Par son utilisation singulière du photographique, mon travail questionne notre relation au visible. Au-delà du rapport dialectique qu’entretient la photographie avec les arts picturaux, il donne à voir la couleur comme sujet, et plus particulièrement les liens qu’elle tisse avec ses processus de mise en oeuvre. Toute trace de réalité est dématérialisée et rendue à l’état de couleurs organisées sur une surface. Depuis 2008, je concentre mon travail sur la prise de vue en utilisant l’appareil photo numérique comme un outil pour prélever et déposer de la couleur, sans retravailler les images. Ainsi, chaque photographie porte en elle les gestes qui l’ont produite et le propos qu’elle sous-tend.
Par l’utilisation de l’ombre, de la surexposition et du flou précis, la série Dégénérés est particulièrement représentative de cette démarche. Les objets photographiés n’existent plus pour leur fonction mais pour la lumière et les couleurs qu’ils diffusent. Il en résulte des silhouettes humaines difformes et colorée. Nature morte ou portait ? Une manière de questionner les genres.
Mon identité sociale indique que je suis français, né en 1973. Je vivrais et travaillerais à Paris.
Philippe Bernard
Portfolio week-end sélectionné par Diane Dufour
