Au cours des années 1990, le photographe américain Robert Farber a décidé de passer au peigne fin les photographies qu’il avait prises entre 1977 et 1984. Plutôt que de les retrouver telles qu’il s’en souvenait, Farber a plutôt rencontré des œuvres qui avaient pris – comme il l’appelle « une nouvelle vie » dépassant sa vision artistique originale. Les images, qui étaient restées dans des pochettes en plastique simple pendant des décennies, s’étaient «détériorées» par une réaction chimique,
Farber a laissé le processus se poursuivre et l’a surveillé pendant 30 ans. Il a finalement décidé de mettre fin au processus de détérioration en 2013 lorsque son exploration abstraite de taches de formes différentes et de changements de couleurs complexes a créé de nouvelles images saisissantes qui lui ont plu.
En acceptant ce que d’autres photographes considéreraient comme désastreux, Farber centre son travail comme une célébration intemporelle du pouvoir de la photographie. Les Deterioration Series sont à la fois une ode à la création européenne inventive de la photographie, une continuation du travail d’artistes américains célèbres du XXe siècle tels que Warhol, ainsi que sa propre acceptation de la nature toujours changeante du temps.
Ce processus chimique vieillissant a non seulement changé les images, mais les a entièrement réinventées, créant des œuvres dynamiques à la fois étonnamment nouvelles et inventives tout en étant profondément enracinées dans le
pratiques techniques de conception de la photographie. Elles ont abouti à des hommages presque fantasmatiques au temps, une force qui – aux côtés de Farber lui-même – a sans aucun doute laissé sa marque artistique sur ces photographies.
Marie Audier D’Alessandris
The Selects Gallery
