinois”.

Peu de temps après, l’accès à la cité a aussi été régulé pour les Chinois, et les travaux ont continué. Bon nombre d’habitations ont disparu, faisant place à d’immenses escaliers facilitant l’accès des touristes. Des milliers de moines et de nonnes ont dû quitter Larung Gar pour d’autres instituts moins sensibles, tandis qu’une petite fraction des 10000 pensionnaires s’est faite reloger dans quelques bâtiments modernes, le discours officiel invoquant des raisons sanitaires et de sécurité – notamment les risques d’incendies. Mais c’est surtout la disparition d’un centre Tibétain très influent, et ainsi l’appropriation d’un lieu sacré pour le transformer en carte postale, avec l’implantation de zones à selfies aux dépens de tout ce qui faisait vivre ce lieu unique.

 

www.arnaud-faverjon.fr

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