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Arles 2012: Bruno Serralongue

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Bruno Serralongue – ENSP 1993

Au terme de plusieurs décennies de guerre civile opposant l’armée nationale soudanaise aux rebelles du sud du pays aboutissant à la signature d’un accord de paix en 2005 et à l’enclenchement d’un processus d’indépendance supervisé par l’Organisation des Nations unies, le Sud-Soudan accéda officiellement à son indépendance le 9 juillet 2011. À cette occasion, trois jours de cérémonie furent organisés dans la nouvelle capitale, Juba (Djouba), en présence de plusieurs chefs d’États et de gouvernements.
L’une des raisons qui m’a amené à me rendre à Juba pourrait être, après tout, de ne pas ressentir la déception de Serge Daney lorsqu’il exprime, en 1994, sa tristesse « de ne pouvoir se rendre dans les nouveaux pays qui viennent de s’ouvrir : Oulan Bator, que sais-je… Je sais très bien ce que je ferais à Oulan Bator : rien, j’enverrais une carte postale… Mais ça m’aurait bien plu. En voyage, il y a l’idée d’être réduit à son propre corps. Il m’est arrivé d’avoir ce fantasme de partir sans bagages et de tout acheter dans un aéroport. Ne pas avoir sa maison avec soi et se dire : le monde est mon pays, les aéroports en sont les supermarchés ».
Il me semble que ces phrases ont joué un rôle dans l’élaboration de mon travail photographique. En tout cas, je ne les ai pas conservées par hasard tout ce temps. Il ne s’agit cependant pas pour moi de suivre le programme de Daney, ne rien faire, être là et envoyer une carte postale. Outre le rapport à la photographie, nous avons en commun la curiosité de voir un mouvement à son commencement. Un mouvement dont, en tant qu’individu, je suis totalement extérieur.
La place allouée à l’individu photographe « qui ne sert à rien » (n’étant ni citoyen de ce nouveau pays ni journaliste envoyé couvrir l’événement ni un officiel invité) constitue bien le point de départ de ma problématique, à Juba comme ailleurs. Les sujets des photographies sont autant ce qui est cadré que la distance éthique, politique et juridique prise (ou qu’on me laisse prendre) par rapport à cet événement.

Bruno Serralongue

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